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›› Politique intérieure

Voiture en feu sous le portrait de Mao. 5 morts 38 blessés

BRÈVES.

Agressions contre le personnel médical

Selon Xinhua en 2012 27,3% des médecins ont été agressés sur leur lieu de travail. La proportion est en hausse de près de 7% par rapport à 2008. Le 25 octobre, à l’hôpital de Wenling dans le Zhejiang, un malade mécontent des résultats d’une opération de la cloison nasale a poignardé trois médecins avant d’être maîtrisé par les gardes de sécurité. Un des médecins agressés est décédé. Le malade a été appréhendé par la police. Il explique qu’il souffrait de fréquents maux de tête et de troubles respiratoires, mais que les docteurs ne voulaient pas l’écouter, répétant que l’opération avait été un succès.

Selon l’association des hôpitaux chinois, les principales causes des incidents sont les problèmes de communication entre patients et médecins, le coût des traitements, les malades mécontents et la pression qui pèse sur les épaules des médecins débordés par une clientèle pléthorique, mais sommés de réduire les coûts. L’origine des problèmes est double : l’insuffisance de médecins par ailleurs sous payés et, en dépit des efforts financiers consentis en 2009, le faible budget de la santé en Chine, une carence sans cesse dénoncé par Chen Zhu le ministre de la santé.

Lire notre article Santé publique : Chen Zhu dénonce les blocages.

Selon une enquête de l’association des professions médicales datant de 2011, 95% des médecins interrogés se plaignaient de revenus insuffisants et 78% ne voudraient pas que leurs enfants suivent leur exemple. La charge de travail associée à quoi s’ajoute une faible rémunération sont les principales raisons du désamour qui frappe la profession. Selon un rapport de la Banque Mondiale pour 1000 habitants, il y a une moyenne de 1,5 médecins en Contre 3,33 en France.

Le 27 août le Global Times consacrait un article à la question à partir du cas devenu célèbre du Docteur Yu Ying, une femme médecin qui, le 8 juin dernier, avait posté sur weibo son intention de quitter son travail au prestigieux Beijing Union Medical College Hospital établi en 1921 par la Fondation Rockefeller et associé à l’Académie des Sciences Sociales, 北京协和医院 (Beijing Xiehe Yiyuan) « Je suis lasse de travailler dans un hôpital public. Après mon départ j’ouvrirai peut-être une clinique privée où je m’appliquerai à reconstruire la confiance avec mes patients ». Son exemple commence à faire tâche d’huile explique le Global Times, citant des médecins de Pékin, Shanghai et Canton ayant quité leur travail dans un hôpital public.

Yu explique que dans son poste aux urgences elle travaillait avec 10 collègues pour traiter 400 patients par jour. « Nous avons construit des méga hôpitaux dans les villes et les patients qui ne font pas confiance aux hôpitaux ruraux et aux médecins de campagne, n’hésitent pas à faire des centaines, parfois des milliers de km pour consulter. Du coup les hôpitaux urbains sont surchargés ce qui provoque de graves tensions ».

Chen Zhu connaît ce talon d’Achille et tente d’y remédier, mais il manque de ressources. En 2012 il a néanmoins mis en route une remise à niveau des hôpitaux et des centres de soins publics dans les 2800 districts, espérant ainsi alléger la surcharge des hôpitaux des grands centres urbains.

Aujourd’hui, selon le dernier rapport de la Banque Mondiale, China – 2030 (p. 97), les investissements chinois dans la santé sont globalement – publics et privés confondus - 6 fois inférieurs à ceux des pays de l’OCDE, tandis que moins du tiers des investissements du secteur sont le fait des pouvoirs publics.

Le ministre milite pour qu’en 2015, les contributions publiques s’élèvent à 33% et que la part supportée par les patients soit ramenée à 30% (contre plus de 70% actuellement). Depuis 2005 des progrès ont déjà été accomplis puisque la contribution publique annuelle par patient est passée de 60 à 200 RMB. Dans ce schéma, les investissements de santé – public et privé confondus – passeraient de 277 Mds de $ en 2011 à 590 Mds de $ en 2016.

Rapport du Centre de recherche du Conseil des Affaires d’État

Derrière le rapport du Centre de Recherche du Conseil des Affaires d’Etat récemment publié il y a la main d’un des proches du Premier Ministre, Liu He titulaire d’un master d’économie de la Kennedy School à Harvard, aujourd’hui n°2 de la Commission pour la Recherche et développement. Liu He fut un des rédacteurs du rapport « China 2030 » co-rédigé avec la Banque Mondiale qui a inspiré les recommandations faites au pouvoir.

