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›› Editorial

Mise scène politique de la 14e ANP. Loyauté toujours. Compétence souvent

Le scenario était écrit d’avance. Réglé au cordeau pour évacuer le moindre indice d’un trouble, d’une dissension ou même d’une inquiétude, la session de l’Assemblée Nationale Populaire commencée le 5 mars a rempli son rôle d’affichage d’un exercice législatif ordonné et serein diffusant l’image d’une transition du pouvoir vers l’inédit troisième mandat du Président Xi Jinping entouré d’une nouvelle équipe dont une part importante des membres avaient déjà été déjà promus au Bureau Politique, tandis que de nombreux autres ont été reconduits.

C’est le cas du nouveau premier ministre Li Qiang 李 强, 63 ans. Nouveau n°2 du Bureau Politique, proche de Xi Jinping depuis qu’en 2005, il était membre du CPBP du Zhejiang sous les ordres du futur président.

A Shanghai, dont il fut le n°1 de 2017 à 2022 il a fidèlement appliqué la politique « zéro-covid » de Xi Jinping en dépit des tensions créées dans la ville (lire : Les affres de la stratégie de « zéro-covid ». Résilience de l’appareil et tolérance de l’opinion).

Effacée aussi la brutale suppression des lanceurs d’alerte de l’épidémie Covid-19 à l’automne 2019, la crise immobilière symptôme d’un schéma croissance obsolète et les incidents de la sortie brutale des confinements après les manifestations populaires d’agacement de la fin novembre 2022 dans quinze villes de Chine ; oubliée encore la sortie insolite de l’ancien président Hu Jintao trainé de force hors du Grand Palais du Peuple par deux assesseurs, sous les yeux des journalistes occidentaux.

Escamotées encore les protestations contre Xi Jinping qui réclamaient sa démission, et la banderole de l’ingénieur Peng Lifa aujourd’hui disparu corps et bien, déployée sur le pont autoroutier de Sitong au-dessus de troisième périphérique Nord, le 13 octobre dernier.

Celui qu’avant d’être effacés par la censure, les réseaux sociaux avaient brièvement appelé « l’homme du pont - 桥人- », à l’instar de « l’homme du char 坦克人 » célèbre depuis que le 5 juin 1989, il avait, en sautillant, bloqué une colonne de blindés qui quittait la place Tian’anmen, avait pourtant porté le fer de son courage loué par les internautes dans quelques plaies du régime claquemuré dans une brutale rigidité [1].

Furent également abolies les inquiétudes du tassement de la croissance encore visible en janvier, où elle était seulement à +2,9%, tandis que la reprise tarde à venir.

Alors que sont passés sous silence tous les embarras sociaux et économiques, au milieu de ce formidable effacement de la moindre nuance politique déjà éliminée lors du 19e Congrès, sans équivalent depuis 1990, l’assemblée parfaitement rangée des 2952 délégués a, le 7 mars, applaudi le long discours de Xi Jinping qui, rompant avec les habitudes d’ambiguïté de la parole publique chinoise a nommément accusé « les pays occidentaux sous la conduite des États-Unis » d’être à l’origine des « défis inédits qui entravent le développement de la Chine  ».

Le but de la mise en scène qui faisait une nouvelle fois la promotion de l’accès rapide de la Chine à l’autonomie stratégique, scientifique et technologique (notamment le secteur des microprocesseurs et des logiciels) était clairement de cultiver une image de puissance et d’infaillibilité du n°1 et, au passage, de défier l’Occident et les États-Unis.

Dix années après le lancement des « Nouvelles Routes de la soie » vaste réaction planétaire au « pivot » de Barack ayant, en 2011, basculé le cœur de la puissance militaire américaine vers le Pacifique Ouest pour contrer l’expansion chinoise, le défi à l’Occident a, sans ambiguïté été rappelé le 8 mars par Qin Gang, le nouveau ministre des Affaires étrangères.

Ancien ambassadeur à Washington qui, quand il était en poste célébrait à son ambassade le voyage de Nixon en Chine en 1972 (lire : Chine – États-Unis. Entre vindicte nationaliste et volonté d’apaisement, la persistance des rancœurs), Qin Gang, répondant aux questions des journalistes a porté le fer dans la plaie des relations à vif entre Pékin, Washington et l’Occident.

