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Le « Grand Jeu » très encombré de l’Arctique. La difficulté des stratégies chinoises

Le brise glaces Xue Long

Le cercle Arctique est le symbole de l’incohérence du style de développement dans lequel est aujourd’hui engagée la planète, les pays émergents exprimant la même obsession de croissance et de consommation que les pays développés. Nulle part ailleurs dans le monde l’impact du réchauffement climatique n’est plus évident. Les écosystèmes et les espèces y sont terriblement menacés, tandis que la banquise recule inexorablement au point que les périodes où le pôle Nord est partiellement libre de glaces sont de plus en plus longues.

Si la tendance actuelle continuait au même rythme, dans 30 ans, la zone arctique sera largement ouverte à la navigation normale pendant les mois d’été, tandis que la fonte accélérée des glaces aura des conséquences écologiques globales, parfois très graves, sur le niveau des océans et le climat. Mais au lieu de sonner l’alarme, ces données préoccupantes ont fait surgir une nouvelle compétition planétaire dont les objets sont les routes maritimes par le pôle et les ressources, à quoi s’ajoute la recherche scientifique. Cette dernière étant assez souvent un cache nez pour la prospection des minéraux et des hydrocarbures.

Dans ce jeu, où se disputent de nouvelles ressources et de nouvelles voies de communication, la Chine, qui a quelques longueurs de retard, redouble d’efforts pour affirmer sa place.

Rivalités, compétitions et premiers ajustements militaires.

Les nations riveraines, membres permanents du Conseil Arctique – créé en 1996 pour la protection de l’environnement, avec la Russie, la Suède, la Norvège, l’Islande, la Finlande, les Etats-Unis, le Danemark et le Canada - ont un temps d’avance et s’efforcent, quoi qu’elles en disent, de protéger leur avantage, en attendant que se développent la navigation par le Pôle et l’exploitation des ressources.

Le Danemark par exemple revendique, d’ici 2014, l’extension du plateau continental autour de cinq zones proches du Groenland et des îles Féroé, y compris le pôle Nord lui-même. Une exigence qui pourrait, à terme, créer des tensions avec les Etats riverains (Russie, Etats-Unis, Canada, Norvège).

A l’appui de ses ambitions, Copenhague, en compétition plus ou moins ouverte avec le Canada, a investi plus de 60 millions de $ pour la recherche sur les fonds marins autour du Groenland, autonome depuis 1979, mais dont la politique étrangère et la sécurité sont encore à la charge du Danemark. En revanche, une coopération Russie-Danemark est en route pour la cartographie des fonds marins au large du Groenland.

La Norvège, quant à elle, se démène pour faire reconnaître ses droits sur le plateau continental qui relie le continent à l’archipel de Svalbard qu’elle contrôle depuis le traité de Spitzberg (1920), mais où les tierces parties sont autorisées à installer des centres de recherche et à effectuer prospections et exploitations de minerais (charbon principalement).

S’appuyant sur la règle du « droit de passage innocent », établi par la Convention de Montego Bay de 1982 et anticipant une bascule géostratégique du flux des transports par le Pôle Nord, provoquée par l’encombrement des routes traditionnelles (Suez et Malacca), la Chine, les Etats-Unis et l’UE – principalement l’Allemagne, dont le commerce vers l’Asie est en forte croissance (en 2010, 22% des exports allemand allaient vers la Chine contre 2% en 2000), commencent à remettre en cause la souveraineté du Canada et de la Russie sur les routes commerciales potentielles de l’Arctique.

Ces dernières rejoignent le détroit de Béring et sont soumises à des droits de passage contestés, imposés par Ottawa et Moscou. Celle du Nord-ouest par les mers de Baffin et de Beaufort ; Celle du Nord-est (Sibérie) par la mer de Barents et les détroits russes de Kara, Vilkitski, Sannikov, Dmitri Laptev et Long. Une autre route, également contrôlée par Moscou, passe par les archipels russes de Nouvelle-Zemble (Novaya Zemlya), les terres du nord (Severnaya Zemlya) et les îles de nouvelle Sibérie (Novossibirrskie Ostrova). Pour l’heure, cette navigation n’est cependant pas possible en permanence et nécessite des navires à coque renforcée.

