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›› Economie

3e trimestre 2013. La lutte contre la corruption et les monopoles cible les groupes étrangers

Le freinage de la croissance s’est stabilisé à l’été, mais la plupart des observateurs chinois et étrangers attendent le plenum du Comité Central de novembre pour évaluer le comportement de l’économie chinoise en 2014. Les grands axes des réformes industrielles, économiques et dans certains cas politiques sont cependant fixés : assainir le système financier ; lutter contre les féodalités des banques et des grands groupes publics, leurs gaspillages et leurs tendances à construire des monopoles ; préparer l’urbanisation du pays, vue comme un adjuvant à la consommation interne, d’abord par des grands travaux d’infrastructures de transport.

S’il est vrai que les grands chantiers sont déjà en route, avec, par exemple, la création très médiatisée de la zone sous douane de Shanghai, laboratoire national de l’ouverture économique et du dégrippage du système financier, on constate cependant que nombre de restrictions subsistent, perpétuant des secteurs inaccessibles aux étrangers.

Dans le même temps, les investissements d’infrastructure nécessaires au développement des villes qui ont fonctionné comme un soutien à la croissance, portent le risque d’une nouvelle dérive financière et d’un retour à la hausse, déjà perceptible, des prix immobiliers. Cette tendance qui se heurte aux restrictions du marché immobilier intérieur a favorisé le déploiement des capitaux chinois vers le marché immobilier international.

La libéralisation des taux d’intérêts, rendue publique le 19 juillet est, comme à l’habitude, mesurée et encadrée. Surtout elle n’est, selon les experts chinois eux-mêmes, pas près de concerner les dépôts des particuliers. Quant à la convertibilité de la monnaie, s’il est vrai qu’elle progresse à l’international, la libéralisation totale des changes se heurte toujours à la crainte que le régime éprouve en interne pour la spéculation financière aux effets politiquement déstabilisants.

Le lent mouvement réformiste de l’économie chinoise se met en place sous le poids grandissant de la consommation d’énergie toujours tributaire du charbon à plus de 60% et de plus en plus dépendante des importations d’hydrocarbures, en dépit des réels efforts du pouvoir pour le développement des sources d’énergie alternatives. Dans ce contexte le pouvoir a déployé une stratégie de pressions, par le biais des États-Unis et de l’Asie Centrale pour pousser la Russie à conclure l’accord attendu depuis près de 10 ans sur le prix du gaz et dont certains observateurs disent qu’ils serait imminent.

Enfin, le trimestre a vu se développer, sous couvert de lutte contre la corruption et les monopoles, une tendance préoccupante du système politique chinois à s’attaquer en priorité aux groupes étrangers du secteur pharmaceutique et de l’agroalimentaire avec des signes précurseurs laissant présager des assauts ultérieurs contre le secteur automobile, avec comme cibles privilégiées les JV et les véhicules importés.

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CONTRÔLE MACRO ÉCONOMIQUE

Craignant une baisse excessive de la croissance le gouvernement a entrepris de soutenir l’économie par une relance ciblée favorisant les PME ainsi que par la poursuite de grands travaux ferroviaires dans l’Ouest et des projets aménagement urbain dans les municipalités de 2e et 3e rang. Cette stratégie a donné des résultats fragiles avec des effets en partie indésirables sur la relance des transactions immobilières génératrices de hausse des prix.

En même temps le pouvoir s’attaque aux monopoles des grands groupes qui cherchent à limiter les effets de la concurrence en s’accordant sur les prix. Pour l’instant cette offensive n’a ciblé que les groupes pharmaceutiques et agro-alimentaires étrangers et les fabricants de matériel médical. Mais selon une source officielle, la lutte contre les monopoles pourrait bientôt s’élargir à d’autres secteurs. La dernière cible en date semble être le secteur automobile, où, là aussi, les premières visées sont les marques étrangères.

Relance ciblée et reprise fragile.

Suite aux chiffres de croissance en baisse du 2e trimestre, le gouvernement a tenté une relance ciblée. A partir du mois d’août 6 millions de PME ont été exemptées de TVA (estimations du gouvernement), tandis que les taxes à l’export ont été réduites ; en même temps des travaux d’infrastructures de transport ont été planifiés dans les zones rurales pauvres, appuyés sur un « fond d’investissement ferroviaire », tandis que, d’ici 2015, dans les zones urbaines devenues une priorité du pouvoir, 100 Mds de $ seront consacrés au développement de 1000 km de métro à Qingdao, Wuxi, Changzhou, Fuzhou, Dongguan, Changsha, Nanchang et Harbin. (Source Commission Nationale pour la Réforme et Développement – CNRD -).

D’ici 2020, 3000 nouveaux km de métro seront construits dans 36 autres villes, notamment dans l’ouest du pays, dont Urumqi et Lanzhou. Selon la CNRD, le gouvernement consacrera au total 3500 Mds de Yuan soit plus de 700 Mds de $ au développement des transports urbains souterrains.