A propos de Taïwan, rappelant qu’il s’agissait d’une stricte question de politique intérieure, il a mis en garde contre les risques d’escalade « Toute erreur dans la gestion de la question taïwanaise remettra en cause les fondements de notre relation avec les États-Unis. »

Puis, faisant le lien avec la guerre en Ukraine, il a demandé « pourquoi les États-Unis parlent de respecter la souveraineté et l’intégrité territoriale de l’Ukraine, alors qu’à Taïwan, ils ne respectent-ils pas la souveraineté chinoise ».

Sans craindre l’outrance, mais non sans raison, il a aussi assimilé l’implication croissante des États-Unis dans la question du Détroit, à rebours de leur ancienne « ambiguïté stratégique  » (lire : Feuille de route pour éviter « l’apocalypse ») à « un plan pour détruire Taïwan  ».

L’affichage d’unité sans faille derrière le président Xi Jinping qui, tournant le dos aux mises en garde et aux conseils de prudence de Deng Xiaoping, cultive à la fois un spectaculaire culte de la personnalité (lire : Vers le 20e Congrès, un sixième « plenum » pour Xi Jinping) et le plus tonitruant affichage de puissance globale depuis Mao qui porta à ses extrêmes le prosélytisme mondial de l’utopie révolutionnaire communiste, a atteint son paroxysme le 10 mars.

Aucune des 2952 voix de l’Assemblée populaire – zéro voix contre, et zéro abstention - n’a en effet manqué à l’élection de Xi Jinping (70 ans en juin prochain) pour un troisième mandat présidentiel de cinq ans dont il avait supprimé la limitation à deux mandats en 2018.

La volonté d’affirmer la puissance de la Chine face à l’Occident et de mettre fin à sa prévalence idéologique et stratégique véhicule aussi le rapprochement avec la Russie de Vladimir Poutine, dont le discours aux deux chambres du 21 février dernier avait longuement souligné à la fois la décadence morale de l’Ouest et son projet de « détruire  » la Russie.

Le 10 mars, après l’élection par acclamation de Xi Jinping le maître du Kremlin a adressé un message de félicitations à son « ami ». Il ajoutait que « la Russie appréciait au plus haut point la contribution du Président chinois au resserrement des liens stratégiques entre leurs deux Nations  ».

Le clivage s’aggrave entre d’une part les États-Unis et leurs alliés occidentaux et, d’autre part, la Russie et la Chine tous deux féroces contempteurs de la prévalence globale de l’Amérique.

Avec la promotion en octobre dernier au 4e rang du Comité Permanent de l’idéologue souverainiste Wang Huning, et l’entrée au BP de Wang Yi qui fut un ministre des Affaires étrangères très combatif, à la susceptibilité nationaliste à fleur de peau, la probabilité est faible pour que s’apaise la rivalité avec l’Occident porteuse de risques de conflits

*

L’affirmation d’infaillibilité de Xi Jinping, de sa puissance et de son contrôle sans nuance sur l’appareil à défaut de maîtriser complètement le secret des esprits rebelles, s’accompagne aussi d’une mise en ordre de bataille pour rattraper le retard dans le secteur technologique, cœur de la puissance des États-Unis.

La riposte est en cours (lire : « Micro-puces » et droit de propriété. La violente riposte américaine contre la Chine et ses contrefeux), et Xi Jinping lui imprime une sérieuse accélération.

Il en avait récemment développé l’idée maîtresse lors du troisième plenum du Comité Central, le 22 février dernier dont le but était « de rechercher les moyens de consolider les fondements de l’autonomie en matière de science et de renforcer la recherche fondamentale et de la technologie - 切实加强基础研究 夯实科技自立自强根基 - ».

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Un chef pour la bataille de l’indépendance technologique.

Désormais la bataille a un chef de guerre. Il s’appelle He Lifeng, 何立峰, 67 ans. n°13 du nouveau Bureau Politique depuis de 20e Congrès, actuellement patron de la CNRD, il remplace Liu He 刘鹤, 70 ans, à la tête du ministère de l’économie et des finances.

Moins formé à l’international que son prédécesseur, diplômé d’administration publique de Harvard et contributeur du rapport « China 2030 », cosigné par Robert Zoellik, président de la Banque Mondiale de 2007 à 2012 et Li Keqiang le Premier Ministre sortant, He Lifeng, le nouveau maître de l’économie de la Chine, titulaire d’un doctorat d’économie de l’Université de Xiamen obtenu à 43 ans par le programme de promotion interne des cadres, est un des nouveaux promus parmi les plus proches amis de Xi Jinping.

