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Diplomatie chinoise : les faux espoirs, les faux semblants et le poids des réalités

Récemment l’attention des Européens qui observent l’attitude internationale de la Chine s’est focalisée sur deux sujets. Le premier interrogeait la capacité de Pékin à aider financièrement l’UE. Le deuxième avait trait aux manœuvres hésitantes, parfois contradictoires, de la Chine en Libye. Les commentaires évoquaient parfois la maîtrise, plus souvent l’ambiguïté, ou même le double jeu de Pékin.

1. L’UE et la quête chinoise pour faire reconnaître son statut d’économie de marché.

Moins d’une semaine après les déclarations de Wen Jiabao à Dalian, (forum mondial de l’économie avec des participants – diplomates et hommes d’affaire – de plus de 90 pays ayant lieu chaque année à la fin de l’été), qui semblaient lier l’aide à l’UE en déshérence financière à une reconnaissance par Bruxelles du statut d’économie de marché à la Chine, la commission européenne a, une nouvelle fois exprimé ses réticences, expliquant que « les critères pour accéder au statut d’économie de marché étaient clairs », et qu’à bien des égards « tout dépendait de la Chine elle-même ».

Ce raidissement, s’il était confirmé, ruinerait les espoirs chinois d’une protection contre les accusations de dumping à l’OMC et d’une ouverture encore plus grande du marché européen.

S’il est un domaine où Bruxelles a toujours montré sa fermeté face à la Chine, ce sont bien les questions commerciales. Lors des négociations ayant précédé l’entrée de Pékin à l’OMC, le Commissaire européen Pascal Lamy, aujourd’hui Directeur Général de l’OMC, s’était signalé par la fermeté de ses positions et avait impressionné les négociateurs chinois.

La position officielle de l’UE sur cette question s’appuie sur le fait que les exportations chinoises sont encore accompagnées par l’action massive de banques d’état – notamment la China Development Bank , qui accordent, sur de très longues périodes, des prêts préférentiels aux clients de la Chine, dans des opérations ou des projets, le plus souvent menés par des entreprises liées en sous main aux pouvoirs publics chinois, ou directement sous le contrôle de l’état. (Voir notre article)

Il est vrai qu’au XXIe siècle, la Chine reste une économie « asymétrique », avec un PNB par tête 10 fois inférieur à celui des économies américaine, japonaise ou d’Europe occidentale, mais dont l’accumulation des réserves de change, régulièrement injectées dans l’économie nationale pour freiner la tendance à la hausse du Renmibi, permet aux exportations chinoises de conserver leur compétitivité. C’est ainsi qu’entre 1980 et le milieu des années 90, le Yuan, toujours inconvertible, a été déprécié de 300 % par rapport au Dollar.

Au passage, cette stratégie touche aujourd’hui à ses limites puisque les incessantes injections de capital qui augmente la masse monétaire crée une inflation que l’État peine à contrôler et qui n’est pas sans effet sur la situation sociale du pays.

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2. Intentions cachées.

Le 21 septembre, peu après la mise au point européenne, le Quotidien du Peuple publiait une analyse réfutant l’idée d’une stratégie de marchandage de la Chine ayant subordonné son aide financière à l’UE à des concessions politiques (reconnaissance du statut d’économie de marché et - non mentionnée par Wen Jiabao, bien que présente dans la conscience de tous les dirigeants chinois - la levée de l’embargo européen sur les ventes d’armes).

« La Chine n’a pas fixé de conditions pour aider financièrement l’UE », expliquait le Quotidien du Peuple, qui reprenait une phrase du porte parole du ministère du commerce Shen Danyang, ajoutant « qu’entre 2009 et 2010, les investissements chinois en Europe avaient triplé » et que « près de 150 membres de l’OMC avaient déjà reconnu à la Chine le statut de l’économie de marché ».

Sur ces 2 derniers points il faut cependant préciser qu’aucun des grands partenaires commerciaux occidentaux de Pékin - essentiellement les pays de l’UE et les Etats-Unis - n’a à ce jour accordé à la Chine ce statut d’économie. Parmi les Occidentaux, seule la Nouvelle-Zélande a franchi ce pas en 2004.