Simultanément les préoccupations de sécurité, toujours dans le sillage des intérêts économiques, devenus stratégiques, pointent déjà leur nez avec la fusion des structures de commandement du Groenland et des îles Féroé et la création par Copenhague d’un Commandement Conjoint de la zone arctique disposant d’une force de réaction rapide activée à la demande. La Norvège, qui n’est pas en reste, a transporté l’Etat-major de ses armées vers le nord, à proximité de Narvik, où elle a créé une base aérienne avancée qui sera, le moment venu, équipée de F.35, lesquels seraient détachés de la base d’Orland, pion essentiel d’une capacité de réaction dans le Grand Nord.

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Un nouveau « Grand Jeu ».

Aux 8 nations du Conseil Arctique s’ajoutent 6 observateurs permanents (Allemagne, Espagne, France, Royaume Uni, Pays Bas, Pologne), et 4 temporaires, dont la Chine, l’Italie, la Corée du Sud et le Japon. C’est dans ce cadre encombré que s’amorce un nouveau « Grand Jeu ».

Son contexte est triple. Il est d’abord marqué par la géographie et la jurisprudence de l’histoire qui donnent au Canada et à la Russie un droit de regard sur les routes maritimes Nord-Ouest et Nord ; ensuite par le traité de Spitzberg, qui confère à tous le droit d’exploiter les ressources de l’archipel norvégien de Svalbard et d’y installer des centres de recherche, ce que la Chine a, comme d’autres, mis à profit ; enfin par la convention du droit de la mer qui codifie la souveraineté, la libre navigation, ainsi que les droits de prospection et d’exploitation dans les espaces maritimes.

Dans ce climat de compétition farouche, et en dépit des préoccupations écologiques sans cesse répétées, c’est de plus en plus la perspective de profits qui motive les initiatives et les projets le long des routes commerciales ou sur les zones de prospection.

La première offensive de ce nouveau « Grand Jeu », a peut-être été lancée en mai 2008, lorsque 5 Etats riverains - Etats-Unis, Russie, Norvège, Danemark, Groenland – réunis à Illulisat au Groenland, furent soupçonnés par l’UE, l’Allemagne et la Chine de vouloir exclure les non riverains du contrôle et de l’exploitation de la zone arctique, dans un contexte où la Russie, partie à la conférence, était déjà sur la sellette, pour avoir planté un drapeau à 4000 m de profondeur sous le Pôle.

Quoi qu’il en soit les absents d’Illulisat considèrent encore que la réunion était une sorte de « G5 arctique » qui s’est indûment attribué la mission ambitieuse de superviser l’exploration des ressources, la sécurité, la navigation et la protection de l’environnement du Pôle Nord. Ce que le Danemark semble confirmer en répétant que « l’UE doit comprendre que son implication dans la région devra se faire aux conditions des populations locales, en évitant de heurter les lois, les traditions, les cultures et les besoins des sociétés arctiques ».

En attendant, les « majors occidentales » ont commencé à s’intéresser à la zone, motivées par la hausse du brut, l’augmentation globale de la consommation de gaz et les riches perspectives en ressources d’hydrocarbures estimées à 160 milliards de barils de pétrole et 80 000 Mds de m3 de gaz, qui représenteraient près de 20% des réserves mondiales non explorées de pétrole et 1/3 des réserves de gaz. A quoi s’ajouteraient d’excellentes perspectives de terres rares, d’uranium, de fer, de plomb, de zinc et de diamants, essentiellement identifiées au Groenland.

Dans cette course aux richesses du sous-sol, on retrouve Exxon Mobil, Royal Dutch, Chevron, BP, GDF-Suez, Cairn Energy, Shell, BP, Maersk Oil, Vedenta (Inde), Statoil (Norvège) et Nunaoil, la compagnie locale du Groenland. En 2010, sept concessions ont été attribuées à différentes compagnies internationales (Shell, Statoil, GDF-Suez). En 2012, huit puits offshore sont en phase de test et des projets de forage sont à l’étude en mer de Baffin.

