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›› Economie

L’économie dans tous ses états

Par des exemples choisis, l’article revient sur les restructurations industrielles, devenues, avec l’inflation, une des priorités majeures du gouvernement, dont le but est d’améliorer rentabilité et qualité. Cette exigence était encore confirmée le 30 mai par le Premier Ministre, à l’occasion d’une adresse au congrès annuel de l’association pour les Sciences et les Techniques, qui plaidait pour encourager l’innovation et la création d’un environnement académique et de recherche plus ouvert.

L’analyse signale aussi les querelles commerciales qui agitent les relations de la Chine avec les Etats-Unis et l’Europe. Cette dernière s’étant récemment crispée pour protester contre les subventions chinoises et les distorsions du marché.

Elle donne enfin un coup de projecteur sur la Banque Chinoise de Développement et le CIC, fonds souverain chinois, forces de frappe à la fois efficaces et prudentes des investissements chinois dans le monde, toujours orientés vers les marchés émergents, les ressources en énergie, les mines et les entreprises en difficultés.

1. Restructurations industrielles.

• Industrie lourde

A la fin avril, la Commission Nationale pour la Réforme et Développement (CNRD) a publié une liste détaillée de plus de cent pages des industries encouragées à se réformer ou qui allaient tomber sous le coup de restrictions, voire qui seraient fermées à terme. Sont visées les raffineries d’une capacité de moins de 40 000 barils/jour, les centrales à charbon de moins de 100 MW, les mines de charbon à la production inférieure de 30 000 Tonnes/an, les mines de métaux rares (tungstène, molybdène, antimoine, étain, terres rares).

Dans le même temps, la CNRD encourage l’exploration des mines d’uranium et le développement des techniques du nucléaire civil, dont la priorité est confirmée, en dépit de l’accident de Fukushima. Les normes de sécurité on été révisées et sont en cours de standardisation, tandis que le plan de développement prévoit que la capacité du nucléaire civil serait multipliée par 6 d’ici 2020. 14 centrales sont en fonctionnement, 26 sont en construction et 28 en cours de planification.

Il est intéressant de noter que l’élan du nucléaire civil se développe alors que l’un des plus éminents physiciens chinois, He Zuoxiu, l’un des pères de la bombe atomique, membre de l’Académie des Sciences Sociales, met sévèrement en garde contre l’accélération du programme, qu’il compare à « un nouveau bond en avant », pouvant mener au désastre. « Je ne crois pas que nous soyons réellement prêts pour cette précipitation irréfléchie. En réalité nous avons de sérieuses lacunes, notamment en matière de sécurité ».

• Acier

La restructuration du secteur de l’acier vient de faire une victime avec le limogeage du patron de Sinosteel Huang Tianwen 56 ans, accusé de mauvaise gestion et responsable des pertes du groupe, après le rachat du groupe australien AMC pour 1,4 Mds de $.

En 2009, l’entrée du groupe à la bourse de Hong Kong avait déjà été bloquée par la SASAC chargée du contrôle des actifs de l’Etat, suite à une perte de 614 M de $ après un échange d’actifs avec un autre groupe. Sinosteel a, du coup, perdu son statut de pôle de fusionnement.

Le secteur, responsable d’une surproduction d’acier de qualité moyenne, équivalant aux 2/3 de la production européenne, est encombré de petites entités non viables, et traversé par de lourdes corruptions, essentiellement liées aux limites imposées par le gouvernement au droit d’importation du minerai de fer. Sa restructuration est compliquée par les imbrications avec l’administration des provinces et le pouvoir central.

En 2010 la production a atteint le chiffre record de 626,7 millions de tonnes, (8 fois la production des Etats-Unis et 44% de la production mondiale) dont près de la moitié sont produits par les 10 plus grandes aciéries de Chine. Une bonne partie de l’acier est encore produit par des usines polluantes et énergétiquement peu performantes. Les aciéries déjà fermées représentent une capacité de production de 179 millions de tonnes d’acier de mauvaise qualité.

Depuis 2008, tout le secteur est en crise avec d’importantes baisses de profits. Le 12e Plan prévoit d’augmenter la valeur ajoutée grâce à des intégrations verticales et des diversifications d’activités, vers le stockage d’acier et de minerai de fer, le transit, l’immobilier ou les loisirs. Les grands du secteur comme Hebei Steel ont commencé à aménager des parcs logistiques multifonctions dont la superficie peut dépasser 5000 ha. Il n’est cependant pas certain que ces stratégies, gourmandes en capitaux et destinées à maintenir en vie des sociétés dont la viabilité est aléatoire, seront efficaces.

