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Vers une grave crise inflationniste ?

Du fait de la faible productivité du monde rural, encore cloisonné et handicapé par les dysfonctionnements du marché et la multiplication des intermédiaires, la hausse des coûts de production pourrait être particulièrement sensible dans le secteur agricole. Ce dernier subit les effets cumulés de la hausse des intrants (engrais, matières premières importées, machines agricoles), du rétrécissement des terres cultivables, des politiques publiques d’aide à la paysannerie, et de l’exode rural, à quoi s’ajoutent les pressions dues à la spéculation sur les produits alimentaires.
A côté de ces facteurs, il faut aussi, et peut-être surtout, mentionner 1) les effets collatéraux de l’accrochage du RMB au Dollar - avec cependant de faibles variations - , qui oblige la Banque Centrale à intervenir sans cesse pour corriger le taux de change en créant de la monnaie, et 2) la politique monétaire toujours très expansionniste, en dépit des nombreuses déclarations de contrôle du crédit faites par le gouvernement au cours du deuxième semestre 2010.

Plus encore, l’analyse met en évidence que, du fait même du schéma de la croissance chinoise, - articulée autour des investissements publics et des exportations -, auquel le pouvoir ne semble pas prêt à renoncer - essentiellement pour des raisons politiques -, les mesures de contrôle de la masse monétaire s’avèrent en partie inefficaces.

S’il est probable que les pouvoir publics parviendront à court terme à corriger l’inflation ou ses effets par une série de mesures vigoureuses qui vont de l’amélioration des circuits de distribution des produits agricoles, au contrôle des prix, assorti de subventions aux plus défavorisés, en passant par l’encadrement des prix intermédiaires (transporteurs et grossistes), en revanche il est un fait qu’ils peinent à resserrer la politique monétaire.

En un an, la Banque de Chine a relevé 7 fois le taux de réserve obligatoire des banques sans parvenir à resserrer le crédit au niveau des quotas maximum autorisés, qui, selon certains experts avaient été dépassés de près de 20% dès le 3e trimestre. « Au total, malgré le resserrement monétaire amorcé début 2010, le rythme du crédit n’aurait donc pas été ralenti par rapport à 2009, qui était pourtant une année record ». Au point qu’un nouveau mécanisme de calcul des réserves obligatoires a été mis en place, permettant de pénaliser plus directement les banques accordant des crédits au-delà des quotas.

L’encadrement de la masse monétaire par les quotas et le relèvement du taux de réserve n’a cependant pas été accompagné, comme on aurait pu s’y attendre, par la hausse du coût du crédit. Des mesures timides dans ce sens ne sont en effet intervenues qu’en octobre et décembre 2010. L’analyse explique cette incohérence par le besoin urgent de refinancer les structures mises en place à l’occasion du plan de relance, aujourd’hui encore criblées de créances non recouvrables, du fait de l’avalanche de crédits accordés de manière désordonnée par certains cadres locaux (lire à ce sujet).

La conclusion renvoie aux blocages politiques dont le premier effet est de pérenniser les errements en cours, à la fois parce que le schéma de développement de la Chine est difficile à faire évoluer, tant il est ancré dans de lourdes habitudes locales où s’enchevêtrent d’importants intérêts catégoriels qu’une politique plus rigoureuse du crédit heurterait de plein fouet, et parce que l’approche de la succession de 2012, qui s’accompagne de rivalités de clans et de factions, ne favorise pas le consensus des élites chinoises.


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