En parallèle et pour éviter les dérives, le pouvoir dit vouloir mettre en place des mesures de contrôle pour empêcher les mauvaises allocations de crédits par les gouvernements locaux dont les dettes sont estimées à 20 000 Mds de Yuan par la Standard Chartered Bank, alors que les chiffres officiels, résultats d’un audit commandé en juin 2013 par le Conseil des Affaires d’Etat les situent à 10 300 Mds de Yuan (1600 Mds de $).

Fin septembre les statistiques officielles confirmées par HSBC faisaient état d’une « stabilisation de la croissance », avec notamment une reprise de la production à son plus haut niveau depuis six mois. Dans le même temps les indices boursiers de Hong Kong et Shanghai repartaient à la hausse fin juin (+18% et +12% respectivement), tandis que la bourse de Shenzhen, tirée vers le haut par le secteur des technologies de l’information à fort potentiel de croissance, gagnait 20%. Selon Bloomberg la croissance du troisième trimestre a été de 7,7%.

Les estimations positives du gouvernement et de HSBC sont cependant nuancées par une enquête du « Livre beige » menée par la Réserve Fédérale américaine auprès de 2000 patrons d’entreprises de tous les secteurs de l’économie chinoise. Le rapport note en particulier que les flux financiers du 3e trimestre n’ont pas épongé les dettes et que la croissance avait ralenti dans les secteurs des ressources minières et de la construction. S’il est vrai que la distribution et les services avaient connu une légère hausse, le marché de la main d’œuvre restait tendu, dans un contexte général où les offres d’emploi avaient baissé.

Les analystes chinois sont tout aussi prudents. Ils estiment pour la plupart que le maintien en 2014 de la dynamique positive dépendra des décisions annoncées par le plénum du Comité Central de novembre prochain.

Rebond immobilier

Les prix de l’immobilier sont repartis à la hausse avec +19,3% et +18,5% des prix des locaux commerciaux à Pékin et Shanghai, tandis que les prix des logements continuaient à augmenter partout d’une valeur comprise entre 7 et 10% dans les 70 villes de second rang à l’exception de Wenzhou et Haikou. Dans les villes de 3e rang, la moyenne de la hausse est de 6%.

Au cours des 8 premiers mois de 2013, les sociétés immobilières ont augmenté leurs achats de terrains dans un contexte où l’État a allégé quelques unes des contraintes mises en place par le précédent gouvernement. De janvier à août à Pékin, les revenus des transactions avaient atteint 17 Mds de $, près de 70% au-dessus des profits enregistrés au cours de 2012 (10,6 Mds de $). Si la tendance continuait, 2013 verrait un total des profits à 20 Mds de $ se rapprochant du record historique de 2010 (26,8 Mds de $).

Ces tendances indiquent un retour de confiance des investisseurs qui par leurs achats de terrains préparent de nouveaux projets, dont une des premières conséquences sera de tirer les prix vers le haut.

En même temps les projets immobiliers augmenteront les revenus fiscaux de l’État dédiés à l’aménagement urbain. Mais dans ce contexte marqué par un rebond des transactions foncières 60% des revenus des gouvernements locaux restent toujours liés à l’immobilier. Un lien sulfureux qui entretient la collusion des administrations avec les affaires spéculatives du secteur, favorise la corruption et constitue un puissant obstacle à l’allocation efficace des ressources financières et, in fine, au rééquilibrage harmonieux de la croissance.

Le gouvernement s’en prend aux monopoles.

En juillet, le département anti-monopole a pris dans son collimateur les fabricants de matériel médical chinois et étrangers en lançant une enquête très détaillée qui visait les pratiques occultes d’accords illégaux sur les prix entre les acteurs du secteur.

Selon Xu Kunlin, chef du bureau anti-trust à la Commission Nationale pour la Réforme et Développement, qui s’exprimait sur CCTV, l’offensive contre les monopoles des grands groupes pourrait également viser les secteurs du pétrole, de la banque, des télécoms et de l’automobile. Dans le même temps, les médias faisaient état d’une enquête en cours sur les prix pratiqués par les groupes automobiles étrangers.

Pour l’heure les premières attaques contre la fixation illégale des prix ont surtout ciblé des groupes étrangers comme Danone, Fonterra, GSK, Novartis et Sanofi. La suite dira si le gouvernement à l’intention de limiter ses attaques aux étrangers ou s’il osera s’attaquer aux piliers des prébendes que sont les grands groupes chinois. (voir le paragraphe Chine – Monde).

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FINANCES

La situation du système financier chinois a été marquée par deux événements majeurs : D’abord le desserrement partiel du contrôle du taux d’intérêt des banques, dont les effets seront cependant réduits par le cadre strict dans lequel il s’inscrit et par la prudence des banques ; Ensuite, le lancement des opérations de la zone franche de Shanghai que les autorités conçoivent comme une première étape exemplaire avant la généralisation à tout le pays des mesures de libéralisation économique et financière.

