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Démographie mondiale et perspectives chinoises

Le 3 mai, l’ONU publiait sa mise à jour de l’état et des prévisions de la population mondiale. Rien de bien neuf depuis 2008, sinon une accélération de la croissance démographique de la planète puisque le chiffre de 7 milliards sera atteint à l’automne 2011 au lieu du printemps 2012, ce qui conduit certains experts à penser - avec cependant beaucoup d’incertitudes et des scénarii très divergents - que le monde pourrait compter 10 milliards d’individus en 2100 (les projections de l’ONU présentent 3 hypothèses qui vont de 6 milliards à 14 milliards, avec un scénario moyen à 9 milliards).

Mais pour les générations qui viennent et l’appréciation de la vitalité des groupes humains, de leur influence et des problèmes qui s’annoncent, il est plus intéressant de s’arrêter aux prévisions par continent.

D’ici 2050, date où les scénarii extrêmes seront encore dans une fourchette suffisamment cohérente pour que les comparaisons aient un sens, la population russe aura diminué de 25 millions, celle de l’Afrique subsaharienne, qui, quelles que soient les hypothèses, bénéficie de la croissance démographique la plus rapide, sera environ trois fois plus importante que celle de l’Europe (la population du Nigéria explosera de 150 millions aujourd’hui, à 420 millions en 2050). En régression de près de 100 millions depuis 2000, la population européenne représentera moins de 7% de la population mondiale. Dans le même temps les Etats-Unis auront gagné 100 millions d’habitants.

Avec 1,8 milliards d’habitants, l’Afrique sera devenue le 2e pôle démographique du monde, mais loin dernière l’Asie qui restera sans conteste la plus peuplée avec 5,2 milliards d’habitants. D’ici 2050, l’Inde aura gagé 450 millions d’habitants, tandis que la Chine aura commencé sa décroissance démographique et en aura perdu 50 millions.
Les chiffres publiés par les NU coïncident avec ceux du dernier recensement chinois qui affiche une population de 1,34 milliard en augmentation de 70 millions depuis 2000.

Les statistiques montrent clairement le ralentissement de la croissance démographique, puisqu’entre 1990 et 2000 elle avait été de 11,7% et qu’elle n’est plus que de 5,9%. Elles montrent aussi l’urbanisation accélérée du pays avec aujourd’hui un taux de citadins de 49,7% contre 36,1% en 2000 - avec cependant une méthode de comptage différente, prenant cette fois en compte les migrants -.

Elles révèlent aussi les premiers signes d’un vieillissement qui ne fera que s’accélérer avec une proportion des moins de 15 ans tombée à 6,29% contre 16,6% en 2000, tandis que celle des plus de 60 ans a augmenté de 3% pour atteindre aujourd’hui 13,26%. Ce qui place cependant encore la Chine dans la catégorie des « pays jeunes » (en France les plus de 60% sont aujourd’hui 22%).

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Sans surprise, la publication des résultats du recensement a relancé le débat sur la politique de l’enfant unique dont les plus ardents détracteurs ont redonné de la voix : « La chine est déjà engagée à pleine vitesse sur la pente de la décroissance démographique et du vieillissement et on continue d’appuyer sur la pédale d’accélérateur. Ca n’a aucun sens », expliquait Wang Feng du département des politiques publiques de l’université Qinghua.
(Voir notre article).

Mais le pouvoir, qui a cependant déjà beaucoup amendé la loi sur l’enfant unique, hésite toujours à l’abroger. Le 27 avril dernier, le Président Hu Jintao déclarait que « la Chine continuerait à maintenir et à améliorer sa politique de faible natalité », ce qui laisse à penser que rien ne changera au fond. De nombreux chercheurs pointent cependant du doigt la faiblesse des systèmes de retraite et des filets sociaux, dans un contexte où la charge des vieux parents devient trop lourde pour les enfants uniques.

Enfin, en ces temps d’inquiétudes économiques mondiales, les analyses chinoises commencent à étudier l’impact de la modification de la structure démographique de la Chine sur le schéma de développement du pays. Dans ce contexte, Ba Shusong chef économiste au Centre de Recherche pour le développement attaché au gouvernement, explique que « la main d’œuvre bon marché et pléthorique allait diminuer » et que « la fenêtre d’opportunité des dividendes démographiques se fermerait bientôt ».

Il ajoutait que « la convergence des conséquences de l’effritement de la main d’œuvre bon marché et du vieillissement de la population entraînant une augmentation rapide du nombre des retraités dépendant de leur famille et des filets sociaux, constituera un énorme défi (...). L’augmentation des salaires provoquera une hausse des coûts de production et une baisse systémique de la croissance ».

Pour éviter que les troubles sociaux ne fassent tâche d’huile le pouvoir a, en 2010, déjà augmenté de près de 11% le salaire moyen dans les campagnes - soit 4% de plus que les augmentations consenties pour les zones urbaines -. Ces hausses concernent une partie des 250 millions de paysans travaillant hors du secteur rural, dont 153 millions sont des migrants vivant, pour la plupart sans leur famille, loin de leur région d’origine.

 

 

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