En 1987, il était invité au deuxième mariage de Xi avec Peng Liyuan et leurs liens d’amitié datent de l’époque où He, alors en charge de Quanzhou, avait fait découvrir la ville de Xiamen où il est né, à Xi Jinping quand ce dernier avait été nommé vice-maire de la ville en 1985. Ils avaient alors 30 et 32 ans et étaient deux fonctionnaires du Parti en poste à moins de 100 km l’un de l’autre.

En janvier 2019, He avait rédigé un essai aligné sur la pensée politique de Xi Jinping soulignant les priorités de développement, axées sur l’urgence de protéger l’indépendance des chaînes d’approvisionnement, notamment celles de hautes-technologies comme les microprocesseurs, contre les risques de rupture.

Au passage He Lifeng dont les projets d’autonomie stratégique dans le domaine des hautes technologiques exigent de gros investissements devra aussi faire face au ralentissement de la croissance tombée à 3% en moyenne en 2022 et à la persistance des dysfonctionnements structurels entraînant un mauvais partage de la richesse et des filets sociaux encore inégaux. Pour 2023 la croissance a été fixée à +5%, quand la banque mondiale la prévoit à +4,5%.

Un ministre de la défense sanctionné par l’Amérique. Un budget militaire en hausse.

Une autre nomination s’inscrivant dans la droite ligne de la rivalité avec l’Amérique est celle du nouveau ministre de la Défense, le général Li Shangfu 李尚福, 65 ans.

Ingénieur de l’aérospatiale, comme Yuan Jiajun, 袁家军 entré au Bureau Politique en octobre, le général Li, ancien n°2 de la toute nouvelle « Division de soutien stratégique  » créée en 2015 opérant sur « les théâtres de l’espace et de la cyberguerre  » a été promu en 2017 chef du département équipement de la Commission militaire centrale.

A ce titre, il faisait partie de la charrette des responsables chinois de l’équipement militaire sanctionnés en septembre 2018 par Washington pour avoir participé aux transferts à la Chine des équipements d’origine russe de chasseurs de combat Su-35 et du système de missiles sol-air S-400.

Nombre de commentateurs ont relevé l’augmentation du budget de la défense comme l’effet du raidissement anti-occidental de la Chine. La hausse substantielle de +7,2% qui porte le poste de défense à 224,8 Mds de $, sans ignorer les habituelles ambiguïtés des déclarations officielles – En 2021, la banque mondiale estimait déjà le budget à 293 Mds de $ (soit +30% au-dessus des déclarations chinoises) -, mérite un commentaire particulier.

Il est vrai que depuis 2000 le budget de la défense officiellement déclaré a été multiplié par plus de dix, passant de 22 à 224 Mds $ en 2023, (contre 858 Mds $ aux États-Unis en augmentation de 8% par rapport à 2022), mais selon les autorités chinoises et la banque mondiale, la part du PIB consacrée aux armées n’aurait jamais dépassé les 2% depuis 1993. En 2021, elle était même tombée à 1,7%.

L’augmentation de 2023 qui selon les autorités chinoises vise à achever la modernisation opérationnelle de l’APL en 2035, est aussi à comparer avec celle de toute l’Asie, principal moteur de la hausse global des dépenses de défense avec notamment +26 % au Japon ; en Corée du sud, la hausse 2023 est de +6,8%, mais elle est assortie de la promesse d’un investissement de 268,8 Mds d’ici 2027 soit un budget annuel moyen de plus de 60 Mds de $.

En Australie on imite la Corée du sud, mais un ton nettement en-dessous, en programmant une hausse du budget de la défense de 38 à 48 Mds de $ d’ici 2030. En revanche le budget indien est passé à 72,6 Mds $, en hausse de 13% par rapport à 2022.

Deux femmes à l’honneur.

Les autres promotions qui méritent attention sont d’abord celles de deux femmes, Shen Yiqin et He Rong, qui compensent l’absence d’élément féminin au 20e Bureau Politique.

