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›› Lectures et opinions

Un vent de réforme souffle sur les campagnes chinoises

La Chine triomphante, celle du taïkonaute et des taux de croissance à deux chiffres est assise sur un volcan. Et chaque année de l’ère des réformes économiques cette situation est plus inconfortable. Ce caillou dans la chaussure de la Chine lancée à la conquête du XXIe siècle, c’est son agriculture. Les paysans chinois qui avaient été à l’avant-garde du tournant libéral dans les années 80 accumulent désormais les retards. Le gouvernement est visiblement peu pressé de se coltiner ce dossier plombé. Il a longtemps repoussé son rendez-vous avec les paysans, tout en gardant un oeil sur la marmite du monde rural et ses 800 millions d’habitants.

L’inquiétude est justifiée. Depuis le milieu des années 90, les campagnes sont en proie à des montées de fièvre chroniques, les ingrédients de cette détresse paysanne sont bien connus : creusement des inégalités avec les citadins, matraquage fiscal, défaillance des investissements... La déprime des agriculteurs se traduit aujourd’hui par un recul de la production céréalière. Cette tendance n’a d’ailleurs pas manqué de faire ressurgir le spectre de la dépendance alimentaire, un fantasme récurrent dans un pays qui doit nourrir plus d’un milliard de bouches.

Dans les ministères pékinois, l’impérieuse nécessité de faire quelque chose s’était donc imposée, il ne manquait plus qu’une pichenette pour mettre en branle la réforme agraire : l’adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce. Bien sûr, la route est encore longue avant que les premières mesures libérales n’affectent les activités du paysan du Henan. En revanche, l’événement et son impact psychologique sont une aubaine pour faire passer la pilule amère de la réforme. C’est donc sur le thème de la grande compétition mondiale que le gouvernement s’attèle à ce qui pourrait être son plus gros chantier : la restructuration du secteur primaire.

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Avec un budget consolidé (+20% en 2004), le ministère de l’agriculture s’attaque cette année à la réforme du système des prix garantis dont la disparition est, semble-t-il, programmée. Depuis le mois de mai, dans 13 provinces céréalières, les agriculteurs touchent des aides directes à la production. Dix milliards de yuan doivent ainsi être distribués sous forme de subventions, c’est une première en Chine. Par ailleurs, d’autres provinces chinoises ont lancé des consultations sur ces nouvelles incitations financières, notamment pour en déterminer les critères d’attribution.

Ce dispositif d’aide s’inspire clairement des pratiques occidentales comme en atteste le foisonnement d’études sur les mesures européennes et américaines produites par les instituts de recherche du gouvernement. Les « subventions directes », si ces premières expériences sont concluantes, pourraient donc, à terme, remplacer les « subventions indirectes », c’est à dire les achats de céréales par les organismes publics, un système aujourd’hui accusé de tous les maux. Le gouvernement se doterait ainsi d’un nouvel instrument de politique rurale pour stimuler la production, contrôler la qualité des récoltes et soutenir le niveau de vie des ruraux, trois objectifs prioritaires pour l’Etat chinois. Avant même de parvenir à ce résultat idéal, il faudra résoudre des problèmes de taille et d’abord celui du budget car les subventions coutent chères.

Rien, aujourd’hui, ne permet de prévoir les conséquences d’une réforme en profondeur de l’économie agricole en Chine. Les premiers effets de la décollectivisation - migrations massives, sous emploi agricole - laissent présager leur ampleur. Le coût social d’une réorganisation structurelle de l’agriculture a sans doute fait réfléchir le gouvernement. Cependant, au regard des réformes chinoises cela ne devrait pas freiner le mouvement engagé aujourd’hui. Les dirigeants du Parti Communiste Chinois n’ont pas reculé quand il a fallu licencier les dizaines de millions de salariés des entreprises publiques.

 

 

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