• Panneaux solaires

Le secteur est le prochain sur la liste du gouvernement engagé dans la difficile remise en ordre de l’industrie. Le boom des énergies alternatives a déclenché une frénésie dans le secteur des panneaux solaires avec d’importants effets négatifs sur la qualité des produits. S’il est vrai que les grandes sociétés chinoises se sont rapidement hissées au niveau de qualité des produits européens ou américains, dont ils convoitent la part de marché, une myriade d’autres opérateurs se sont développés au mépris des standards de qualité minimum.

Au point que début mai, Ma Xuelu, responsable de la stratégie de Yingli Solar, et membre de l’Institut Chinois des Energies renouvelables, a révélé l’intention du gouvernement de procéder à une enquête de qualité à l’échelon national. En 2 ans, la capacité de production d’électricité solaire chinoise a triplé, dont cependant 22% aurait des problèmes de qualité. Par ailleurs, pour tenter de rehausser la qualité du secteur, la Chine vient d’entrouvrir son marché intérieur par le truchement d’un accord entre China Power et la société américaine First Solar.

L’accord comprend une aide à l’accès au marché chinois contre des transferts de technologies, assortis d’un appui aux sociétés chinoises pour l’accès au marché américain. En janvier dernier, First Solar avait déjà signé un accord avec China Guangdong Nuclear Solar Energy Development Co. pour construire une centrale solaire en Mongolie Intérieure. Le choix de la Chine par la société américaine répond à la chute de la demande du marché européen en crise, handicapé par la baisse des subventions publiques.

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2. Crise hydrique. Macro économie. Tendances

• Crise Hydrique

Dans un article du 30 mai, le China Daily dresse un bilan désastreux de la sècheresse qui frappe le pays depuis plusieurs mois. 35 millions de personnes sont directement affectées, le Yangzi a atteint sa cote d’alerte, les lac Poyang et Dongting - les 2 plus grandes réserves d’eau douce de Chine - ont perdu la moitié de ses réserves et les pertes économiques sont évaluées à 2,3 Mds de $, après que le déficit d’électricité hydraulique ait obligé les autorités à fermer temporairement certains sites industriels. Une contrainte qui se produit chaque année, mais qui cette fois survient très tôt dans l’année.

Depuis janvier, dans le Jiangsu, l’Anhui, le Hubei et le Hunan les précipitations ont été inférieures de 40 à 60% à 2010.

• Démographie

Le 5 mai dernier, Ba Shusong, chercheur en économie au centre de recherche rattaché au Conseil des Affaires d’Etat écrivait dans le China Daily : « les résultats du recensement de la population chinoise montrent que la fenêtre d’opportunité ouverte par un main d’œuvre bon marché et abondante allait bientôt se fermer (...) ».

Il ajoutait que « la convergence des effets de l’érosion du surplus de main d’œuvre et du vieillissement de la population qui pèsera sur les familles et leur niveau de vie, constitueront un défi considérable pour la Chine. (...) L’augmentation des salaires accélèrera l’inflation, tandis que la croissance connaîtra un ralentissement systémique. (...) Les investissements diminueront, tandis que le développement dépendra plus de la consommation intérieure ». Ajoutant que, « pour que cette bascule réussisse il convenait de mieux redistribuer la richesse ».

L’attention du pouvoir se focalise sur les revenus du monde rural qui, selon les statistiques officielles ont augmenté de 10,9% en 2010, soit 3 points de plus que les revenus urbains. Mais 242 millions de ruraux ne travaillent plus à la ferme, tandis que plus de 150 millions sont des migrants saisonniers qui comptent pour 30% dans la population de Pékin.

• Restructuration de l’économie et hausse du Yuan

Le 10 mai, Wang Qishan, Vice-Premier Ministre, qui répondait à une télévision américaine, expliquait que la principale difficulté faisant obstacle à la restructuration de l’économie, serait de parvenir à un consensus au sein du Parti : « nous devons tous adhérer à la même conclusion qu’il est devenu nécessaire de réformer le schéma de développement ». Cette déclaration semble confirmer quelques dissensions internes sur la question.

Dans le même temps, alors qu’en Chine même des voix se font entendre, dont celle de Wen Jiabao et de la Banque de Chine, pour augmenter le taux de change du Yuan, afin de lutter contre l’inflation, Chen Deming expliquait que la monnaie chinoise continuait à s’évaluer de manière régulière et qu’il n’y avait pas lieu d’accélérer le rythme de la hausse.

