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›› Politique intérieure

L’élimination « à vie » de Sun Zhengcai

Le 8 mai, inflexible et féroce, la cour intermédiaire de Tianjin a condamné Sun Zhengcai à la prison à vie pour corruption.

QC avait longuement traité de l’histoire dramatique de ce « jeune loup » de la politique ayant obtenu un doctorat en agronomie en Angleterre, fidèle de Jia Qinglin, ministre de l’agriculture à 43 ans, entré au Bureau Politique à 49 ans et propulsé en même temps à la tête de la municipalité autonome de Chongqing, creuset sulfureux de la plus grande secousse politique que la Chine ait connu depuis les années 70, enchevêtrée dans d’inextricables affaires de corruption, de convulsions familiales et de luttes de pouvoir.

Lire :
- Le Parti purge Bo Xilai.
- Le sens caché du procès édulcoré de Bo Xilai.

Catapulté dans ce chaudron encore en ébullition, avec la mission d’en éteindre les flammes et de mettre fin aux bouillonnements politiques gangrénés par la corruption, il a été rattrapé par son passé (lire : La fin de l’année du Coq sur fond de lutte contre la corruption.)
S’il est vrai que sa carrière fut jalonnée par nombre de trafics d’influence et fautes de comportement établis par l’enquête et révélés par un procès qui ne dura qu’un mois – Sun Zhengcai ayant déclaré qu’il plaidait coupable, a reconnu les faits et a décidé de ne pas faire appel - la violence de la sentence qui ne reconnaît aucune circonstance atténuante, renvoie à l’obsession d’élimination radicale et définitive d’un opposant politique dont la plupart des observateurs pensaient il y a seulement 5 ans qu’il pourrait être le futur secrétaire général du parti.

Le talon d’Achille d’une justice « aux ordres. »

Peu avant sa mise en accusation, beaucoup le voyait entrer au comité permanent du 19e Congrès. Pourtant ceux qui auraient pu être ses collègues au sommet du pouvoir chinois décidèrent de sa disgrâce, au milieu d’insistantes rumeurs courant dans les rangs du 19e congrès selon lesquelles Sun aurait pu fomenter un complot politique.

L’hypothèse est peu probable, mais le fait qu’elle ait circulé dans les rangs du Parti conforte la présomption d’une cabale de pouvoir appuyée sur des faits réels de corruption, dans un contexte où rares sont les hommes politiques de la génération de Sun pouvant se targuer d’une vertu exemplaire si la Commission de discipline se mettait à fouiller leur passé.

*

Dans ses ambiguïtés où l’action des juges est perçue par certains observateurs comme une excroissance du pouvoir politique, on perçoit le principal talon d’Achille de l’entreprise de redressement éthique Xi Jinping, conduite par des organismes directement liés au pouvoir menant, sur dénonciations souvent anonymes, des investigations uniquement à charge où le rôle des avocats est réduit à la portion congrue.

Voir la vidéo en Anglais de SCMP : Disgraced Communist Party star jailed for life

Sun est le 4e membre du Bureau Politique destitué depuis 1990, après Chen Xitong, n°1 à Pékin en 1995, Chen Liangyu à Shanghai en 2006 et Bo Xilai à Chongqing en 2012. Avec Bo Xilai, il est celui qui a été le plus sévèrement condamné par la justice.

Lire aussi : 19e Congrès. Les couteaux sont tirés. Xi Jinping élimine ses opposants, consolide son pouvoir et s’installe pour durer.

 

 

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