Shen Yiqin, 谌贻琴 64 ans, issue de l’ethnie Bai dont les racines sont au Yunnan est nommée l’un des cinq conseillers d’État, avec Li Shangfu, le ministre de la défense, Wang Xiaohong, proche de Xi Jinping au sein de l’appareil de sécurité d’État, Wu Zhenglong, secrétaire général du Conseil des Affaires d’État et Qin Gang, le nouveau ministre des Affaires étrangères. A ce titre elle est, depuis ce mois de mars, politiquement, la femme la plus puissante de Chine.

Historienne de formation, elle a fait presque toute sa carrière dans la province pauvre et enclavée du Guizhou au sud du Sichuan, jusqu’à en devenir le Gouverneur en 2017, puis de prendre la tête du Parti en 2020.

Son arrière-plan académique est celui de la recherche historique et de l’enseignement. En politique elle a été investie, dans la construction du parti et la propagande, dont elle a assuré la direction au Guizhou de 2005 à 2012, en liaison avec l’École Centrale du Parti qu’elle a fréquentée à trois reprises dans le cursus de formation permanente, en 1998-1999, 2007 et 2009.

Récemment elle a été repérée par la direction centrale pour s’être personnellement investie, non seulement dans la lutte contre la corruption, mais aussi dans le contrôle de la mouvance politique libérale opposée à Xi Jinping.

He Rong, 贺, 60 ans, garde son poste de ministre de la justice qu’elle occupe depuis février 2023, à la suite de Tang Yijun, parti un mois plus tôt prendre la tête de la Conférence consultative du Peuple Chinois du Jiangxi.

Originaire du Shandong, elle est à 22 ans diplômée de droit des affaires de l’Université et de sciences politiques de Pékin. 20 ans plus tard elle obtient une licence de droit commercial à l’Université de technologie de Sydney.

En 2006, à 44 ans, elle est Docteur en droit économique et commercial de son université d’origine à Pékin. Au cours de sa carrière de magistrat elle a gravi tous les échelons depuis les postes de greffiers jusqu’à celui de vice-présidente de la Cour Suprême de Pékin, en passant par les postes de présidente de la haute cour de Pékin, occupant même au passage à 56 ans, le poste politique de n°2 du parti au Shaanxi.

Un Vice-président shanghaïen énigmatique et habile politique.

La dernière nomination importante est celle de Han Zheng, 68 ans au poste honorifique de vice-président de République à la suite de Wang Qishan parti à la retraite.

Autant Wang Qishan, 73 ans, est un financier extraverti, ancien Gouverneur de la Banque de Construction, connu de la communauté internationale pour avoir en 2003, en pleine crise du SRAS pris en catastrophe la direction de la mairie de Pékin après des mois d’occultation de la réalité de l’épidémie, autant Han Zheng, diplômé d’économie, est un apparatchik sans relief particulier peu connu en Occident.

Membre du Comité Central depuis 2002 et du Bureau Politique depuis 2012, il était le 6e tenant de la faction élitiste de Shanghai à entrer au Comité Permanent, à la suite de Jiang Zemin, Zhu Rongji, Wu Banguo, Huang Ju et Yu Zhengsheng, qui furent tous comme lui n°1 à Shanghai, dont il a été le maire et le n°1 du Parti pendant 10 ans, un record absolu.

7e et dernier membre du Comité permanent jusqu’au 20e Congrès et 1er vice-premier ministre, Han est un habile politique. Économiste formé à Fudan, entré en politique par la Ligue de la jeunesse, il s’est ensuite opportunément rapproché de la faction Jiang Zemin qui en était la rivale politique.

Puis, au moment où, en 2006, Xi Jinping avait provisoirement pris les commandes de Shanghai à la suite de la chute de Chen Liangyu, 75 ans cette année, destitué et condamné à 18 ans de prison pour avoir indument utilisé les 400 millions de $ d’un fond de pension de la ville, Han avait aidé l’équipe du futur n°1 à enquêter sur son ancien patron.

C’est probablement ce qui lui avait valu sa promotion de n°7 du Comité Permanent et de 1er Vice-premier du Conseil des Affaires d’État.

La 14e ANP s’achèvera cette semaine par le discours de clôture de Xi Jinping et la conférence de presse du nouveau premier ministre dont la tradition avait été inaugurée par Wen Jiabao premier ministre de 2003 à 2013. L’annexe ci-joint donne la liste des nominations.
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ANNEXE.
Liste des nominations

S’il est vrai que l’exigence de loyauté à Xi Jinping condition des promotions transparaît dans une part importante des nominations, il n’en reste pas moins que la revue détaillée de la nouvelle direction du pays, au Bureau Politique et au Conseil des Affaires d’État révèle de vrais talents et, souvent, une longue expérience politique mêlée à de réelles expertises.

