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›› Economie

La Chine et la crise économique mondiale

Assez peu connecté à l’international, le système financier chinois résiste en apparence assez bien aux tumultes qui secouent la planète financière. Le marché opère selon un schéma presque autarcique contrôlé par l’Etat, où les banques agissent de manière indépendante. Déjà peu ouvertes à l’international, il est également rare que ces dernières, qui sont surtout des organismes pourvoyeurs de crédits d’Etat, parfois contre toute logique économique, se prêtent de l’argent entre elles.

Dans ce contexte, la Chine est protégée des contagions directes de la crise, surtout si elles viennent de l’extérieur. Quant aux risques intérieurs, ils existent mais le matelas financier de l’Etat chinois est suffisamment épais pour laisser quelque marge de manœuvre.

En ces temps de désordres provoqués par les dérapages du capitalisme financier, les autorités de Pékin, adossées à un système encore très dirigiste, protégé des abus des montages financiers illisibles et douteux, peuvent donc afficher une certaine sérénité. Ce qui ne veut pas dire que la situation de l’économie mondiale ne les préoccupe pas.

Les vrais soucis du Bureau Politique.

En réalité leurs soucis sont ailleurs. Les premières inquiétudes sont anciennes et concernent la mauvaise gestion des établissements bancaires qui fait peser un risque latent sur le système financier intérieur. Il est en effet de notoriété publique que malgré les efforts d’assainissement de ces dernières années, la gestion des banques chinoises reste dangereusement opaque, obérée par de lourdes dettes non recouvrables générées par le mélange entre la politique et les affaires et une corruption rampante.

Les autres craintes, aujourd’hui plus pressantes, concernent les effets probables de la crise mondiale sur l’économie chinoise. Il est aujourd’hui avéré que les effets conjugués des efforts des autorités pour ralentir l’économie et les conséquences de la crise mondiale, induisant l’atonie des marchés et la baisse des excédents commerciaux, auront un effet sur la croissance chinoise.

Déjà plusieurs experts internationaux prévoient que cette dernière pourrait chuter à 8% en 2009. Selon les critères occidentaux une croissance de 8% serait une aubaine pour la plupart des pays développés. Mais pour la Chine, qui doit faire face à une croissance démographique encore supérieure à 10 pour mille (soit 13 millions de nouvelles bouches à nourrir, éduquer, soigner et caser dans le marché de l’emploi chaque année) et dont la stabilité sociale dépend d’une croissance forte, une hausse du PIB réduite à 8% laisse peu de marge de manœuvre et devient problématique.

Les inquiétudes des dirigeants chinois sont aujourd’hui perceptibles dans leur nouveau souci d’y voir clair dans leurs propres statistiques, tant il est vrai que par les temps qui courent il deviendra de plus en plus crucial de savoir où on en est réellement.

Récemment le nouveau directeur du Bureau National des Statistiques, Ma Jiantang demandait à ses équipes de « résister à la tendance à manipuler les données » et leur enjoignait de « garantir l’exactitude des chiffres et de travailler avec plus professionnalisme ».

L’agence Xinhua, rappelle à cette occasion que la clé du problème des statistiques chinoises réside dans l’habitude des dirigeants locaux de maquiller les chiffres pour faire bonne impression sur leur hiérarchie.

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Prudence face à la crise mondiale.

Enfin, après avoir exprimé sa solidarité aux responsables américains, le système chinois vient de marquer sa prudence exprimée dans un éditorial du Quotidien du Peuple. Ce dernier prenait clairement ses distances par rapport aux premières déclarations de Pékin : « le plan de sauvetage américain ne jouera qu’un rôle temporaire et ne pourra pas résoudre fondamentalement les problèmes du système financier international ».

L’article ajoutait que le plan américain serait de surcroît créateur d’inflation, handicapant par là même les économies émergentes comme la Chine qui auraient à lutter simultanément contre les effets d’une crise systémique mondiale et contre l’aggravation de la hausse des prix. Peu après, le pouvoir démentait les déclarations envisageant que la Chine, assise sur 1800 milliards de réserves de change, pourrait jouer un rôle pour stopper la dégringolade des finances internationales.

Tout se passe donc comme si Pékin se préparait à des temps plus durs, où la croissance affaiblie ne pourrait plus jouer le rôle de liant social et politique. Si les effets de la crise frappaient la Chine, celle-ci devrait d’abord savoir clairement où elle en est et se protéger elle-même avant d’aider les autres.

Il s’agirait en effet de garder suffisamment de ressources et de marge de manœuvre pour accélérer la mise en œuvre des plans sociaux à peine ébauchés, poursuivre la réforme du service de santé et du système éducatif, doper la demande intérieure qui devra pallier la chute des exportations et garantir la solidité du Yuan contre les spéculateurs.

 

 

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