Ces dernières peuvent être considérées comme les professions de foi des réformistes qui tentent par cette publication d’affirmer leur influence en amont du 3e Plenum. Parmi elles on trouve quelques propositions qui avaient été faites par le rapport de la Banque Mondiale.

1) Réformer les taux d’intérêt et desserrer les contrôles sur les dépôts des particuliers ;
2) Autoriser des banques privées afin de créer une émulation dans le secteur financier ;
3) Mettre en place un mécanisme de défaut pour les banques en même temps qu’un système d’assurance destiné à protéger les dépôts des particuliers ;
4) Se mettre en mesure de desserrer le contrôle des changes d’ici 5 ans et envisager la convertibilité complète du Yuan d’ici 10 ans ;
5) Augmenter le nombre de gouvernements locaux autorisés à émettre des obligations garanties pour mettre fin aux spéculations foncières et aux financements par des officines illégales ;
6) D’ici deux ans généraliser la mesure autorisant les exploitants agricoles à hypothéquer les terres pour contracter des emprunts ;
7) Libéraliser le marché foncier d’ici 2020 ;
8) Généraliser la taxe foncière ;
9) Ouvrir le rail, l’énergie électrique et les pipelines à la concurrence ;
10) Améliorer la transparence des entreprises publiques et établir un organisme de gestions des actifs publics copiés sur celui de Singapour.

Plusieurs de ces propositions qui visent à accélérer le rythme des réformes heurtent de plein fouet les prébendes enkystées dans les banques publiques, les groupes d’État et les prérogatives foncières des gouvernements locaux. On peut s’attendre à de sévères résistances de la part de la SASAC (Commission pour supervision des actifs de l’état), directement visée par les propositions. La Commission pour la Réforme et Développement, autre bastion conservateur sera peut-être plus souple grâce à la présence de Liu He au poste de n°2.

Il n’est pas anodin de signaler que Liu He est un proche de longue date du président Xi Jinping qu’il a connu dans les années 60 au Lycée 101 de Pékin. Mais en Chine comme ailleurs en Europe, en France ou aux États-Unis, les décisions prises lors du Plenum combineront le nécessaire du long terme avec le possible du présent et du court terme.

L’appel de Bo Xilai rejeté.

Le 25 octobre, la Haute Cour du Shandong a rejeté l’appel contre le jugement qui avait condamné Bo Xilai à perpétuité. Si l’ancien n°1 de Chongqing est écarté des luttes de pouvoir, les controverses autour de son action ne sont pas closes, loin de là. Pour au moins 2 raisons. Son image trouble véhicule encore les espoirs d’une partie de la « nouvelle gauche » proto-maoïste, populiste et anti constitutionnelle, allergique au droit occidental, devenue un des pôles de ralliement des conservateurs ;

Mais le passage de Bo Xilai à Chongqing n’a pas fait que soulever l’enthousiasme populaire. Il existe encore toute une cohorte de condamnés illégalement, sans preuves, d’avocats emprisonnés et torturés durant la campagne de lutte contre les mafias où plus de 3000 personnes avaient été incarcérés, tandis que l’ancien chef de la police et 12 autres chefs de gangs avaient été condamnés à mort et exécutés.

De cette tourmente en marge du droit, émergent aujourd’hui tous ceux qui réclament des compensations pour avoir été mis en prison sans preuves, parfois torturés et leurs biens confisqués. Dans le même temps des juristes à Pékin pointent du doigt le mauvais exemple de Chongqing ayant fait tâche d’huile dans d’autres provinces et réclament la mise sur pied de commissions indépendantes chargées d’enquêter sur les dérapages de la police et de la justice.

Dans ce contexte Na Jiang professeur de droit à l’Université Normale de Pékin, cité par un Stanley Lubman dans le China Real Report du WSJ, dénonce l’usage de la torture dans les locaux de la police pour extorquer des aveux. Huang Shiyuan de l’université du Shandong a, quant à lui, établi une liste nationale de 26 erreurs judiciaires heureusement corrigées par la Cour Suprême ou des juridictions provinciales.

Enfin, l’avocat Chen Youxi très connus dans les milieux qui militent pour une justice moderne et indépendante insiste pour que le système judiciaire tire les leçons des dérapages de Chongqing à l’échelon national. « Si les tragédies de Chongqing ne donnent pas lieu à de sérieuses remises question, elles se reproduiront ailleurs ».


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