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L’empreinte de Washington au Groenland. Stratégies et ambitions chinoises en Islande.

Dans le même temps, faisant suite à la mise à jour, en 2004, de l’accord de défense vieux d’un demi-siècle, les Etats-Unis alourdissent leur présence au Groenland – qui s’est lui-même retiré de l’UE à la suite du référendum de 1982. Aujourd’hui, il est clair que le Groenland, considéré par le Pentagone comme faisant partie de L’OTAN, et dont l’indépendance stratégique par rapport à Copenhague est sur la table, est plus que jamais, un objectif majeur des projets de sécurité planétaires de Washington face à Pékin et Moscou. La base de Thulé (établie en1951) et ses installations radar sont toujours la colonne vertébrale de la défense anti-missiles face au Moyen Orient, à laquelle est, depuis 2005, associé le complexe militaro-industriel danois.

Tiré à hue et à dia entre ses préoccupations de développement, sa volonté d’indépendance complète vis-à-vis de Copenhague, l’implication croissante des grands acteurs stratégiques et économiques de la planète - dont la Chine, les Etats-Unis, la Russie, l’UE et le Canada - en compétition féroce pour le ressources et les lignes de communication, sur fond de montée des risques écologiques, le Groenland, comme d’ailleurs toute la zone arctique, est devenu un enjeu à la fois économique et de sécurité.

La Chine, observateur non permanent du Conseil Arctique, n’est pas très bien placée dans cette compétition où les riverains tiennent le haut du pavé. Depuis quelques années pourtant, elle s’emploie à renforcer ses positions. Au point qu’à la faveur des récentes tensions financières entre l’Islande, Londres et Bruxelles, elle gagne du terrain auprès de Reykjavik, alors que l’influence de l’UE dans toute la zone donne des signes de recul.

La présence de Pékin dans la région est directement liée à ses besoins en ressources, à quoi s’ajoutent les contraintes de son commerce et de ses lignes de communication logistiques. Devenue le premier exportateur mondial en 2009, devant l’Allemagne, la Chine dépend en effet lourdement du transport maritime, qui compte pour 46% de son PNB.

Dans ce contexte, la zone arctique riche en ressources, qui, de surcroît, offre des voies d’approvisionnement raccourcies – le parcours arctique entre la Mer Jaune et Rotterdam est plus court de 3000 miles nautiques et permet d’économiser en moyenne deux semaines de navigation et 300 000 $ - est au centre des préoccupations chinoises depuis 1996 -, date à laquelle Pékin a intégré la structure académique non gouvernementale du Comité International Scientifique de l’Arctique.

En 2004, la Chine devenait aussi le 8e pays à installer sur l’archipel norvégien des Svalbard, presqu’à mi-chemin entre Rotterdam et le détroit de Béring, une station de recherche scientifique baptisée « Fleuve Jaune », détachée du Centre de Recherche arctique de Shanghai. Simultanément, le « Dragon des Neiges - 雪龙 – Xue Long » (voir photo en page 1, source Xinhua), le plus gros brise glaces non nucléaire de la planète, effectuait plusieurs expéditions arctiques dont une en Islande en 2011, tandis que l’institut océanique de Pékin 北京海洋研究院 – Beijing Haiyang Yanjiuyuan - et le Centre National de développement maritime de Qingdao 青岛中国海洋发展研究中心 étudient l’ensemble des potentiels et opportunités de la zone.

Les nouvelles ambitions chinoises ont éclaté en mars 2010, quand l’amiral Yin Zhuo, ancien président de l’Institut de Stratégie Navale - 海洋战略研究所 – Haiyang Zhanlue Yanjiusuo - déclara que « la zone arctique appartenait à tous les peuples du monde », et que « la Chine, qui abritait 20% de la population mondiale devait y jouer un rôle essentiel ». Mais quelques mois plus tard, l’amiral Vladimir Vyotsky commandant en Chef de la marine russe réagissait, stigmatisant la virulence multiforme des stratégies obliques, notamment de la Chine, ajoutant que « la Russie n’abandonnerait pas un pouce de ses intérêts dans la zone arctique ».