1. Le 19 juillet la Banque Centrale a desserré son contrôle sur les taux d’intérêt ce qui permet désormais une concurrence limitée entre banques publiques. Comme à l’habitude, la mesure est très encadrée et prudente. Une limite haute a été fixée à 10% du taux de référence. En théorie la possibilité de prêter à faible taux devrait réduire les frais d’investissement et fonctionner comme une relance financière, mais les banques publiques qui tiennent à leurs marges n’ont pour l’instant pas réduit de manière significative les taux d’emprunt.

Quant aux taux d’intérêts des dépôts, Yu Yongding, ancien membre de la Commission chargée de la politique monétaire à la banque centrale, aujourd’hui chercheur à l’Académie des Sciences Sociales, estime « qu’ils ne seront pas augmentés avant longtemps ». Ce double constat trace les limites de la libéralisation des taux d’intérêt.

2. Le 29 septembre Pékin a officiellement lancé les opérations de la nouvelle zone franche de Shanghai désignée comme une étape essentielle des réformes financières dont le premier ministre a fait une priorité. La presse officielle considère qu’il s’agit de la plus importante réforme depuis l’instauration des zones économiques spéciales au début des années 80.

Établie sur une surface de 29 km2 couvrant le secteur géographique de Pudong et de l’aéroport à l’est de la ville, la zone constituera le terrain d’expérimentation pour les réformes financières et les mesures d’ouverture du marché indispensables à la poursuite de la croissance. A terme, il s’agit de supprimer les contraintes et limites aux investissements étrangers et de libérer le secteur des services. En même temps la zone franche servirait de laboratoire à la convertibilité de la monnaie et à la libéralisation complète des taux d’intérêt des banques.

Selon la presse officielle 25 sociétés étrangères et chinoises des secteurs de la construction des travaux publics et de la logistique ont déjà été enregistrées. Les sociétés étrangères seront autorisées à investir dans ses secteurs jusque là ultra protégés ou seulement partiellement ouverts comme la banque, l’assurance médicale, les ressources humaines ou le tourisme. Elles pourront installer leur siège social ou des succursales dans la zone franche et opérer seules ou en JV avec des sociétés chinoises.

L’effet sur la bourse chinoise a été immédiat puisqu’en 30 jours la cote des valeurs liées à la zone franche a augmenté de manière spectaculaire. C’est le cas de la société de distribution Shanghai Waigaoqiao (+ 243%), du port de Shanghai (+ 150%) et de Shanghai Material Trading - 上海物资贸易股份有限公司 (+ 90%).

Mais plusieurs analystes financiers mettent en garde contre l’illusion que les facilités accordées dans la zone franche seraient vites étendues à toute la Chine, notamment en ce qui concerne la libération des changes. « Il est impossible qu’une libéralisation partielle à Shanghai n’occasionne pas, ailleurs en Chine, une pression à la hausse de la monnaie, ce qui ne manquera pas de déclencher de fortes tendances spéculatives », explique Chaig Chan, directeur des stratégies internationales du groupe Japonais Nomura (Banque, services financiers, hydrocarbures, constructions, chimie).

La réalité de ces contraintes est au demeurant apparue aux responsables de la zone franche puisque depuis son lancement, la convertibilité de la monnaie semble avoir perdu son caractère prioritaire.

Enfin, exprimant les réticences de certains nouveaux secteurs lucratifs, terrains privilégiés des prébendes, le 30 septembre, le gouvernement a publié une liste de 18 activités sensibles auxquelles les investisseurs étrangers, y compris ceux de Hong Kong et Macao n’auront pas accès. Il s’agit, entre autres, des secteurs de l’information, de l’édition, des salles de cinéma, de la production et de la diffusion de films, des terrains de golf, des bars internet, des armes et des munitions, de la vente aux enchères d’œuvres d’art historiques, et de la génétique. La construction et l’exploitation de parcs à thèmes sans être complètement interdites font également l’objet d’importantes restrictions.

A l’intérieur, le marché financier reste fragile marqué par la lenteur des réformes, elles-mêmes à la racine des difficultés à libéraliser le Yuan. Un symptôme de la fragilité interne du système est apparu lorsque après une épidémie de retraits dont la somme a atteint 200 Mds de RMB (24 Mds d’€) au cours des trois premières semaines de septembre, autour de la fête de la lune et de la fête nationale, les réserves des 4 grandes banques publiques sont passées sous le taux de réserves obligatoires exigé par le Commission de Régulation Bancaire. Pour compléter leurs réserves certaines succursales ont offert des d’intérêts au taux très inhabituel de 10 %.

A l’extérieur, même si le RMB est désormais classé dans les 10 premières monnaies mondiales avec un total de transactions en Yuan équivalent à 120 Mds de $ - en 3 ans la monnaie chinoise a gagné 8 places dans le classement international des monnaies les plus fréquemment utilisées et échangées -, la part totale des transactions en Yuan n’excède pour l’instant pas 3% des transactions globales et 10% de la valeur du commerce extérieur chinois. (Selon HSBC, cette proportion pourrait atteindre 30% en 2015).