Le 29 avril, il s’échangeait en effet à 6,4892 pour 1 $, gagnant 1,5% depuis le début de l’année. Rappelons que le 21 juillet 2005, lorsque pour la première fois la Chine avait laissé flotter le Yuan, ce dernier se négociait à 8,28 Yuan pour 1 $. La monnaie chinoise s’est donc appréciée de 21,7% en 6 ans.

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• Inflation

Alors que la hausse des prix est restée à 5,3% en avril, très au-dessus de l’objectif de 4% fixé par le gouvernement, certaines voix se font entendre pour desserrer les mesures de contrôle du crédit et freiner la hausse des taux d’intérêt, « pour éviter un accident économique », écrivait le 12 mai dernier China Daily, qui se faisait l’avocat du secteur productif, en particulier des PME qui commencent à souffrir de la rareté et du coût de crédit.

Mais les excellents résultats du commerce extérieur chinois, dont l’excédent a bondi à 11,4 Mds de $ en avril, (seulement 130 Millions de $ en mars) sont venus infirmer les appréciations d’un ralentissement.

Aux causes structurelles connues de l’inflation (augmentation des salaires et des coûts de production, désordre des circuits de distribution des produits agricoles et coûts des intrants, dépendance accrue à l’égard des ressources, raréfaction de la main d’œuvre, politique monétaire expansionniste), s’ajoutent aujourd’hui l’afflux de capitaux étrangers (38 Mds de $ au cours des 4 premiers moins de 2011, en hausse de 26% par rapport à 2010) et l’augmentation des réserves de change qui atteignent aujourd’hui 3000 Mds de $.

Le 10 mai, Wang Qishan répétait que l’inflation restait un problème sérieux. La banque de Chine, qui a déjà augmenté à 7 reprises le taux de réserve obligatoire des banque depuis la mi-novembre, est sur la même ligne, jouant également du taux du Yuan qu’elle a laissé s’apprécier de 0,9% contre dollar pour le seul mois d’avril, soit trois plus vite que la moyenne de la hausse enregistrée depuis 2005.

• Système monétaire international

Le 30 mai, le China Daily a publié deux longs articles de réflexion sur le système monétaire international, plaidant pour l’augmentation du pouvoir de vote de la Chine au FMI -aujourd’hui très sous évalué à seulement 4% -.

En même temps, les deux articles insistaient sur la nécessité d’un réajustement de l’économie chinoise et une meilleure utilisation des réserves de change, aujourd’hui réinjectées dans des bonds du trésor américain. Ce qui supposerait de libérer les investissements à l’étranger, toujours très étroitement contrôlés par l’Etat et réservés aux entreprises publiques.

En réalité ces contradictions tirent aussi leur origine de la prudence de la Direction chinoise qui, craignant les conséquences politiques de trop de libéralisme, freine à la fois le passage du Yuan à une totale convertibilité et contrôle étroitement les mouvements de capitaux vers l’étranger.

3. Investissements Directs Etrangers (IDE)

• Querelles commerciales

Le 11 mai, au milieu d’une controverse où Chinois, et Européen et Américains s’accusent mutuellement de protectionnisme, la Chine a, lors des deux jours du dialogue économique et stratégique avec les Etats-Unis, promis de faciliter l’accès des compagnies américaines au marché chinois, en particulier dans le domaine des banques et des assurances.

De l’avis des principales Chambres de Commerce étrangères à Pékin, Il est cependant peu probable que ces secteurs fermés par de nombreux obstacles et constituant toujours une chasse gardée, pour l’instant pratiquement inviolée des compagnies chinoises, soit rapidement accessible à des groupes étrangers.

• Controverses autour de la Banque Chinoise de Développement

La BCD - 7e banque mondiale en termes de capitalisation boursière, considérée par les autorités chinoises elles-mêmes comme l’outil financier le plus efficace d’aide aux investissements chinois à l’étranger - est depuis 2009 le plus gros prêteur chinois en devises étrangères avec 97,4 Mds de $, contre 96 Mds de $ pour la Banque de Chine.

Aux Etats-Unis et en Europe, son mode d’action - prêts garantis par l’Etat chinois, à très long terme et à faible intérêt, parfois sans intérêts alloués aux clients des sociétés chinoises - soulève une polémique qui stigmatise le non respect par la Chine des règles du marché. Sur la sellette les géants des télécom, Huawei, ZTE, ainsi que les grands des panneaux solaires, Lingyi et Linuo , Group.Co.

Ayant un rôle politique autant que financier, la BCD engage l’état chinois prêtant directement sans intérêt, le plus souvent aux pays riches en ressources minières ou énergétiques, y compris à ceux dont les capacités de remboursement ne sont pas garanties. Un article de Bloomberg News du 5 mai cite un prêt de 20,6 Mds de $ octroyé en août 2011 au Venezuela - signalé comme un pays à risque par les agences de crédit internationales - contre la garantie de livraison de 300 000 barils de pétrole / jour.