Le montage ci-dessus montre le nouveau bureau politique autour de Xi Jinping. On y distingue à la fois des appuis très proches du Président datant le plus souvent des affectations à Hangzhou et Xiamen, parfois du Shaanxi et en même temps des experts du secteur économique ou issus de l’aérospatiale, du complexe militaro-industriel ainsi que de l’appareil de sécurité.

La 14e ANP a nommé une partie d’entre eux à des postes clés du gouvernement, avec en tête les exigences 1) de préserver coûte que coûte le magistère politique du Parti conscient que la stabilité sociale est toujours liée à la santé économique du pays ; 2) D’assurer une indépendance du secteur des hautes technologies ; 3) De contester à l’Occident sa prévalence idéologique et stratégique.

Vice-premiers ministres.

Ding Xuexiang, 李尚福, 60 ans, chef de cabinet de Xi Jinping à Shanghai et à Pékin, n° 6 du Comité permanent est le nouveau Premier Vice-premier ministre du Conseil d’État en remplacement de Han Zheng nommé vice-président.

He Lifeng, 何立峰, 68 ans, proche de Xi Jinping, nommé 2e Vice-premier. Ancien président de la Commission Nationale de Recherche et Développement (CNRD), il remplace Liu He à la tête du ministère de l’économie. Sa mission sera aussi d’orchestrer une riposte à la guerre de hautes technologies que l’Amérique livre à la Chine.

Zhang Guoqing, 张国清, 58 ans, n°20 du BP, nommé 3e Vice-premier ministre. Originaire du Henan, Zhang, jeune ingénieur électricien diplômé de l’université de Changchun en 1985 à 21 ans et Docteur en économie de Qinghua, vient du complexe militaro-industriel, par un passage à la tête de NORINCO où il a été chef de projet puis PDG en 2004 à 44 ans.

Auparavant, Zhang avait été représentant du géant de l’armement chinois, au Moyen-Orient, y compris par un passage au bureau du groupe à Téhéran. Alors que l’essentiel de sa carrière s’était jusqu’alors déroulée au cœur de l’industrie d’armement et de ses antennes à l’étranger, elle bascula en politique en 2013, quand, à 49 ans, il fut nommé n°2 et Président de l’École Centrale du Parti à Chongqing.

En 2017, il était nommé n°2 à Tianjin, prélude à sa promotion à la tête du Liaoning en 2020. Avec les autres jeunes experts parachutés en politique comme Li Ganjie, Ma Xingrui ou Yuan Jiajun, Zhang fait partie de la mouvance de la 6e génération de dirigeants chinois dont la maîtrise et la réputation se sont d’abord affirmées hors du champ politique.

Liu Guozhong, 刘国中, 60 ans n°21 du BP nommé 4e Vice-premier. Originaire du Heilongjiang, titulaire d’un diplôme d’ingénieur métallurgiste de l’Institut de technologie de Harbin, Liu a étudié la résistance des matériaux pour l’artillerie missile.

Entré au Parti en 1986 à 24 ans, il a, après quelques années comme n°2 du centre de recherche du gouvernement du Heilongjiang, obtenu son premier poste politique comme gouverneur du Heilongjiang en 2011.

Après un détour au Sichuan, comme n°2 du Parti du syndicat officiel des travailleurs contrôlé par l’appareil, il a été nommé Gouverneur du Jilin en 2016 et du Shaanxi en 2020. En 2021 il a été promu n°1 du Parti au Shaanxi.

Ministres d’État.

Li Shangfu, 李尚福 65 ans, nommé ministre d’État et nouveau ministre de la défense (cf. supra)

Shen Yiqin, 谌贻琴 64 ans nommée ministre d’État (cf. supra)

Wang Xiaohong, 王小洪 65 ans, nommé ministre d’État. Officier supérieur de la police, affecté au ministère de la sécurité publique dont il était le n°1 du Parti, Wang est ministre de la sécurité publique depuis juin 2022. Il a partagé sa carrière entre le Fujian, le Henan et la municipalité de Pékin.

Wu Zhenglong, 吴政隆, 59 ans, nommé secrétaire-général du Conseil des Affaires d’État avec rang de ministre d’État, Wu a été Gouverneur du Jiangsu, puis n°1 à Nanjing et au Jiangsu.