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PRODUCTION. INDUSTRIE LOURDE. ÉNERGIE

Après un rebond en juillet et août, la hausse de l’indice CPI a accusé un freinage en septembre, ce qui a installé un doute sur la stabilité de la reprise. Dans ce contexte, le souci du PM sera de garantir l’objectif de croissance de 7,5% pour 2013, tout en poursuivant ses efforts pour rationaliser les secteurs les plus gaspilleurs, notamment dans l’industrie lourde, avec comme point de mire depuis déjà de nombreux mois, le secteur de l’acier qui continue de bénéficier presque sans limites des prêts des banques publiques.

Parmi les grands groupes publics ceux du secteur des hydrocarbures accumulent les bénéfices favorisés par la boulimie d’énergie de l’économie et les mesures d’ajustement en temps réel des prix aux cours mondiaux du pétrole.

Fragilité des aciéristes.

La sidérurgie fournit un excellent exemple de la fragilité de l’industrie lourde publique ou privée. A la mi-septembre, Xu Kuangdi, ancien maire de Shanghai, aujourd’hui président de l’association des métallurgistes tirait la sonnette d’alarme en signalant que la presque totalité des aciéristes chinois étaient exagérément endettés avec 30% d’entre eux ayant un ratio de créances supérieur à 80% de leurs avoirs, avec 5 d’entre eux devenus insolvables. Logiquement le constat dénonce aussi l’accumulation de surplus et l’attribution de prêts d’État en priorité aux grandes entreprises publiques.

Selon une enquête de l’association, les 86 entreprises du secteur avaient bénéficié de 1300 Mds de Yuan de prêts bancaires, soit 210 Mds de $ (chiffre de juin 2013) ce qui représente près de 1,7 fois le profit moyen des sociétés, créant une situation d’endettement chronique. Le secteur est également handicapé par des surcapacités évaluées à 33% dans un contexte général où les prix de l’acier ont baissé de près de 12% depuis un an et où, contraintes par une faible demande extérieure, les exportations se tassent.

Selon Xinhua, en Juin, le secteur de l’acier a enregistré 113 millions de $ de pertes, avec une marge moyen de profit de 0,13%, la plus faible de tout l’industrie chinoise.

La boulimie d’hydrocarbures profite aux pétroliers chinois.

La dépendance de la Chine aux importations de pétrole augmente, alourdissant la facture énergétique du pays, mais favorisant la croissance spectaculaire des bénéfices des grands groupes chinois d’hydrocarbures, encore accélérée par une politique plus souple d’ajustement des prix domestiques aux variations du cours du pétrole. L’accroissement de la dépendance extérieure et la rémanence énergétique du charbon s’accompagnent d’un effort soutenu pour développer les énergies alternatives.

A la fin septembre, Zhang Guobao, ancien Directeur de l’Administration Nationale pour l’énergie où il travaille toujours comme consultant, annonçait à la foire annuelle des pays arabes, qu’en 2013 les importations de pétrole atteindront 300 millions de tonnes, portant à 60% le taux de dépendance extérieure de la Chine, qui devient à la fois le 1er consommateur et le 1er producteur d’énergie de la planète. Dans le même temps, la dépendance au gaz naturel importé atteignait 28% de la consommation.

Au cours des 6 premiers mois de 2013 et alors que l’État a accepté de lier les tarifs à la pompe aux prix du marché international, avec une possibilité d’ajustement hebdomadaire, provoquant de fréquentes variations de prix, les 3 sociétés pétrolières nationales ont vu leurs profits augmenter de 24,1% pour Sinopec (à 4,8 Mds de $), de 5,6% pour Petrochina (à 10 Mds de $) et de 7,9% pour CNOOC (à 5,6 Mds de $). Cette situation fait des trois conglomérats chinois d’hydrocarbures les entreprises les plus profitables d’Asie.

Mais le charbon reste encore à 67% la source d’énergie majeure du pays, en dépit de la promotion active des énergies propres et renouvelables – fin 2012 la capacité installée d’énergie éolienne atteignait 100,4 Mds de KW – n°1 mondial -, mais seulement 2% du total des sources d’énergie chinoises, avant le nucléaire -. A la mi-juillet le Conseil des Affaires d’état a augmenté de 75% l’objectif capacitaire de l’énergie solaire pour 2015, porté de 20 à 35 Gigawatts. La décision est de nature à donner un coup de fouet à l’industrie solaire, après l’issue favorable pour la Chine de la querelle des panneaux solaires avec l’UE.

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CHINE – MONDE (1)

La période a été dominée par : 1) les projets liés à la quête d’énergie (gaz de schiste aux États-Unis, investissements dans les hydrocarbures égyptiens, négociation sur les prix du gaz russe) ; 2) le scandale du lait néo-zélandais contaminé ; 3) les investissements chinois dans l’agroalimentaire aux États-Unis et en Israël ; 4) les accusations de corruption contre plusieurs groupes pharmaceutiques étrangers ; 5) la quête d’investissements immobiliers chinois à l’étranger et 6) de nouveaux soupçons d’espionnage contre Huawei venant des Etats-Unis et de la Grande Bretagne.

Quête d’énergie.

