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›› Chine - monde

Quand les moteurs du développement se grippent

L’usine du monde souffre de la crise mondiale. Les produits chinois se vendent moins bien et les exportations chutent. En novembre et pour la première fois depuis 1999, le chiffre des ventes à l’étranger a baissé en valeur absolue (- 2%) par rapport à l’année précédente. Un chiffre alarmant quand on sait que depuis plus de 15 ans le volume des exportations augmente régulièrement d’une croissance à deux chiffres. Octobre avait encore vu une augmentation de près de 20% des exportations chinoises. Simultanément les investissements directs étrangers (IDE), l’autre moteur de la croissance, ont également reculé de plus de 35% en novembre.

Du coup les prévisions alarmistes sur le niveau de l’emploi, gage de stabilité sociale que le gouvernement surveille comme l’huile sur le feu, et sur « un atterrissage brutal » de l’économie fusent de toutes part. Dans le sud de la Chine des milliers d’usines ont fermé. Des grands groupes chinois ou étrangers révisent leurs commandes à la baisse ou les annulent. Dans les grands centres urbains, où le chômage est au moins trois fois plus élevé que ne le disent les chiffres officiels, on assiste à un flux de retour vers les campagnes des travailleurs migrants. La vieille hantise de l’équilibre population - ressources resurgit, exprimée par Hu Jintao lui-même qui multiplie les mises en garde : « la Chine est placée sous tension de sa forte démographie, de ses ressources limitées et des graves problèmes d’environnement. Il est urgent d’accélérer les réformes de notre schéma de croissance ».

Un constat qui pourrait être étendu à la situation mondiale, tant il est vrai que la rupture des fragiles équilibres chinois, mis à mal en par une croissance débridée, d’insondables gabegies et l’incapacité à remettre en cause les anciens schémas de développement, pourrait bien préfigurer l’état futur de la planète, elle aussi écrasée par sa démographie, le gaspillage des ressources et la pollution.

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Mais à quelque chose malheur est bon. La secousse a au moins le mérite de réveiller les esprits et de pousser aux remises en cause. Des secteurs entiers de l’économie menacés par la crise, dont les produits sont de faible qualité, depuis longtemps aux prises avec de fortes tensions dues aux concurrences sauvages, doivent se restructurer. C’est le cas de l’automobile où tout le monde - étrangers comme Chinois - débauche et révise ses stratégies. Des dizaines de petits constructeurs disparaîtront. Les plus solides tentent, en cassant les prix, d’investir les marchés africains, le Moyen Orient, l’Europe de l’est ou l’Amérique du sud. Rien ne dit qu’ils réussiront à s’imposer sur ces marchés également affaiblis. Les mêmes assainissements sont à l’œuvre dans le secteur de l’acier, de l’alimentation, des produits pharmaceutiques.

Le secteur de l’énergie, contrôlé et subventionné, est lui aussi à la veille de bouleversements avec la libération progressive des prix du charbon et la mise en place probable d’une taxe aux carburants, le rattrapage des prix chinois peu a peu alignés sur les prix du marché mondial - un ajustement rendu plus facile grâce à la baisse des prix du brut -. Autant de mesures qui donneront de meilleures marges de manœuvre aux opérateurs jusque là étranglés par le contrôle des prix.

C’est dans ce contexte incertain, mais favorable aux opérateurs chinois du pétrole, que la Chine, poussée par sa forte demande, continue d’explorer et d’investir les ressources pétrolières de la planète. Après l’Afrique (Angola, Soudan, Nigeria, Congo, Tchad, Gabon, Syrie, Algérie, Egypte), le Moyen Orient (Arabie, Iran, Yemen, Oman), l’Asie (Asie Centrale, Myanmar) c’est le tour de l’Amérique Latine. Déjà présentes au Venezuela et au Pérou, les sociétés chinoises avancent leurs pions au Brésil, dans la foulée du voyage présidentiel de novembre 2008 : 10 milliards de dollars ont été mis sur la table pour développer les gisements sous-marins au large de Rio.

Un activisme tous azimuts, homothétique des grands axes de la diplomatie chinoise, pour une quête toujours plus inquiète d’énergie et de matières premières indispensables pour sa croissance aujourd’hui menacée.

 

 

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