Enfin, la BCD dont les capitaux sont 100% d’état et qui avait également financé la création du Fond d’aide à l’Afrique créé sous l’égide de Hu Jintao en 2006 (1,2 Mds de $), s’engage de plus en plus à l’intérieur pour des projets industriels ou d’infrastructure, et même, à hauteur de 90 Mds de $, au profit de gouvernement locaux, dont les trésoreries seront menacées par les restructurations en cours et l’évolution du schéma de croissance du pays.

• Afrique

Selon une information du Guardian (1er février), reprise en avril par l’Expansion, la Chine s’apprêterait à investir 10 Mds de $ au Zimbabwe, essentiellement dans secteur minier - le pays possède les deuxièmes réserves mondiales de platine -, la construction d’infrastructures, et les télécom. L’investissement global envisagé par la Chine représente 2 fois le PIB du pays.

En revanche, à la mi mai, on apprenait, que la China Guangdong Nuclear Corporation (CGNC) avait retiré son offre de 1,2 Mds de $ pour entrer dans le capital de la mine d’uranium britannique Mineral PLC au Kalahari, après une tentative de CGNC pour baisser son offre initiale de 10%. 13 réacteurs nucléaires sont actuellement en fonctionnement en Chine et les importations d’uranium ont triplé en 2010 pour atteindre annuellement 17 000 tonnes (La France importe 12 500 tonnes par an).

• Compétition chinoise

Les deux géants chinois des télécom - ZTE et Huawei - produits high-tech et infrastructure de télécom - présents séparément ou ensemble sur tous les marchés où la Chine s’engage - Asie, Moyen Orient, Afghanistan, Afrique, Europe, Etats-Unis, Amérique Latine - ont entamé une guerre fratricide pour la maîtrise du marché mondial de la téléphonie mobile de 4e génération, où ils sont en compétition avec les autres grands du secteur. Huawei a porté plainte en France, en Allemagne et en Hongrie pour l’utilisation frauduleuse sans brevets par ZTE d’équipements et de produits Huawei.

ZTE contre attaque sur le même sujet, accusant Huawei de ne pas respecter le droit de propriété en France. Le fait qu’un conflit entre deux groupes chinois - très fréquents et impitoyables en Chine - ait été rendu public hors de Chine est une première. Que les plaintes aient été déposées en Europe et non en Chine signale une volonté d’échapper aux habituels compromis des tribunaux chinoises et, peut-être, une stratégie publicitaire, dont le vainqueur pourrait bénéficier.

• Le CIC

Le fonds souverain chinois qui avait été doté de 200 Mds de $ en 2007 provenant d’obligations émises au taux de 4,3 à 4,9%, sera renfloué par l’Etat chinois d’ici la fin de l’année (Caixin). A l’avenir, selon une décision arrêtée en mars lors de la révision par l’ANP du budget 2011, l’approvisionnement du fonds se ferait par un mécanisme régulier à long terme, injectant des devises étrangères par l’émission d’obligations d’Etat, garanties par les réserves de change.

Sur la dotation initiale de 2007, la moitié avait été consacrée au renflouement des institutions financières chinoises. Les informations, très incomplètes du dernier rapport du fonds souverain indiquent que le reste était allé à l’achat d’actifs dans les secteurs des mines et de l’énergie.

Les nouvelles dispositions devraient augmenter sa puissance d’intervention dont, selon Wang Jianxi, vice-directeur, toutes les ressources sont aujourd’hui engagées. En 2009 et 2010 le Fond, tirant la leçon des pertes essuyées par ses engagements dans les fonds d’investissements américains Blackstone et Morgan Stanley - estimées à 2% de son portefeuille global, et bien inférieures à celles d’autres fonds souverains -, avait réajusté ses positions.

En 2008, le fonds avait enregistré 23 Mds de $ de bénéfice. En 2009, le retour sur investissement de ses engagements extérieurs avait été de 11,7%. Selon le porte parole, les résultats 2010 seraient comparables à ceux de 2009. Une des prochaines cibles du fonds est la Russie, destination dont les investisseurs chinois s’étaient jusqu’à présent méfié. Pour limiter les risques, Lou Jiwei, président du CIC compte sur les garanties offertes par la structure spéciale d’accueil des investissements étrangers créée par Medvedev en 2010.