Bien que Pékin n’ait jamais officiellement défini sa stratégie dans la région arctique, il est clair qu’elle vise à augmenter son influence pour, in fine, peser dans les négociations sur les droits de passage et l’attribution des concessions d’exploration. A cet effet, elle multiplie ses actions de recherche scientifique et met en œuvre une approche systématique des pays riverains que sont le Canada, la Norvège, le Danemark et l’Islande. Ce dernier étant l’objet d’une insistance particulière depuis plusieurs années.

La route chinoise vers le Grand Nord, Copenhague, Oslo et Reykjavik passe par le port nord-coréen de Rajin sur la Mer Jaune – où Pékin investit 10 Mds de $ - ; elle continue par les détroits de Lapérouse (Soya en Japonais), entre les Iles de Sakhaline et Hokkaido, à 2000 nautiques du Détroit de Béring.

Mais, il y a loin de la coupe aux lèvres. Compte tenu des intérêts en jeu, dans un contexte de fortes rivalités, et en dépit du resserrement des liens de la Chine avec plusieurs pays riverains (Russie, Canada, Islande, Norvège, Danemark) ou avec des observateurs permanents comme l’Allemagne, l’accès de Pékin au statut d’observateur permanent du Conseil Arctique sera difficile, tant les méfiances subsistent.

En Islande, le récent projet d’un homme d’affaire chinois comprenant l’acquisition pour 200 millions de $ de 30 000 hectares destinés à un complexe touristique a été bloqué par le gouvernement, tandis qu’avec la Norvège le contentieux du prix Nobel de la paix n’est toujours pas effacé.

En attendant que se décantent les possibilités chinoises dans le domaine de l’exploitation des ressources, où, on l’a vu, le paysage est déjà très encombré, Pékin prépare l’avenir et place ses pions dans le secteur des transports. Malgré l’opacité des projets en cours, des indications laissent penser que les stratèges chinois réfléchissent à la possibilité d’établir, dans un des fjords qui découpent les côtes islandaises, un pôle logistique pouvant assurer le transbordement et le stockage des cargaisons sur la route du commerce Chine – Europe.

Ces projets sont accompagnés par la visite de Wen Jiabao en avril 2012, à Reykjavic (la dernière visite de haut niveau par le Président Jiang Zemin lui-même avait eu lieu en 2002), suivie deux mois plus tard – du 13 au 15 juin -, par celle du président Hu Jintao à Copenhague, venu tâter le terrain des opportunités au Groenland.

S’il est vrai que les perspectives y sont déjà bien hypothéquées par Washington, il n’en reste pas moins que la puissance financière et l’aptitude des banques chinoises à proposer des prêts préférentiels difficiles à concurrencer pourraient ouvrir une brèche dans le mur des méfiances. La puissance de frappe financière de Pékin pourrait également contribuer à déblayer les réticences qui font obstacle à l’attribution de concessions d’exploration aux « majors » chinoises.

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BREVES

Shenzhou 9 vers le « Palais céleste ».

Le 16 juin, une fusée Longue Marche a lancé depuis le pas de tir de Jiuquan, dans le désert de Gobi, la capsule Shenzhou 9 avec trois astronautes à bord, dont Liu Yang 33 ans, la première femme chinoise à participer à une mission dans l’espace. Il s’agit de la 4e mission habitée depuis 2003 et le vol orbital de Yang Liwei.

La mission durera 13 jours et devrait permettre d’amarrer la capsule à la station Tiangong 1, mise en orbite en septembre 2011 et embryon de la station spatiale chinoise, dont l’achèvement est envisagé pour 2020. L’étape qui vient de commencer est un pas important pour la maîtrise des technologies et techniques d’amarrage.

Avant le lancement le Général Hu Yu commandant le projet de capsules habitées a précisé que les intentions chinoises étaient pacifiques et n’avait que des buts scientifiques. La déclaration n’engage que ceux qui y croient.