A la mi-juillet les compagnies d’hydrocarbures chinoises avaient au total investi plus de 5 Mds de $ dans le gaz de schiste aux États-Unis par le truchement de JV. Cet intérêt a été réaffirmé par les autorités chinoises lors de la 5e session du dialogue stratégique et économique entre Washington et Pékin en juillet 2013. La Chine qui dispose de nombreuses réserves de gaz de schiste sur son sol cherche par ce biais à acquérir les savoir-faire nécessaires à l’extraction. Sans nier que des obstacles existaient, la réponse officielle américaine a été favorable. La manœuvre avait également pour objet de faire pression sur le prix du gaz russe.

Le 5 septembre, alors que le Président Xi Jinping était à Saint-Pétersbourg pour le G20 il a présidé à la signature entre Gazprom et CNPC d’un accord préliminaire pour la livraison à la Chine de gaz russe par le gazoduc venant des gisements de Sibérie. En négociation depuis 10 ans l’accord buttait sur les prix du gaz. Selon Li Jianmin chercheur à l’Académie des Sciences Sociales la signature du memorandum constituerait un signal positif indiquant que les deux pays étaient proches d’un accord définitif sur le prix.

L’explosion des investissements chinois en Russie au cours du premier trimestre 2013 qui ont atteint 2,23 Mds de $, contre seulement 740 millions de $ pour toute l’année 2012 a probablement facilité ce début d’accord. ll est aussi possible que l’intérêt chinois manifesté pour le gaz de schiste américain et le gaz turkmène a incité les Russes à céder à un compromis.

Fin août on apprenait que Sinopec avait reçu l’accord du gouvernement chinois pour investir 3 Mds de $ dans l’acquisition de 33% des parts du groupe américain d’hydrocarbures Apache corp opérant dans la partie occidentale de l’Egypte. S’il est confirmé, l’accord pourrait constituer un premier pas pour un accord énergétique plus large. L’entrée de Sinopec dans le capital du groupe américain donnera à la société chinoise une part dans l’exploitation de gisements égyptiens qui produisent chaque jour 100 000 barils de pétrole et 354 millions de m3 de gaz.

Le lait néo-zélandais sur la sellette.

Le secteur du lait a été gravement secoué par le scandale qui a frappé le groupe néo-zélandais Fonterra début août dont un chargement de 38 tonnes de protéines de lactoserum exportées en Chine contenait des bactéries pouvant provoquer le botulisme. Le 5 août Theo Spirrings, le PDG du groupe présentait ses excuses aux autorités et aux consommateurs chinois.

Il est important de noter que c’est le groupe néo-zélandais lui-même qui a mis à jour la contamination avant d’en informer ses clients. Selon la presse néo-zélandaise le soupçon d’une contamination courait depuis mars dernier. Le problème n’aurait été clairement identifié que fin juillet, après une longue série de tests qui, selon le PDG, expliqueraient les délais mis par la société pour dévoiler l’information. Les clients industriels ont été alertés le 31 juillet et le grand public quelques jours plus tard.

Quand les places boursières reçurent la nouvelle que Fonterra rappelait le chargement de lactoserum et 1000 tonnes d’autres articles, tandis que la Chine imposait un embargo sur les produits du groupe, la monnaie néo-zélandaise perdit 2,4% sur le Dollar et les actions de Fonterra chutèrent de 8,7%.

Investissements agro-alimentaires aux États-Unis et en Israël.

Le rapprochement annoncé le 5 juillet dernier entre le producteur de lait Yili et l’Américain DFA (Daily Farmers of America, la plus grande coopérative laitière aux Etats-Unis, comptant 13 000 producteurs dans 48 états, couvrant plus de 30% du marché américain) était aussi une riposte aux manœuvres de son concurrent Mengniu sur le marché chinois dans le secteur du lait pour nourrisson (JV avec le Français Danone ; achat de parts du Chinois Yashili International leader du lait pour bébé et, pour 400 millions de $, de 27% des parts de China Modern Dairy Holdings, plus grand producteur de lait chinois).

Selon Yili le mémorandum signé par les deux géants avait pour but de créer un partenariat de long terme pour les achats de lait et les services liés à l’agriculture. N°3 mondial pour la production de lait, derrière les États-Unis et l’Inde, la Chine est le marché du lait qui se développe le plus rapidement, à raison de plus de 14% annuellement.

Selon le Global Times le groupe Shanghai Bright Food 光明食品 engagé dans une stratégie internationale visant des acquisitions en Israël, en Nouvelle-Zélande et en Europe, est en négociations pour acheter le plus grand groupe agro-alimentaire israélien Tnuva.

Si l’affaire estimée à 1,29 Mds de $ par le journal israélien Haaretz était menée à terme, elle serait la plus grosse acquisition chinoise d’un groupe israélien. En juin dernier le groupe Shanghai Fosun avait déjà lancé une OPA de 221 millions de $ pour acheter 95,2% des parts de l’israélien Alma Lasers Alma Lasers spécialisé dans les techniques médicales liées à l’esthétique

Shanghai Bright food qui est de 2e groupe agroalimentaire chinois pour les revenus a déjà acheté plusieurs autres sociétés étrangères ces dernières années, dont le Neo-Zélandais Synlait Milk Ltd, l’Australien Manassen Foods et le Français Diva.

