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›› Politique intérieure

Zhou Yonkgang, maître sans éthique de la répression est tombé

Message de la propagande du régime diffusé sur Weibo pour faire l’éloge de la constitution et promouvoir sa diffusion.

Lutte contre les pratiques mafieuses et les féodalités.

Le 24 juillet dernier, le magazine Caixin faisait le point de la campagne menée par Wang Qishan avec une détermination qui ne semble pas faiblir.

Après avoir remarqué que le site de la Commission de discipline était très visité à la fois par les curieux et les inquiets dont le nombre a récemment atteint 2 millions par jour, l’auteur indique que depuis le début de la campagne en décembre 2012, 33 hauts responsables du gouvernement et des groupes publics à quoi s’ajoute une très longue liste de cadres moyens ont été mis en examen, exclus du Parti et incarcérés par des procédures conduites en dehors du système judiciaire chinois.

Effectuant une manœuvre d’encerclement autour des réseaux de Zhou Yongkang au Sichuan et à CNPC, qui ciblait également les retranchements conservateurs du Régime tels que les Commissions de la réforme et développement et de contrôle des actifs de l’État, ainsi que les grands groupes publics, dont le n°1 chinois du pétrole est l’archétype, le nettoyage a commencé le 2 décembre 2012 par Li Chuncheng, le n°2 à Chengdu, moins d’un mois après que ce dernier ait été élu membre suppléant du 18e Comité Central.

…au Sichuan…

Cette première salve dirigée contre l’un des anciens cœurs du pouvoir de Zhou fut suivie de beaucoup d’autres au Sichuan avec notamment l’arrestation de Li Chongxi président de la Commission Consultative du Peuple Chinois de la province que tout le monde croyait intouchable.

Le coup de balai frappa aussi Mao Zhigang, président de la Banque de Chengdu, Wang Junlin l’une des plus grosses fortunes de Chine, président du groupe Langjiu fabricant de liqueurs, Zhang Jun patron d’une société de construction, Guo Yongxian ancien vice-gouverneur du Sichuan, Sun Jiancheng, Directeur du Bureau de contrôle qualité de Chengdu et Liu Han PDG de Hanlong, ami du fils de Zhou, plus tard condamné à mort pour meurtres.

…contre CNPC…

Simultanément la Commission de discipline visait CNPC où naissait un fort sentiment d’angoisse et de désarroi avec les mises en accusation de Wu Mei directeur de la stratégie, Wei Zhigang et Zhang Benquan respectivement responsables des opérations en Indonésie et en Iran et d’au moins cinq membres anciens ou en exercice de la haute direction du groupe dont Wang Yongchun, ancien président de Petrochina enregistré à la bourse de New-York, Wen Qingshan, directeur financier, Li Hualin et Bo Qiliang, deux anciens PDG adjoints, Ran Xinquan ancien n°2 de Petrochina et Directeur des opérations des champs pétrolifères de Changqing et Wang Daofu, ingénieur géologue, Directeur des opérations d’exploration.

L’apogée des attaques contre CNPC fut atteinte 9 mois après le début des hostilités avec l’arrestation de Jiang Jiemin, membre du Comité Central devenu le tout dernier n°1 de la SASAC (Commission de contrôle des actifs de l’État, l’un des fiefs de la mouvance conservatrice) après avoir été le PDG du groupe. Cette attaque venait un mois après l’arrestation de Liu Tienan, ancien n°2 de la Commission de réforme et développement.

…et l’APL.

Mais la bourrasque prit aussi en écharpe l’Armée Populaire. Grâce à un proche de Xi Jinping, le général Liu Yuan, commissaire politique du département de logistique, fils très nationaliste et très belliqueux de Liu Shaoqi, auteur de discours très cyniques sur la guerre, anti occidental et ennemi déclaré des « valeurs universelles » du Droit, l’armée chinoise fut soumise à l’une des plus grandes opérations de nettoyage de son histoire récente avec les arrestations pour corruption, népotisme et abus de pouvoir du Général Gu Junshan, ancien n°2 du département logistique de la CMC, démis de ses fonctions en 2012 et du Général Xu Caihou, ancien Commissaire politique de l’APL, arrêté le 15 mars 2014 à l’hôpital où il était soigné pour un cancer. Lire notre article Coup de balai à la tête de l’APL.

Le Parti et les contradictions de « l’État de Droit »

Pour Madame Cai Xia chercheur à l’École Central du Parti, l’une des plus virulentes avocates, mais très minoritaire dans l’appareil, du respect de la constitution et de la prévalence du Droit, le choc créé à l’intérieur et à l’extérieur du Parti par la campagne anti-corrution est sans précédent. Il véhicule un effet de dissuasion inédit dans la machine politique du régime : « Il est évident qu’aujourd’hui ceux qui pourraient se risquer à enfreindre la discipline du Parti sont très rares ». Mais en même temps, le Dr. Cai fait partie d’une mouvance politique réformatrice qui rappelle l’exigence constitutionnelle et les impératifs d’indépendance judiciaire et de transparence dont l’actuelle campagne s’affranchit totalement.

Madame Cai n’est pas la seule sur ce front. A l’été 2013 le Parti était animé par des joutes intellectuelles qui mettaient en avant l’impératif du Droit. Parmi eux Jiang Ping, juriste, ancien président de l’Université des sciences politiques et du droit à Pékin, ancien membre du Comité Permanent de l’ANP et Zhang Qianfan, Docteur en Sciences politiques, Directeur du Centre d’études parlementaires et professeur de droit à l’Université de Pékin.

Le 22 août 2013 ce dernier mettait en ligne un article remarqué sur le très populaire et très influent site China.com.cn. Intitulé « Respect de la constitution et longévité politique- 宪法实施与长期执政 - » le raisonnement en faveur du Droit accusait ses détracteurs de réduire la Loi fondamentale à un slogan politique vide de sens destiné à manipuler le peuple.

Wang Qishan lui-même n’est pas dupe puisque dans une de ses interventions, il remarquait que l’actuelle campagne visait d’abord à « gagner du temps en traitant les symptômes ». Il ajoutait : « nous devons avoir conscience de la complexité de la question et de la nécessité d’un action dans la durée dont le but est de construire un gouvernement honnête et débarrassé de la corruption ». Et, sans apporter plus de précision, « à cet effet nous devrons mettre au point une thérapie pour traiter les problèmes de fond ».

Alors que cette réflexion touche entre autres à la contradiction d’une quête d’indépendance du système judiciaire qui heurte de plein fouet le dogme du « rôle dirigeant du Parti », peu disposé à remettre en jeu son pouvoir, on laissera le mot de la fin à un éditorial de l’Asahi Shimbun, paru le 31 juillet.

Intitulé « La campagne anti-corruption de Xi Jinping a abandonné en chemin l’État de Droit », l’article énonce dans sa conclusion que tout le système chinois qui se considère infaillible est en réalité basé sur l’hypothèse que le Parti est au-dessus de la justice. Il ajoute que s’il est exact que l’élimination de la corruption est un objectif politique louable, la campagne touche à ses limites dès lors que le but dérive vers la consolidation du monopole politique du Parti.


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