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Hong-Kong, bilan et perspectives

La Chine s’apprête à célébrer en grande pompe le 10e anniversaire du retour de Hong Kong sous son contrôle. Les célébrations ont déjà commencé à Pékin où se trouve actuellement le gouverneur Donald Tsang nommé par la Chine en 2005 après la démission de Tung Chee Hwa et reconduit en 2007.

Le 29 juin Donald Tsang retournera à Hong Kong accompagné du Président Hu Jintao qui présidera les cérémonies d’anniversaire du 1er juillet. Le pouvoir chinois met l’accent sur la réussite de la formule « un pays deux systèmes » espérant que ce succès parviendra, dit-on à Pékin, à convaincre Taiwan de sa viabilité.

Il est vrai que la plupart des prévisions très noires des Cassandre ne se sont pas réalisées. Après la crise économique de 1997 et celle du SRAS en 2003, la vitalité et le sérieux de la place financière, combinés à la croissance chinoise, dont Hong Kong - devenue la référence financière et boursière des investisseurs de la Grande Terre - profite à plein, ont permis un impressionnant rebond en 2004.

La croissance au 1er trimestre 2007 a été de 5,6% , après les 6,9% de 2006. Les exportations de HK (dont 48% vont vers la Chine et 13% vers les Etats-Unis) ont continué à croître de plus de 14 % en 2006 et de plus de 8% au 1er trimestre 2007, dans un contexte général où la confiance est revenue et où le taux d’inflation reste faible.

La prospérité ne va pas sans inquiétudes. Les plus prudents notent que Hong Kong dépend de plus en plus de la Chine pour ses exportations et pour sa logistique (ce qui pose la question de la sécurité alimentaire), tandis que la pompe aspirante chinoise attire les délocalisations qui font plâner les risques de chômage, sur fond d’augmentaion des inégalités et de gonflement du nombre des bas salaires. A l’inverse la capacité d’attraction du système social et de santé crée une immigration difficile à contrôler et dont l’ampleur provoque parfois des tensions.

L’heure est cependant aux congratulations qui rappellent que Pékin et Hong Kong ont réussi le pari du retour de la colonie britannique sans heurts majeurs et écarté le spectre d’une crise politique. Le retour de la confiance depuis 2005 succède à une période noire, marquée par la crise économique de 1997, élément déclencheur d’une grave crise politique, à laquelle le pouvoir de Pékin, d’abord désarçonné, à mis fin en 2005.

Initialement considéré comme un homme sûr, Tung Chee Hwa, l’ancien gouverneur, a été pris à contre-pied par l’ampleur de la crise immobilière, dans laquelle une partie des hommes d’affaires avaient perdu plus de la moitié de leurs avoirs. Sa popularité, en forte baisse, a également été mise à mal par la volonté de Pékin - peut-être inquiet des conséquences politiques de la crise - d’introduire au plus vite dans la Loi fondamentale un article (Art 23) très controversé, comportant des paragraphes « anti-subversion » limitant les libertés, le tout accompagné de mesures très impopulaires supprimant certaines émissions de radio à forte audience.

La tâche de Tung Chee Hwa a encore été compliquée par le refus de Pékin de mettre en oeuvre l’article 45 de la loi fondamentale qui prévoyait l’élection au suffrage universel du gouverneur pour 2007 et du conseil législatif pour 2008.

La crise s’est cristallisée à deux reprises le 1er juillet 2003, et dans une moindre mesure une année plus tard (1er juillet 2004) lorsque l’ensemble des symptômes dont souffrait l’ancienne colonie britannique (crise économique, crise du SRAS et crise de confiance politique) on jeté dans la rue plus de 500.000 personnes en 2003 et au moins la moitié en 2004.

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Ces événements, que beaucoup d’observateurs interprétèrent à tort comme un désaveu fondamental du pouvoir central chinois, a servi de leçon à Pékin qui déploya dans la région administrative spéciale de nombreux enquêteurs dont la mission fut de « prendre le pouls » de l’opinion publique afin d’ajuster sa politique.

Le processus aboutit à la démission de Tung Chee Hwa et à la nomination de Donald Tsang en 2005. Celui-ci a été reconduit au terme normal du mandat initial de l’ancien gouverneur en 2007. La manoeuvre qui plaçait en première ligne non pas un homme d’affaires suspecté d’être inféodé au PC chinois, mais un ancien fonctionnaire de l’administration coloniale britannique était habile. Elle n’est cependant pas la panacée.

S’il est vrai que les Hong Kongais se reconnaissent comme Chinois (seulement 13% des Hong Kongais affirment vouloir développer une identité séparée de la Chine), ils sont déterminés à ne pas laisser Pékin empiéter sur les libertés que leur confère la loi fondamentale et le principe « d’un pays deux systèmes ».

A l’exception notable des hommes d’affaires, dont beaucoup préfèrent avoir à faire à un gouvernement fort et prévisible plutôt qu’à une équipe élue, trop dépendante des pulsions de l’opinion, le principe de l’élection au suffrage universel du Conseil Legislatif et du gouverneur à plus ou moins long terme, symbolise pour beaucoup de Hong Kongais la maturité d’un développement accompli.

Dans ce contexte Donald Tsang, désigné par un Collège électoral en partie nommé par Pékin, souffre d’un incontestable déficit de légitimité. L’avenir politique de Hong Kong dépend en partie de sa capacité à surmonter ce handicap, qui se double des réticences de Pékin à mettre en œuvre un véritable système démocratique. En avril 2006, en effet, le comité permament de l’ANP rejeta catégoriquement la perspective d’élections au suffrage universel en 2007 et 2008.

Telles sont les limites, fort étroites, au sein desquelles Donald Tsang, appelé à concilier les contraires, devra naviguer. La tâche est difficile ; elle n’est pas impossible. Elle renvoie en tous cas aux défis de la formule « un pays deux systèmes », que Pékin a jusqu’à présent réussi à mettre en œuvre sans trop de casse. Quant au volet économique, clé de la stabilité sociale et politique, Hong Kong devra, pour sortir durablement des turbulences, encore s’appliquer à mener à son terme la transition vers une véritable économie de services.

 

 

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