En octobre 2012 la presse chinoise avait été très discrète sur les tests ayant révélé la présence d’additifs interdits dans les produits laitiers de Shanghai Bright. A ce moment, le site Young’s China Business dirigé par Doug Young ancien de Reuter http://www.youngchinabiz.com/en/bright-food-taints-chinas-name/ avait jugé que la compagnie était plus intéressée par le profit que par la qualité de ses produits et conseillé au gouvernement chinois de lui interdire d’investir à l’étranger.

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CHINE – MONDE (2)

Attaques contre les groupes pharmaceutiques étrangers.

A la mi-août on apprenait que le géant pharmaceutique Novartis basé en Suisse était, après GSK et Sanofi, à son tour accusé d’avoir corrompu des médecins. Le géant suisse présent dans 140 pays dans le monde qui a investi 700 millions de $ en Chine, essentiellement pour la mise au point de traitements contre des tumeurs gastriques, intestinales ou pancréatiques est accusé d’avoir versé des pots de vin à des médecins pour qu’ils prescrivent ces remèdes onéreux à leurs patients, « parfois en ignorant les risques inhérents au traitement. »

La dénonciation émanait d’une femme, agent commercial n’ayant travaillé que 7 mois pour le groupe (janvier à juillet 2013) qui avait réclamé 5 millions de Yuan à Novartis pour son silence. L’affaire a éclaté un mois seulement après que Novartis ait été accusé de corruption par la justice chinoise. Au même moment, donnant l’impression d’une opération nationale ciblant d’abord les sociétés étrangères, des inspecteurs à Pékin, Shanghai, Hangzhou et Canton signalaient qu’ils menaient des enquêtes auprès de 500 médecins dans le cadre d’une investigation du groupe français Sanofi, lui aussi accusé de corrompre les médecins.

En juillet la justice chinoise avait détenu 4 responsables du groupe GSK, accusé d’avoir payé plus de 3 Mds de Yuan de pots de vin à des fonctionnaires chinois de la santé et à des médecins. Après cette affaire qui provoqua le licenciement de 100 employés chinois de la société, le journal britannique « The Guardian » avait révélé que GSK, menacé d’une amende de 2 millions de Livres Sterling aurait fait peser la menace de stopper ses opérations en Chine. Mais le 9 septembre, le groupe qui emploie 8000 personnes et a investi 20 millions de Livres dans la recherche, démentait ces informations.

La presse étrangère focalise avec raison ses commentaires sur les deux poids deux mesures d’un système judiciaire qui concentre ses accusations uniquement contre les entreprises étrangères épargnant les Chinoises tout aussi corrompues.

Mais les analyses ignorent souvent que les dérapages observés sont en réalité le produit d’une réglementation chinoise à deux vitesses. La promotion des médicaments n’est en effet autorisée que pour les médicaments chinois fabriqués localement dont le retour sur investissement est faible. Les groupes étrangers qui investissent d’importants capitaux dans la recherche en Chine, s’appliquent donc à mettre en place des circuits de distribution occultes destinés à assurer la promotion de leurs produits.

La stratégie passe inévitablement par les médecins que les groupes chinois ou étrangers rémunèrent soit directement soit par des avantages en nature (voyages d’agrément, appartements, voitures de luxe, études à l’étranger pour les enfants) que les médecins chinois ne pourraient s’offrir avec leurs salaires ne dépassant pas quelques centaines de dollars par mois. Sans cet appoint considérable, le gouvernement chinois serait confronté au défi d’avoir à relever de manière substantielle les rémunérations des médecins.

La situation est donc paradoxale. Par leur stratégie de promotion occulte les groupes pharmaceutiques étrangers dont les efforts de recherche constituent un adjuvant pour la pharmacopée chinoise se mettent hors la loi et en situation de grande vulnérabilité vis-à-vis des autorités chinoises. Celles-ci peuvent soit fermer les yeux, soit déclencher une enquête accompagnée d’une campagne de presse critique sur le mode nationaliste, quand elles décident de faire « un exemple » ou de faire pression sur un groupe dans une transaction commerciale ou à propos d’une querelle sur un brevet.

En même temps l’effondrement du système de rémunérations sous le manteau tel qu’il fonctionne aujourd’hui créerait un grave déséquilibre financier affectant la rentabilité du système de santé chinois dans son ensemble. Enfin, dans ce paysage, les autorités chinoises disposent de l’arme absolue de l’immense marché chinois qui incite les groupes étrangers à rester présents en dépit des chausses-trappes qui les mettent régulièrement en porte à faux. Mais certains, comme Sanofi, n’hésitent pas à dénoncer la justice à deux vitesses qui vise en priorité les groupes étrangers.

Les assureurs chinois ciblent l’immobilier mondial.

Alors que les compagnies d’assurance chinoises riches de 1200 Mds d’actifs, disposent de plus de 14 Mds de $ de réserves pour des investissements immobiliers et que le marché chinois est considérablement bridé par les règles anti-spéculatives, leurs projets s’orientent de plus en plus vers l’étranger. Les principales cibles sont les marchés proches de la Chine, comme Hong-Kong, Singapour, la Malaisie ou la Thaïlande, à quoi s’ajoutent pour l’instant la Grande Bretagne, le Canada, les États-Unis et l’Australie.

