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›› Taiwan

Velléités de référendum à Taiwan : « Chaud devant »

Washington augmente ses pressions contre Taiwan pour tenter de faire avorter le projet de référendum sur l’entrée de l’Ile à l’ONU en mars 2008. Tout en réaffirmant la détermination des Etats-Unis de défendre Taiwan contre une agression chinoise, l’amiral Keating commandant en chef des forces américaines dans le Pacifique, a indiqué que l’initiative de Taipei et les discours qui l’entouraient compliquaient la situation dans le Détroit. Les mêmes remarques ont été adressées à Frank Hsieh, candidat du parti indépendantiste (DPP) aux prochaines présidentielles en 2008, actuellement en voyage aux Etats-Unis. Washington, qui note un durcissement des Taiwanais sur plusieurs questions très sensibles pour le Parti Communiste Chinois - entrée à l’ONU et changement de nom de l’Île - s’inquiète de possibles tensions entre Taipei et Pékin.

Toutes ces mises en garde viennent après un rappel à l’ordre de Condoleezza Rice le 13 avril dernier qui sommait Taipei de ne pas « perturber le statu-quo dans le Détroit par une initiative inconsidérée lors de l’année des JO ».Washington est d’autant plus inquiet que, cette fois, le DPP, au pouvoir dans l’Ile depuis 2000, a, sur ce projet très controversé, reçu l’appui du KMT.

Ma Ying Jeou, le candidat du parti fondé par Tchang Kai-Chek sait bien qu’une majorité de Taiwanais appuierait toutes les actions pour tenter de réintégrer les Nations Unies. Pour ne pas être en reste, il propose lui aussi un retour à l’ONU « sous un nom adapté et en privilégiant la souplesse ». La formulation ambigüe trahit l’embarras du KMT qui veut rester dans la course des surenchères de politique intérieure sans pour autant gêner le développement des relations avec la Chine. Les chances pour que l’ONU accède à la requête taiwanaise sont nulles. La Chine opposera son véto ; l’UE qui veut éviter les tensions a déjà marqué son désaccord ; les Etats-Unis s’abstiendront ; même le Japon n’a pas appuyé la démarche.

Il reste que si le référendum avait lieu et que les résultats - comme c’est probable - étaient nettement en faveur du retour de l’Ile à l’ONU, le sentiment identitaire des Taiwanais en serait renforcé, tandis que Pékin pourrait considérer qu’il s’agit là d’une étape significative vers la rupture unilatérale du statu-quo, passible d’une réaction militaire en vertu de l’article 8 de la loi chinoise anti-sécession, promulguée en 2005.

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On peut donc s’attendre à ce que Washington, qui accuse Chen Shui-Bian de ne pas respecter la promesse des « quatre non » faite en 2000 (pas de déclaration d’indépendance, pas de modification du nom de l’Ile qui doit rester « République de Chine », pas de modification de la constitution rehaussant les relations dans le Détroit au niveau de relation d’Etats, pas de référendum sur la réunification ou sur l’indépendance), utilise tous les moyens pour tuer dans l’oeuf le projet (pressions politiques et commerciales, menaces d’arrêt des livraisons d’armes, « boycott » des hommes politiques du DPP etc.). En même temps les Etats-Unis s’efforceront d’évaluer les intentions chinoises et tenteront de persuader Pékin des conséquences catastrophiques pour la Chine d’une réaction trop brutale à une initiative dont la portée réelle sera en tout état de cause limitée, compte tenu de l’opposition de la très grande majorité des membres de l’ONU. Mais les conseils de modération américains ne passeront pas facilement la rampe dans le contexte de surenchère nationaliste qui entoure le 17e Congrès.

On se plaît souvent à minimiser les risques de conflit dans le Détroit de Taiwan en mettant en avant la richesse des relations commerciales entre Taiwan et la Grande Terre (100 milliards de dollars d’investissement taiwanais cumulés et plus d’un million de Taiwanais installés en Chine). Ces analyses mesurées qui veulent croire à la vertu apaisante des affaires occultent l’aspect émotionnel de la situation. Sur l’Ile ce dernier s’exprime de plus en plus par le sentiment populaire que la distance entre la « Grande Terre » et Taiwan s’élargit, tandis qu’à Pékin le nationalisme chinois et le Parti entretiennent l’obsession d’une réunification inéluctable y compris par la force, ultime étape du retour de la Chine à ses frontières historiques.

 

 

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