Par ailleurs, s’il est vrai que les investissements chinois en Europe ont augmenté, la part qu’ils représentent au regard de la somme des investissements chinois dans le monde – dont la majorité transite par Hong Kong et les paradis fiscaux des Virgin Islands et de Iles Cayman (80%) – est encore faible (4%).

On rappelle souvent les prises de participation dans les ports européens ou les 800 millions d’Euros investis par COSCO pour prendre le contrôle du port du Pirée (qui pour l’heure n’ont toujours pas été matérialisés). Mais ces exemples restent marginaux - le port du Pirée n’est pas Rotterdam et, en dépit des commentaires alarmistes, ce qui caractérise toujours les investissements chinois reste leur très grande prudence, avec une part importante dédiée aux activités de commerce (51%) - bureaux de représentation, leasing, distribution -, aux ressources et aux investissements financiers (35%), tandis que les investissements dans les activités de production ou dans l’agriculture ne représentent que 8%.

S’il fallait une confirmation des priorités chinoises, calibrées à l’aune de la circonspection ou de la retenue, elle a été fournie par un article du Quotidien du Peuple du 20 septembre qui rappelait que la Chine allait continuer à acheter des bons du trésor américains, ce qui contredit certaines analyses européennes selon lesquelles la Chine se désengagerait du $ au profit de l’€.

L’article concluait même en citant un professeur d’université de Shanghai qui anticipait qu’en 2015, Pékin détiendrait 3000 Milliards de $ de bons du trésor américains, soit plus du double de ce que détient actuellement la Banque de Chine.

La vérité est que, dans un contexte où Bruxelles et les grands pays de l’UE peinent à prendre la mesure des risques posés par les dettes souveraines, retardant indéfiniment une action concertée et efficace, Pékin qui réaffirme sa volonté d’aider les pays de l’UE, se méfie en réalité de l’Euro.

Dans cette situation mi figue mi raisin, où la Chine affirme une démarche « désintéressée », mais clame sa déception de ne pas avoir, une fois de plus, pu accéder au statut d’économie de marché en Europe, il sera intéressant d’observer le déroulement du prochain sommet économique Chine – Europe, prévu le 25 octobre prochain à Tianjin, dont l’objectif sera, entre autres, de tenter de négocier avec les 27 pays de l’UE un cadre commun pour les investissements croisés.

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3. Revenir aux fondamentaux.

Un rappel des principes dominants des stratégies chinoises peut aider à percer le brouillard des déclarations et des faux semblants.

Comme tous les pays, mais peut-être d’une manière exacerbée, à cause de son histoire, de sa taille et de la complexité de ses problèmes internes, la Chine est surtout intéressée par elle-même et les défis que lui pose son développement rapide. Au centre se trouvent deux préoccupations majeures dont les termes sont d’ailleurs liés : 1.- résoudre la difficile équation population - ressources - développement - stabilité interne - pérennité du pouvoir du Parti - ; 2.- Rattraper la puissance perdue. C’est en cours, avec cependant d’importants effets pervers.

Le tout appuyé par un talent particulier pour la négociation, dont on n’hésite jamais à modifier les règles pour reprendre la main dans une situation trop fluide, et baignant dans un pragmatisme réaliste et salvateur, qui, depuis la fin du Maoïsme, rejette les dogmatismes et ne rechigne pas aux marches arrière, même radicales, si la nécessité s’en fait sentir.

C’est par ces viseurs qu’il convient d’examiner les manœuvres de politique étrangère de la Chine. En géopolitique, elles nous renvoient à la Mer de Chine du sud, aux tensions avec le Vietnam, à la question nord-coréenne et à Taïwan, marche ultime de la reconquête du domaine impérial des Qing, renversés en 1911, mais dont la puissance parle toujours aux Chinois.

Ce décryptage éclaire aussi les controverses entre Pékin et Washington en Asie du Nord-est et en Mer de Chine, d’où l’UE est totalement absente, et où s’affrontent deux légitimités. Celle, impériale et historique de Pékin et celles du droit de la mer et de la sécurité du Pacifique occidental, héritière de la victoire américaine contre le Japon et des sacrifices des « boys » en Corée, contre le million de volontaires chinois, engagés par Mao pour sauver Kim Il Song du désastre.