Derrière cette tendance se dessine non seulement la recherche de revenus stables avec des risques de long terme modérés, mais aussi la multiplication de projets individuels en quête de points d’appui pour l’éducation des enfants ou une prochaine émigration.

Réactions de Huawei contre les soupçons d’espionnage.

Depuis plusieurs mois des commentaires aux États-Unis et en Grande Bretagne ont à nouveau accusé le géant chinois des télécoms d’être le fer de lance technologique de l’espionnage chinois. Ces accusations sont accompagnées par une longue liste d’obstacles mis en travers des investissements de Huawei en Angleterre et aux États-Unis.

L’accusation la plus dure qui va plus loin que celles des autorités de Washington, vient de Michael Hayden, ancien Directeur de la CIA et de la NSA jusqu’en 2008. « Huawei partage étroitement avec les autorités chinoises sa connaissance approfondie des systèmes de télécommunications étrangers avec lesquels le groupe chinois entretient des liens commerciaux et techniques ».

A ces accusations Huawei a répondu dans une déclaration officielle par la voix de William Plummer représentant le groupe aux Etats-Unis. Après avoir rappelé l’importance de Huawei sur le marché américain il apostrophait les critiques « Certains disent avoir des preuves que la société présente un risque quelconque. Alors qu’ils les montrent ou qu’ils se taisent. Les accusations sans preuves ont des arrières pensées politiques et confinent à la diffamation raciste à des fins de concurrence industrielle ».

Lire aussi notre article HUAWEI, le flambeau du succès High Tech, pilier de la captation de technologies ?.

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CHINE – EUROPE

Un article du magazine Caijing du 5 août félicite le premier ministre Li Keqiang pour avoir remporté sa « première victoire diplomatique » dans le dénouement de la querelle sur les panneaux solaires avec l’UE, un épisode – dit l’article – qui montre l’importance accordée par le pouvoir aux nouvelles énergies.

Le 27 juillet, après deux mois de négociations, l’UE et la Chine ont conclu un accord qui fixe un prix minimum pour les panneaux solaires chinois, mais ne satisfait pas les fabricants européens. Ces derniers font remarquer que le prix minimum proposé aux Chinois est exactement au niveau des anciens prix subventionnés par Pékin. Selon EU ProSun représentant les fabricants européens qui a décidé de porter l’affaire devant la Cour de justice européenne de Luxembourg, « l’accord n’est pas une solution, mais une capitulation ».

Manifestement à l’avantage de Pékin et signé par 90 sociétés chinoises l’accord autorise les producteurs chinois à vendre jusqu’à 7 gigawatts par an au prix minimum de 0,56 € par Watt, très en-dessous des 1,12 € initialement prévus par la Commission. Il est vrai que Karel de Gucht, le Commissaire européen au commerce avait été mis en difficulté par plusieurs pays européens dont l’Allemagne et le Royaume Uni opposés aux sanctions contre la Chine. Les mésententes européennes sur cette question où la France, à l’inverse de Londres et Berlin, s’était portée en tête des pays favorables aux sanctions contre Pékin, expliquent la marche arrière de Bruxelles et la colère des fabricants européens.

Toutefois, il est nécessaire de préciser que pour la fabrication de panneaux solaires, la Chine importe ou utilise des technologies françaises comme les gaz spéciaux d’Air Liquide et le sodium résine de la société française MSSA, leader mondial du secteur, racheté en 2011 par le Japonais NISSO (Nippon Soda). Enfin l’engouement pour ce type d’énergie passe sous silence sa faible rentabilité et les embarras du stockage des panneaux usagés non recyclables.

CHINE - FRANCE

Les deux caractéristiques de la relation franco-chinoise sont : 1) une baisse de la cote de la France en Chine, tombée loin derrière les États-Unis et l’Allemagne et qui ne cesse de s’affaiblir depuis la période faste de la reconnaissance gaullienne en 1964 ; 2) un manque de stabilité de la relation, tour à tour renforcée ou fragilisée au gré des bascules de politique intérieure dont il arrive que les effets désarçonnent les Chinois.

Ainsi après les émotions et les connivences de la période Chirac, qui suivirent la forte secousse de la vente des Frégates et des Mirage 2000-5 à Taïwan durant la présidence de François Mitterrand, Pékin fut d’abord agacé par les déclarations intempestives sur le Tibet de Nicolas Sarkozy au moment des JO de 2008, puis heurté par les critiques du candidat Hollande sur le non respect par la Chine des règles du marché, au point qu’en 2012, la direction politique du régime avait laissé filtrer une préférence pour la réélection de Sarkozy, tandis qu’elle avait boudé Laurent Fabius venu à Pékin avant le scrutin.

En avril 2013, la visite de François Hollande, accompagné par 60 chefs d’entreprise devait fixer les bases d’un renouveau de la relation articulé autour des promesses de constance politique et de pragmatisme. Mais dans les secteurs traditionnels de la coopération industrielle les résultats furent mitigés.

