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›› Editorial

La Chine va mal

Un mois après la tragédie du Sichuan - près de 100 000 tués ou disparus, plus de 350 000 blessés, 12 millions de déplacés, plusieurs villes totalement détruites, 20 milliards d’euros de pertes - la Chine, encore sous le choc, n’est plus la cible des critiques de l’Occident.

A Pékin, on espère que les JO se dérouleront sans incident majeur, mais l’atmosphère reste tendue et crispée. Les accès de la ville sont encombrés par de longues files de camions arrêtés par des équipes de la police armée populaire vêtues de gilets pare balles et casquées, armées de fusils de d’assaut, fouillant les véhicules à la recherche de « terroristes du Tibet ou du Xinjiang ». Les migrants sont peu à peu repoussés vers l’extérieur, tandis que des cohortes de supplétifs des forces de sécurité sont recrutées au sein d’unités spécialement créées pour les Jeux et logées dans des baraquements de fortune construits à la hâte.

Mais à l’évidence si le pouvoir exhorte le pays à réussir des JO exemplaires, il s’interroge sur les tensions qui surgiront après la période anesthésiée des Jeux, noyée sous les maquillages de la propagande.

La Chine en effet ne va pas bien : l’inflation ne faiblit pas ; elle crée même des risques de pénuries graves dans le secteur de l’énergie. L’augmentation des prix du charbon (33 % depuis le début de l’année) grève les budgets des 5 grandes sociétés productrices d’électricité qui affichent des pertes de 500 millions de dollars depuis janvier. Début Juin plus de 40 turbines étaient arrêtées dans le pays, résultat combiné de tensions sur l’approvisionnement en charbon et du refus des opérateurs de travailler à perte, dans un contexte où le gouvernement hésite à répercuter la hausse des prix de l’énergie pour ne pas alimenter l’inflation. Mais les stocks de charbon dans lesquels on puise pour stabiliser les prix ne dépassent pas une semaine.

La distribution d’essence est victime des mêmes tensions et, en province, les stations services ferment. D’autres secteurs sont également touchés : l’immobilier est en berne et la bourse de Shanghai a dégringolé de plus de 50%, résultat des mauvais chiffres de l’inflation, tandis que la hausse des prix des céréales fait planer le spectre d’une crise alimentaire. Enfin, les profits des industries ont en moyenne baissé de 17% par rapport à l’année dernière. Une situation qui, dans les industries à forte intensité de main d’œuvre, n’est pas sans conséquence sur l’emploi.

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A ces tensions économiques s’ajoutent les remous politiques sous jacents nourris par les ratés de la question tibétaine (Zhang Boshu, un chercheur de l’Académie des sciences sociales - le plus puissant think tank du régime -, a fait circuler un pamphlet accessible sur Internet dénonçant vertement les erreurs du Parti dans la gestion de la crise). Enfin, le régime est aujourd’hui confronté à un risque politique majeur alimenté par la rancœur des parents désespérés qui accusent les fonctionnaires corrompus d’avoir laissé construire des écoles au rabais, dont les décombres de béton frelaté ont enseveli leurs enfants.

Après les efforts de transparence pour rendre compte du séisme et de ses conséquences immédiates, les médias sont à nouveau sous contrôle. La question des écoles est devenue taboue et les policiers s’appliquent à éloigner les journalistes et les caméras des réunions de parents organisées autour des autels de fortune érigés sur les gravats, en dépit de l’interdiction officielle. Le potentiel d’explosion de cette situation est pris au sérieux par le Parti qui a mis en place des cellules au sein des camps de réfugiés.

Tous ces thèmes - secours aux sinistrés et aux déplacés du Sichuan, reconstruction, restructuration et relance de l’économie, contrôle de l’inflation et des risques financiers, lutte contre la corruption, stabilité sociale et politique -, ont été abordés le 13 juin lors d’une réunion extraordinaire du Bureau Politique et des gouverneurs de province, dans une ambiance de crise destinée, selon les termes même employés par le président Hu Jintao, à « faire face à une série extraordinaire de nouveaux et très sévères défis ». L’accent a été mis en particulier sur la corruption des cadres dont la persistance nourrit des rancoeurs toujours plus acerbes contre le régime.

 

 

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