S’agissant de Taïwan, se rajoute une légitimité démocratique, conquise grâce à l’appui américain, devenue un sérieux dilemme pour Pékin, qui tente de contourner la difficulté par le développement des liens économiques et commerciaux avec l’Ile. Au passage, la question taïwanaise, avec ses risques de dérapage militaire, est la première raison qui pousse Washington à réfuter toute tentative européenne pour lever l’embargo sur les ventes d’armes, revendication récurrente de Pékin adressée aux autorités de Bruxelles et aux pays membres.

Dans son testament politique, qui évoquait surtout les contradictions du développement interne, Deng Xiaoping décrivait dans le détail comment la Chine devait coopérer avec les pays développés. Deux points de son héritage politique sont essentiels à considérer : les investissements en capitaux et les technologies, venant de l’étranger, indispensables au développement.

S’agissant des capitaux, le système continue à s’alimenter essentiellement du recyclage de la masse financière chinoise échappée de Chine, et transitant, en retour, par Hong Kong et les paradis fiscaux (Virgin Islands et Caïmans). Pour l’amélioration qualitative, la dépendance envers les technologies occidentales et japonaises reste forte. Or, à moyen terme, le raidissement antichinois de l’Occident, principal pourvoyeur de hautes technologies, constituera un obstacle pour Pékin qui devra déployer toute sa maîtrise diplomatique pour le surmonter

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4. L’ambiguïté et l’art du réajustement.

La priorité donnée au développement, à la stabilité et leur corollaire, la crainte des bouleversements brutaux qui troublent son jeu de retour de puissance, expliquent largement l’opposition récurrente et viscérale de la Chine à cautionner les interventions militaires occidentales, fussent-elles motivées par des raisons humanitaires.

Si récemment Pékin ne s’est pas opposé à la résolution 1793 autorisant une intervention armée en Libye pour mettre en place une zone d’interdiction aérienne – une première historique -, c’était uniquement parce qu’en interne, où la société est agitée de protestations et d’appels à l’ouverture politique, le Parti ne voulait pas donner l’impression qu’il cautionnait un dictateur sanguinaire. Le spectre de Tian An Men, dérapage néfaste contre la foule des manifestants, est toujours présent.

Mais le Régime est très vite revenu à sa position de principe, condamnant les frappes au sol et appelant à la négociation. La correction de trajectoire fut, il est vrai, facilitée par le fait que les attaques au sol des missiles de croisière et des avions de la coalition outrepassaient le mandat initial de l’ONU.

Le principe de stabilité interne et internationale, érigé au rang de condition indépassable du développement, se défiant de tout bouleversement brutal, éventuellement porteur, par contagion, de menaces pour la sécurité interne du Parti, explique aussi, avec le souci de ses intérêts sonnants et trébuchants jamais bien éloignés, le fait que Pékin fut le dernier membre permanent du Conseil de Sécurité à reconnaître le Conseil National de Transition (CNT) libyen.

Avec l’habitude de garder toujours plusieurs fers au feu, effet de la prudence et du fonctionnement consensuel du pouvoir, l’obsession de stabilité éclaire aussi ses manœuvres en sous main pour une éventuelle reprise des exploitations pétrolières abandonnées par les Occidentaux en Libye et la tentative, en pleine guerre, de répondre favorablement à la demande d’achats d’équipements militaires par Kadhafi.

Ce qui n’a cependant pas empêché Pékin d’envoyer en juin des émissaires pour rencontrer les rebelles au Qatar, puis à Benghazi en juin et juillet. Fin juin, un envoyé du CNT a même rencontré le ministre des Affaires étrangères Yang Jiechi à Pékin, tandis que le Waijiaobu, qui continuait à critiquer l’OTAN, décidait in-extremis d’envoyer un représentant à la conférence de Paris, le 1er septembre.

Après la mise à jour des manœuvres obliques préparant une livraison d’armes aux troupes de Kadhafi, la Chine s’est empressée de reprendre une position plus vertueuse, se concentrant sur le sauvetage réussi des 19 Mds de $ de contrats signés par 26 compagnies chinoises pour une cinquantaine de projets avec le régime de Kadhafi. Le souci bien concret de protéger les intérêts chinois coincidait avec la reconnaissance tardive du CNT.

