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›› Politique intérieure

A 170 jours des JO, les feux de la rampe sont allumés et le Parti en ordre de bataille

Steven Spielberg a donc décidé de tirer l’échelle. Critiquant Pékin pour sa politique au Darfour, il renonce à son mandat de conseiller artistique pour la cérémonie d’ouverture des JO, laissant Zhang Yimou le plus connu des metteurs en scène chinois, seul maître à bord. La renommée mondiale de Spielberg a exarcerbé les blessures d’amour-propre des Chinois et attisé les réactions de fierté et de solidarité de la majeure partie des internautes et de la presse qui, sur un mode très nationaliste, a dénoncé l’amalgame entre les JO et la politique. C’est contre les Etats-Unis, où depuis déjà plusieurs mois des sénateurs et des artistes d’Hollywood réclament bruyamment le boycott des JO, que sont dirigées les plus violentes critiques. D’autant que deux nouvelles affaires d’espionnage, impliquant cinq Chinois et un Américain, accusés d’avoir livré à la Chine des secrets sur des technologies aéronautiques et sur les ventes d’armes américaines à Taiwan, assombrit encore les relations bilatérales.

Même si Pékin a levé son véto aux Nations Unies, permettant l’envoi d’une force internationale au Darfour, on continue à lui reprocher ses liens trop étroits avec le régime de Khartoum qu’elle alimente en armes et en munitions, tout en lui achetant 40% de sa production de pétrole. Au-delà des réactions de fierté blessée qui condamnent la politique des Etats-Unis en Irak, lui déniant le droit de donner des leçons, la Chine est inquiète des menées d’une série d’ONG (dont entre autres Human Rights Watch, Reporters Sans Frontières), de parlementaires américains et européens et d’artistes du show business qui la placent sur la sellette avant les JO, alors qu’elle envisage d’en faire l’éclatante vitrine des succès du régime.

On sait à Pékin que les accusations se multiplieront d’ici les JO, d’autant que la campagne présidentielle aux Etats-Unis est une chambre d’écho des frustrations américaines anti-chinoises, notamment sur les questions du Darfour, du Tibet et des droits de l’homme et que les ONG rivaliseront d’ingéniosité pour faire passer leurs messages. Mais, avec l’appui du CIO qui reste solidaire de Pékin et dément avoir fait pression pour un meilleur respect des droits de l’homme, on espère parvenir à désamorcer les poussées de fièvre en se tenant au discours stéréotypé que les jeux sont une fête à laquelle il est inconvenant de mêler la politique.

Les plus grandes inquiétudes concernent cependant les jeux eux-mêmes, où de toute évidence le pouvoir craint des incidents. C’est la raison pour laquelle il multiplie les dispositifs de surveillance et de sécurité, envisageant de bloquer une bonne partie de la circulation dans la capitale, dont l’accès sera fermé aux Chinois non autorisés. En même temps, recourant aux vieilles méthodes éprouvées d’auto-surveillance, il chapeaute les chauffeurs de taxis, sommés de s’espionner les uns les autres et priés de ne pas engager la conversation avec les étrangers sur les questions politiques.

Preuve s’il en est que le pouvoir, inquiet, prend l’affaire au sérieux : Xi Jinping lui-même, le mieux placé des candidats à la succession de Hu Jintao, a reçu la lourde responsabilité de veiller, par dessus l’épaule de Liu Qi, le secrétaire général du Parti de Pékin, à la coordination des services de sécurité et au désamorçage des attaques anti-chinoises, venant de l’intérieur et de l’extérieur, le tout accompagné d’une mise au point du Quotidien du Peuple, dont le ton crispé rappelle les vieilles habitudes de fermeture du pays : « ceux qui veulent utiliser les JO pour discréditer la Chine et qui pensent qu’ils seront le vecteur des changements qu’ils espèrent, seront déçus et leurs efforts seront vains ». On n’est pas loin de la méthode Coué.

 

 

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