• Carlyle

Gérant plus de 100 Mds de $ et jusqu’à présent considérée comme l’une des plus efficaces et de plus profitables sociétés d’investissements en Chine, notamment grâce à une prise de participation minoritaire dans China Pacific Insurance, Carlyle est aujourd’hui sur la sellette suite à ses engagements dans 2 sociétés chinoises accusées de fraude, et dont les opérations ont été suspendues aux bourses de HongKong et New-York.

China Forestry listée à Hong Kong et China Agritech fabricants d’engrais, listée au Nasdaq, dont Carlyle possède respectivement 11 et 22% des parts sont pointées du doigt par le gouvernement chinois, la Bourse de Hong Kong et le Nasdaq suite à des accusations de corruption des manquements au règles de transparence et à des indices de fraude, signalant des manipulations boursières. En février, Li Han-chun, le PDG de China Forestry’s était arrêté pour avoir détourné 4,6 Millions de $, tandis qu’Agritech n’était pas en mesure de présenter son bilan et subissait plusieurs audits suite à des accusations de manipulations.

Ces affaires qui surgissent au milieu de méfiances réciproques entre la Chine, l’UE et les Etats-Unis, ponctuées d’accusations dumping et de protectionnisme, ajoutent encore au climat de controverses. Selon le Financial Times, qui cite un consultant basé à Pékin, sur 19 sociétés actuellement suspendues par le Nasdaq, 15 seraient chinoises.

• Contrôle des investissements étrangers en Chine

Alors que se développait la controverse Carlyle, le ministre chinois du commerce, Chen Deming, défendait dans le China Daily la transparence des nouvelles procédures de contrôle des investissements étrangers établies en avril et accusait Washington d’opacité dans ses décisions de blocage des investissements chinois aux Etats-Unis.

Publié le 1er avril par le ministère du commerce et Commission Nationale pour la Recherche et Développement (CNRD), le catalogue actualisé des secteurs autorisés ou interdits aux investissements étrangers a peu évolué dans le domaine de l’interdit. Les difficultés d’accès au secteur des services restent sans amélioration majeure. En revanche, le catalogue a ouvert de nouveaux secteurs.

Les secteurs interdits, au nombre de 39, concernent, entre autres, la pharmacopée chinoise, les aspects sensibles des sciences de la vie (clonage), le patrimoine, les ressources naturelles, la fabrication des armes, les services de postes express, les piles au mercure et la construction de villas.

Les nouveaux secteurs autorisés privilégient les technologiques très précises, où les entreprises chinoises souffrent de lacunes, notamment dans le domaine de l’environnement. Ils confirment très nettement la quête de qualité au détriment de l’apport en capital.

Le 10 mai, Chen Deming critiquait les restrictions imposées par les Etats-Unis frappant 2000 produits interdits d’exportation en Chine et s’insurgeait contre l’exclusion de la Chine de la liste des 164 pays bénéficiant d’un régime particulier d’importation de produits sensibles venant des Etats-Unis, baptisé « Strategic Trade Authorization ».

• Investissements chinois en Europe

Les émissions d’emprunt européen dont la maturité pourrait courir de 5 à 10 ans intéressent beaucoup les Chinois, selon les responsables financiers de l’UE. La Chine qui reste discrète sur le montant de ses autres engagements en Europe, cherche à diversifier ses avoirs en devises étrangères et sera, en juin prochain, à coup sûr parmi les acheteurs des 78 Mds d’Euros décidés par l’UE pour secourir le Portugal.

• Crispations européennes

Représailles chinoises. Le 14 mai Bruxelles annonçait des taxes appliquées aux importations de papier de luxe venant de Chine, visant ainsi les subventions chinoises du secteur. En représailles Pékin a décidé de taxer l’amidon venant d’Europe, en raison des subventions européennes accordées à ce secteur (Les Echos).

Depuis plusieurs mois des voix s’élèvent en Europe, dont celle de Michel Barnier qui dénonce la fermeture du marché des banques et des assurances, s’ajoutant à celle du Commissaire européen au commerce Karel de Gucht. Ce dernier critique à la fois les subventions publiques chinoises sur presque tous les produits importés de Chine, et les difficultés d’accès des entreprises étrangères aux marchés publics chinois.

Au moins d’avril la Chambre de Commerce européenne de Pékin ajoutait sa voix à celle des Etats-Unis pour dénoncer les difficultés du marché chinois. Les principales récriminations concernent les subventions et les distorsions de la concurrence, notamment pour l’accès aux marchés publics.

En riposte, le China Daily publiait le 26 mai dernier un article décrivant, avec l’aide de quelques témoignages, dont celui du représentant d’ALSTOM, les succès des entreprises européennes en Chine où, dit l’article, 71% des sociétés européennes avaient augmenté leurs profits en 2010.

 

 

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