Ce rétablissement spectaculaire, à partir d’un porte à faux plutôt gênant pour son image de puissance responsable qui a cependant réussi, in fine, à protéger ses intérêts d’affaires avec le futur régime, traduit d’abord, et peut-être surtout, la qualité irrésistible des offres commerciales très avantageuses des sociétés chinoises, appuyées par la Banque Chinoise de Développement.

Il met également en évidence le talent négociateur de la diplomatie chinoise, qui, il est vrai, disposait de l’éventuelle pression de son véto pour retarder la libération, au profit du CNT, des avoirs financiers de Kadhafi. Quant à la perte d’image résultant des hésitations chinoises, elle sera vite effacée, d’abord parce que Pékin, devenu un élément incontournable de la l’économie mondiale, fera feu de tous bois pour satisfaire les demandes du nouveau pouvoir libyen, aussitôt qu’il sera opérationnel.

Ensuite, parce que ceux qui pourraient lui reprocher son double jeu sont les mêmes, qui, il y a à peine quelques années, avaient tourné la page du terrorisme libyen, et, pour des raisons officiellement stratégiques, en réalité pour des avantages commerciaux, y compris ceux liés à la vente d’équipements militaires, avaient fermé les yeux sur le caractère liberticide et clanique du Régime de Kadhafi, ignorant volontairement l’impasse politique et humanitaire dans lequel il était engagé.

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En bref.

• Chine – Xinjiang : Fin août, un groupe islamiste dénommé Parti Islamiste du Turkestan (Turkestan Islamist Party – TIP - en acronyme anglais) aurait diffusé une vidéo réclamant la responsabilité des attaques terroristes dans le sud du Xinjiang (Kashgar et Hotan) ayant fait plus de 40 morts en juillet dernier. La même organisation avait déjà menacé de déclencher des attentats lors des JO de 2008 et se réclame de liens avec Al Qaida.

• Livre Blanc sur le développement pacifique : Le 7 septembre la Chine a publié un Livre Blanc sur son développement pacifique. Ce dernier, qui est un bel exemple de propagande, insiste sur l’objectif qui consiste à « réaliser la synthèse entre le développement humain chinois et celui du monde, pour des relations internationales harmonieuses ».

La partie consacrée aux relations internationales met l’accent sur la contribution chinoise à la paix du monde, notamment sur la promotion de la « démocratie » dans les relations entre états, les efforts pour un développement plus équilibré de la planète et la promotion de la diversité culturelle.

Le discours chinois sur sa propre montée en puissance a ceci de particulier qu’il semble prendre en compte les craintes de la communauté internationale et plus spécialement des pays asiatiques face à l’émergence de la Chine. Cette préoccupation était déjà inscrite dans les recommandations que Deng Xiaoping avaient faites à son peuple et dans les assurances qu’il avait données à la communauté internationale.

Pour rassurer leurs voisins, l’Asie et le Monde, les élites chinoises ont concocté un discours sur « l’émergence pacifique de la Chine ». Ce terme est apparu pour la première fois lors du sommet de Boa’o à Hainan en 2003 (forum d’affaires asiatique, genre Davos), dans un discours resté fameux prononcé par Zheng Bijian, l’un des plus célèbres idéologues du Parti, ancien vice-président de l’Ecole du Parti et de l’Académie des Sciences sociales et intitulé : « Zhongguo Heping Jueqi » - 中国和平崛起 -.

Aujourd’hui la Chine préfère se qualifier elle-même de « 1er pays en développement ». Il reste que, récemment, la résurgence sur un mode plus agressif des revendications chinoises en Mer de Chine a inquiété les pays riverains, et en premier lieu les Philippines et le Vietnam. Avec la récente visite à Pékin, fin août, du Président Aquino et la visite du Conseiller d’Etat Dai Bingguo à Hanoi (7 septembre), Pékin a entrepris une correction de trajectoire, destinée à réparer les dégâts diplomatiques des récentes échauffourées en Mer de Chine (Voir notre article).

L’avenir dira si la manœuvre a réussi à désamorcer la controverse majeure liée à la revendication par la Chine de toute la Mer de Chine du sud, que ni les Philippines ni le Vietnam n’ont l’intention de mettre sous le boisseau.