Dans un contexte où, après les attentats terroristes contre New-York en 2001, les Etats-Unis furent les premiers à envisager de militariser l’espace, sous la poussée de Georges Bush, dont les projets ont été relayés par l’armée de l’air américaine, tandis qu’aujourd’hui, le Pentagone envisage de coopérer avec l’Inde, il est peu probable que Pékin fasse l’impasse sur ce pan important de sa défense.

Le 4 novembre 2009, le général Xu Qiliang, commandant l’armée de l’air, en rupture avec l’habituelle prudence des militaires, dont les discours sont calibrés par la doctrine officielle, avait déclaré sans ambages, avant de se rétracter quelques jours plus tard : « la compétition militaire se développe dans les airs et dans l’espace. Elle est historiquement inévitable, et il est impossible de revenir en arrière. S’il est vrai qu’elle est un défi à la paix, il est aussi vrai que, seule la force, permet d’avoir de l’influence ». (Lire notre article Course aux armements dans l’espace).

La Chine est maintenant le seul pays à effectuer des vols habités. La Russie les ayant pour l’instant abandonnés, tandis que les Etats-Unis ne les reprendront qu’après 2017.

Mise à jour le 20 juin : Le 18 juin, la capsule Shenzhou s’est arrimée sans difficulté au module Tiangong 1. La manoeuvre a été retransmise pendant 4 heures par CCTV et a soulevé l’enthousiasme des Chinois. Entre le 1er vol habité (2003), dont le niveau technique était rudimentaire, et cette manoeuvre délicate, seulement 9 années sont écoulées. Ce qui signale les progrès rapides de la Chine dans le domaine spatial.

La station en cours de montage devrait être achevée en 2020. Elle aura la dimension de la station russe MIR, restée opérationnelle jusqu’en 2001. A cet effet Pékin développe la fusée Longue Marche 5, dont la capacité d’emport sera portée à 25 tonnes, adaptée aux modules de la future station. Le nouveau lanceur placera la Chine dans une position favorable sur le marché des mises en orbite des satellites.

Coopération nucléaire franco-chinoise.

Une échauffourée vient d’avoir lieu entre Paris et Pékin à propos des exportations de centrales nucléaires chinoises, construites avec des technologies françaises, dont la vente est règlementée par un accord gouvernemental datant de 1995.

Ce dernier stipule que toute exportation chinoise d’équipements nucléaires construits avec des éléments d’origine française est soumise à un accord préalable. C’est dans ce contexte que Paris a fait pression sur l’Afrique du Sud, et en faisant appel à l’OCDE, pour bloquer la vente par Pékin à Pretoria d’une centrale utilisant des technologies françaises.

Le litige a été suivi d’une réunion bilatérale à Paris au plus haut niveau pour la remise à plat de la coopération nucléaire franco-chinoise, dans un contexte où AREVA ne souhaite pas brader ses compétences, même si le groupe français a conscience que la Chine est un des seuls marchés d’envergure de la planète.

Une fois reconnues les compétences d’AREVA, Pékin et Paris ont convenu que des réacteurs nucléaires seraient développés en Chine, dans le cadre d’une coopération industrielle à majorité chinoise, mais assortie d’accords bilatéraux exclusifs sur les marchés extérieurs, dont les termes seront à négocier en fonction des clients.

L’accord qui établit une coopération industrielle lourde, dont les produits seront utilisés par EDF pour renouveler le parc des centrales en France, pourrait donner pour un temps au nucléaire français un avantage sur le marché chinois. Mais il comporte le risque de transferts de savoir-faire avec des conséquences négatives sur le tissu industriel en France. Mis en œuvre en Chine sous la direction d’AREVA, avec l’opérateur EDF sur les marchés d’export, il répond aux difficultés financières d’EDF et de la filière nucléaire française aujourd’hui confrontée à la charge du remplacement des centrales vétustes.

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Les ambitions chinoises de prospection sous-marine.

Avec le module sous marin Jiaolong, la Chine s’est dotée d’un submersible d’exploration pouvant plonger à 7000 m de profondeur visant à explorer les possibilités d’exploitation des nodules polymétalliques.

