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Urbanisation, mutations sociales et défaillances du lien filial

BRÈVES (1)

Hausse des loyers. Prix de l’immobilier.

Le 20 juillet le Quotidien du Peuple publiait un long article stigmatisant une hausse des loyers depuis 42 mois consécutifs, atteignant 4,1 % en juin, très au-dessus des taux d’inflation officiels. Quant aux prix de l’immobilier, ils étaient si élevés – près de 8000 $ le m2, près du 3e périphérique Est à Pékin -, qu’un achat dans les grands centres urbains de Pékin, Shanghai, Canton était devenu un luxe hors de portée.

Au point que les locataires, étudiants ou migrants sont contraints de s’entasser à 25 dans des appartements F3 de 80 m2, mal entretenus, le tout dans le contexte mal contrôlé du marché illégal de locations insalubres. La conclusion de l’article mettait en garde les pouvoirs publics contre les risques de conflits sociaux liés à cette situation.

Foires au mariage.

Chaque semaine les parents de jeunes chinois non mariés en quête d’un conjoint se retrouvent dans les parcs des grande villes de Chine, devenus des lieux de rencontres par procuration pour d’éventuels futurs époux. Certains parents y tiennent même des stands permanents où ils exposent les informations sur leur progéniture, notamment l’âge, la taille, le poids, le niveau d’études, le salaire, les biens immobiliers, la situation au regard du Hukou et la présence ou non des parents dans l’appartement.

La presse a amplement relaté une foire d’un type spécial organisée à Jinan le 6 juin dernier où parmi les 1300 jeunes filles prétendant épouser un riche chinois, toutes présentées en groupe à des hommes anonymes cherchant une épouse, seulement 50 avaient été sélectionnées sans avoir jamais vu leur éventuel futur époux en tête à tête. Le processus de sélection comprenait, outre les habituels critères de beauté et d’éducation, des tests psychologiques et de santé.

Après les premières éliminations les candidates retenues devaient accepter de passer un séjour sur une île avec un des prétendants. Les dépenses de tout ce processus où on cherche à limiter au maximum les effets du hasard et à s’épargner la peine et le temps d’une approche sociale et amoureuse classique, sont prises en charge par un club spécialement dédié à la recherche d’épouses pour Chinois fortunés.

Trafics d’êtres humains.

Le 19 juillet à Hangzhou la police des frontières a arrêté 6 hommes membres de deux gangs mafieux impliqués dans le trafic de 180 personnes venant du sud-est asiatique et enrôlés clandestinement dans des ateliers locaux. Les immigrants illégaux seront rapatriés dans leur pays d’origine. Il s’agit là de la très superficielle surface d’une réalité très dérangeante que le pouvoir chinois connaît bien, mais dont la presse chinoise ne fait état que par bribes.

En réalité la Chine est à la fois la source, le lieu de transit et la destination d’un vaste trafic d’hommes, de femmes et d’enfants soumis au travail forcé et à la prostitution. Les organisations internationales de surveillance des trafics d’êtres humains estiment que chaque année 600 000 travailleurs chinois émigrent à l’étranger, attirés par des fausses promesses, puis soumis au travail illégal et à la prostitution forcée.

Les migrations sont organisées par des mafias internationales liées à des gangs chinois. La majorité des migrants illégaux sont des hommes âgés de 17 à 25 ans, mais le ministère de la sécurité public chinois constate que le nombre de femmes s’accroit, de même qu’augmente le nombre d’enfants kidnappés. Selon les comptes-rendus des médias chinois 20 000 enfants chinois disparaissent annuellement pour être mis dans les lucratifs circuits d’adoption.

Les causes des trafics sont multiples, en partie liées au manque de coordination des contrôles, à la corruption et à beaucoup de laxisme des autorités locales, mais l’urbanisation qui réduit les opportunités de travail dans les zones reculées les aggrave.

Le ministère de la sécurité publique constate que la demande pour des filles de 16 à 20 ans travaillant dans le secteur des loisirs est en hausse rapide. Tandis que le déficit de femmes accélère les trafics vers la Chine, venant de la Birmanie, du Laos, de la Mongolie, de la Russie, de la Corée du Nord, de la Roumanie et du Zimbabwe.

En juin 2013 la Chine et la Russie ont réagi à un rapport du Département d’Etat qui les ciblaient, avec l’Ouzbékistan comme l’origine principale des trafics, expliquant que ces pays ne faisaient pas d’efforts significatifs pour prévenir les trafics et sanctionner leurs auteurs » (Lire Trafficking in Persons Report 2013).

Depuis 2010, l’Etat chinois s’est mobilisé pour contrer ce fléau, avec une meilleure coordination interne, la création de numéro de téléphone d’alerte, l’augmentation des contrôles, l’alourdissement des peines, la coopération avec les organismes internationaux de lutte contre les trafics, dont Interpol, la création de foyers d’accueil avec formations professionnelles adaptées.

De gros efforts sont également entrepris pour la prévention par des campagnes nationales sur les grands médias et la télévision d’Etat. Lors de la 12e ANP, au printemps 2013, le gouvernement a adopté un plan (2013 – 2020) de lutte contre les trafics. Mais la tâche est immense.


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