Pas de nouvelle commande d’Airbus, une lettre d’intention pour une nouvelle tranche de 2 EPR à Taishan, une autre pour une usine de retraitement, signée par AREVA, 6 ans après le début des négociations, avec cependant une forte incertitude sur le prix de vente pour lequel aucun accord n’a été trouvé.

D’autres contrats ont été conclus dans les secteurs de l’environnement, de l’aménagement urbain et du tourisme, mais rien en vue pour Renault qui espérait pouvoir annoncer le lancement d’une chaîne de production à Wuhan en partenariat avec Dongfeng, le partenaire de PSA.

Ces déceptions font suite à des crispations récurrentes sur les transferts de technologies nucléaires civiles dont la plus importante avait eu lieu à l’été 2012 quand les Chinois avaient, en contradiction avec l’accord gouvernemental de 1995, tenté d’exporter en Afrique du Sud une centrale nucléaire utilisant les technologies françaises. Elles précèdent le récent raidissement chinois contre la France qui, contrairement à l’Allemagne et à l’Angleterre, s’étaient rangée du côté de Bruxelles dans la querelle sur les panneaux solaires.

Lire l’article du Petit Journal de Shanghai.

Lire aussi notre article 4e trimestre 2012. Xi Jinping et Li Keqiang à la manœuvre.

5 mois après la visite de François Hollande, alors que la querelle des panneaux solaires est provisoirement calmée, surgissent déjà de nouveaux agacements réciproques avec les accusations contre Sanofi (cf. supra), les difficultés de Carrefour et les doutes sur l’origine des capitaux chinois investis dans les vignobles français.

Engouement suspect pour les vignobles français

Le 6 août, le magazine Caijing citait le rapport 2012 de Tracfin, la cellule française de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme qui avançait l’hypothèse qu’une partie des nombreux achats de vignobles en France était en réalité des opérations de blanchiment d’argent provenant d’affaires crapuleuses, d’acteurs chinois, russes ou ukrainiens (Pages 27 à 29).

Sans citer de noms le journal Caijing renvoyait aux dizaines d’acquisitions par des Chinois de Hong-Kong, Taïwan et du Continent depuis 2008. Les seuls Chinois continentaux ont récemment acheté 40 vignobles, dans un contexte où le rythme des transactions s’accélère.

Mais interrogés à ce sujet les professionnels du vin de la région de Bordeaux affirment ne pas avoir connaissance de l’origine louche des capitaux. Un article du Figaro du 13 août cite la remarque peut-être un peu naïve de Grégory Pécastaing, directeur du Musée du vin à Bordeaux, également propriétaire d’une boutique en Chine : « Il est très difficile de sortir son argent en Chine, il y a beaucoup de démarches, donc je n’imagine pas du blanchiment possible. ».

Stratégie de Carrefour en Chine.

Fin juin 2013, la direction du groupe Carrefour démentait les rumeurs de son retrait de Chine qui circulaient depuis l’été 2012, en même temps que la bruit selon lequel COFCO (China National Cereals, Oils and Foodstuffs Corporation -中国粮油食品(集团)有限公司 - ), le n°1 de l’agroalimentaire chinois pourrait être un acquéreur potentiel. Mais les deux n’auraient pu s’accorder sur le prix exigé par Carrefour (6 Mds de $ contre 3 Mds proposés par COFCO). Il n’est pas anodin de rappeler que Carrefour avait eu plusieurs contentieux très médiatisés en Chine avec trois de ses fournisseurs dont précisément COFCO, à qui se sont ajoutés KSF et Jiusan.

Les rumeurs de départ de Chine de celui qui fut longtemps le modèle des hypermarchés en Chine avaient été amplifiées par deux affaires survenues l’une en février 2011 pour un scandale sur les prix, pointé du doigt par la Commission Nationale pour la Réforme et Développement (11 magasins avaient été obligés de payer des amendes) et l’autre en décembre 2012 à Taiyuan où un magasin Carrefour avait fait l’objet d’une enquête pour avoir trompé les clients sur des dates de péremption.

Après une période d’expansion rapide jusqu’en 2005 Carrefour s’est heurté à la concurrence de Walmart et Auchan et a ralenti son rythme de développement, au point d’être obligé de fermer 6 magasins entre 2010 et 2012. Jadis seul hypermarché présent en Chine, Carrefour occupe aujourd’hui le 4e rang avec 8,1% du marché, après Sun Art Retail Group (13,6%), Auchan (12 %) et Walmart (11,2%). La période de recul de Carrefour a également coïncidé avec la fin des avantages fiscaux accordés aux entreprises étrangères.

Présent dans 68 villes avec 220 magasins Carrefour continuera son expansion selon une stratégie présentée par Thierry Garnier le responsable Chine lors du 50e anniversaire du groupe. Le développement se poursuivra au rythme de 20 à 22 magasins par an en visant désormais les villes secondaires et les capitales de province du Centre et de l’Ouest.

 

 

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