Selon le Bureau des affaires océaniques l’exploitation pourrait commencer d’ici 2030. 80 000 km2 de fonds marins ont déjà été explorés dans l’océan indien et le Pacifique. Selon le site du Bureau des Affaires océaniques, la Chine aurait en 2009 engagé 500 Mds de $ dans la recherche marine.

Le 11 juin, le Jialong a été transporté au-dessus de la fosse des Mariannes, où il tentera la première plongée de l’histoire, à 7000 m de profondeur.

La Chine s’intéresse aux grands espaces.

Le gouvernement australien a révélé fin mai que la Chine était prête à investir des milliards de $ pour développer de vastes étendues de terres vierges dans le Nord de l’Australie, ajoutant que des études étaient en cours avec Pékin pour mener à bien le projet. Selon le ministre du commerce Craig Emerson, l’importation de main d’œuvre chinoise serait exclue. La révélation a provoqué une controverse dans le pays où la vente de terres à des étrangers est une affaire sensible.

Le fait est que l’Australie dispose de millions d’hectares de terres sous utilisées et d’eau en abondance. A ce jour la Chine a acheté ou loué des terres en Afrique et en Amérique Latine pour satisfaire la classe moyenne montante. Les priorités en Chine resteront la culture de riz et de blé tandis que les terres extérieures seraient consacrées aux nouvelles demandes de viande de bœuf, de mouton, de sucre et de produits laitiers.

Depuis 1978 la consommation de viande en Chine a été multipliée par 10 pour atteindre chaque année 78 millions de tonnes, soit 25% de la production mondiale, ce qui représente 10 fois la consommation française et 2 fois celle des Etats-Unis.

La Chine en tête dans les énergies vertes.

Les fabricants chinois de « technologies vertes » se sont taillé la part du lion sur le marché mondial, devant les Etats-Unis et l’Allemagne. Les marchés les plus prometteurs sont (croissance entre 2010 et 2011) Taïwan (+36%), la Chine (+29%), l’Inde (+19%), la Corée du Sud (+19%), les Etats-Unis (+17%).

La Chine produit 50% des panneaux solaires fabriqués dans le monde. Les principales sociétés sont les chinoises Suntech Power, JA Solar, Trina Solar et Yingly, suivent l’américain First Solar et l’allemand Q-Cells. C’est aussi en Chine que la majorité des panneaux sont assemblés.

La Chine est aussi en tête de la fabrication des éoliennes, devant l’Allemagne, le Danemark (ces trois pays détiennent à eux seuls 60% du marché) et les Etats-Unis 11%. Les Etats-Unis tiennent en revanche la corde sur le marché du Bioéthanol (61%), le Brésil est 2e avec 30%, la Chine est 3e, loin derrière, avec 3%.

Boom des aéroports. Baisse des profits.

Selon le Directeur de l’Aviation Civile, Li Jiaxiang, d’ici 2015, 70 aéroports neufs seront construits en Chine, 100 autres seront agrandis et les compagnies aériennes chinoises achèteront 300 appareils par an. D’ici 3 ans la flotte commerciale chinoise comptera 4700 avions.
Toutefois le ralentissement de l’économie chinois entraînera une baisse notable des profits des compagnies aériennes. Alors qu’ils étaient de 15,8 Mds de $ en 2010, ils ne seront plus que de 3 Mds en 2012.

Graves problèmes techniques pour l’ARJ 21

L’ARJ 21 (90 places) premier appareil moyen courrier construit en Chine rencontre de graves problèmes techniques qui font douter de la viabilité du projet. Depuis 2 ans des tests ont révélé des défauts dans les ailes, dans les circuits électriques et l’avionique, révélant des problèmes d’intégration du système. C’est la première fois que la COMAC (Commercial Aircraft Corporation of China) fait état des problèmes.

Dans ces conditions, la certification de l’ARJ 21 ne sera pas possible avant 2013, avec 5 ans de retard sur le calendrier. Les ennuis de l’ARJ 21 jettent des doutes sur la capacité de la COMAC à produire le C919, comme prévu en 2016, et font craindre que l’appareil soit déclassé face aux nouveaux modèles proposés à cette date par Airbus et Boeing.

 

 

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