• Chine – Libye : Le 12 septembre la Chine a reconnu le CNT libyen et affirmé son souhait de travailler avec lui pour assurer une transition politique sereine et le développement des relations sino-libyennes. Ajoutant : « Nous espérons que les différents traités et contrats signés par le passé entre la Chine et la Libye resteront en vigueur et seront consciencieusement mis en œuvre ». Peu après le CNT acceptait de reconnaître les contrats avec la Chine. Il est vrai que Pékin pouvait faire pression pour retarder sinon bloquer la libération des avoirs financiers de Kadhafi.

• Chine – Taïwan : Le 20 septembre, Pékin a condamné la décision de Washington de moderniser les 114 F-16 de l’armée de l’air taïwanaise. La mauvaise humeur est, selon toute vraisemblance, de façade, car Pékin craignait surtout que Washington accepte de vendre à l’Ile des appareils F-16 CD, neufs et plus modernes, comme le réclamaient les Taïwanais depuis 2 ans.

La dernière vente à Taïwan d’une série d’équipements modernes en janvier 2010 (missiles Patriot anti missiles, hélicoptères de transport et chasseurs de mines) pour une valeur de 6,4 Mds de $, avait entraîné la rupture des relations militaires avec la Chine qui viennent à peine de reprendre.

A la Maison Blanche, le courant de pensée dominant est qu’une nouvelle crise avec la Chine a été évitée. A Taïwan, où Ma Ying Jeou avait plusieurs fois insisté pour pour la livraison d’appareils neufs, l’heure est à la consternation discrète, mêlée d’inquiétude.

Les milieux de la défense taïwanais, qui constatent que la distance avec Washington se creuse, appellent les Etats-Unis à soutenir la mise en place d’une industrie de défense capable de produire par elle-même des équipements modernes.

• Chine - Corée du Nord. Le 21 septembre, le Quotidien du Peuple a publié un long article sur la coopération économique avec la Corée du nord, notamment en matière d’extraction de minerai de fer, secteur dans lequel l’auteur signale aussi la présence de Pramod Mittal, une filiale d’Arcelor Mittal, et de l’Anglais Global Steel Holding qui négocie une part dans la mine de Musan, sur la frontière chinoise, 450 km au Nord-est de Pyongyang avec réserves estimées à 5 Mds de tonnes.

En attendant, la Chine est présente depuis 2006 avec Sinosteel et Shougang qui importent chaque année pour 2 millions de $ de minerai de fer, ce qui, au prix du moyen du marché, représente 14 000 tonnes, soit une infime partie des importations globales de la Chine, évaluées en moyenne à 600 millions de tonnes par an, qui correspondent à plus de 50% du minerai de fer commercialisé dans le monde.

Pékin a également entrepris à ses frais la construction d’un deuxième pont sur le Yalu vers la Corée du Nord, à deux voies, long de 6 km pour une valeur de 140 millions d’Euros. La relation avec la Corée du Nord, aujourd’hui franchement tournée vers la coopération économique et l’aide au développement, correspond également à une « correction de trajectoire ».

Sur cette question, la position de la Chine a évolué depuis la 2008, en même temps que Pékin prenait de l’assurance sur la scène internationale, à la faveur de ses performances économiques et du succès des JO.

Jusqu’en 2008, en effet, Pékin donnait alors l’impression qu’à l’heure de la modernisation rapide, de la conquête de l’espace et des innovations high-tech, dont se glorifie le vieil Empire du Milieu, la survivance, dans sa proximité immédiate de cet allié historique insolite, discrédité mais dangereux, économiquement ruiné, tenant d’une idéologie moribonde qui affame sa population, était devenue pour la Chine moderne un anachronisme encombrant.

A cette époque, les visites de Kim Jong Il en Chine étaient, contrairement à aujourd’hui, tenues secrètes. Mais les choses ont changé avec la volonté de Pékin d’affirmer sa liberté de manœuvre face aux pressions de Washington et Séoul.

En 2009, un mois après la 2e explosion nucléaire nord-coréenne on assistait aux visites croisées du fils de Kim Jong Il en Chine, du Premier Ministre et du Ministre de la défense chinois à Pyongyang ; après le torpillage de la corvette sud-coréenne Cheonan en 2010, où Pyongyang a nié sa responsabilité, la Chine s’abstenait de condamner la Corée du Nord. Au lieu de cela, elle accueillait ostensiblement Kim Jong Il trois fois en visite en l’espace d’une année.

 

 

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