Qin Gang, 秦刚, 57 ans, nommé Ministre d’État, ministre des affaires étrangères, 2e diplomate du pays après Wang Yi promu n°15 du Bureau politique en octobre, il a été vice-ministre des Affaires étrangères et Ambassadeur aux États-Unis de 2021 à 2023.

Autres nominations.

Chen Wenqing, 陈文清, 62 ans, membre du BP nommé à la tête de la Commission centrale des affaires politiques et légales en remplacement de Chen Yixin, promu ministre de la sécurité d’État en octobre 2022.

Originaire du district minier de Renshou, 120 km au sud de Chengdu dans le Sichuan, Chen Wenqing est un vétéran du système de renseignement et de l’appareil de sécurité. Il est aujourd’hui un des points d’appui essentiels du président Xi Jinping.

Sorti du rang, il s’est hissé à la tête du système de sécurité chinois par une carrière exemplaire mêlant l’expérience de terrain et des postes de haut niveau dans les administration provinciale et centrale, au milieu des crises provoquées par la lutte contre la corruption menée par Xi Jinping.

Ces dernières années, preuve de la confiance qu’il inspire en haut lieu, il a été chargé de missions de liaison internationales liées à la sécurité des projets des « Nouvelles routes de la soie ».

*

Les autres membres du Conseil des Affaires d’État étaient déjà en poste et ont été reconduits dans leurs fonction ou, comme Zheng Shanjie, promus au sein de leur administration.

Yi Gang, 65 ans à la tête de la Banque de Chine (alors que beaucoup attendaient son départ, il a été reconduit) ; Zheng Shanjie, 61ans, remplace He Lifeng à la tête de la CNRD ; Liu Kun, 66 ans ministre des finances ; Wang Wentao, 58 ans au commerce ; Jin Zhuanglong, 59 ans, à l’industrie et aux technologies numériques ;

Wang Zhigang, 65 ans, ministre des sciences et des technologies ; Huai Jinpeng, 60 ans, à l’éducation. ; Pan Yue, 62 ans, à la tête de la commission des affaires ethniques ; Chen Yixin, 63 ans, très proche de Xi Jinping à la sécurité d’État ; Tang Dengjie, 63 ans aux Affaires civiles ;

Wang Xiaoping, 59 ans, aux ressources humaines et à la sécurité sociale ; Wang Guanghua, 59 ans, aux ressources naturelles ; Huang Runqiu,59 ans à l’écologie et à l’environnement sous la direction de Chen Jining, n°16 du Bureau politique ; Ni Hong, 60 ans ministre du logement et du développement urbain ; Li Xiaopeng, 63 ans, ministre des transports ; Li Guoying, 63 ans, ministre des ressources hydriques ;

Tang Renjian, 60 ans, ministre de l’agriculture et des Affaires Rurales, Hu Heping, 60 ans, ministre de la culture et du tourisme ; Pei Jinjia, 59 ans, ministres des anciens combattants ; Wang Xiangxi, 60 ans, ministre « des catastrophes » ; Hou Kai 60 ans, reste à la tête du Bureau National des audits ; Ma Xiaowei, 63 ans, préside toujours la Commission Nationale de santé.

Note(s) :

[1Le message des deux banderoles était sans équivoque. En lettres rouges géantes visibles de loin, elles exprimaient une exaspération multiforme : « Nous voulons manger et pas des tests COVID 不要核酸要吃 ; Nous voulons des réformes, pas de révolution culturelle 不要文革要改革 ; Des libertés et pas de confinements 不要封城要自由 ; De la dignité et pas de mensonges 不要谎言要尊严 ; Nous sommes des citoyens pas des esclaves 不做奴才做公民 ». Et surtout « Faites la grève. Déposez le despote félon. 罢课罢工罢免国贼习近平 ».

Avant d’être censurés nombre de commentaires des internautes approuvèrent la diatribe, tout en louant le courage du protestataire isolé, aussitôt mis au secret par la police. « Le courage est la plus précieuse des qualités humaines 勇气是人类最宝贵的品质 » ; « Vous frappez fort, mais vous n’éliminerez pas tous les rebelles 你打得很厉害, 但你不会消灭所有的叛军 ».

On pouvait aussi lire des essais d’introspection sur le courage « Allons-nous rester de simples spectateurs inertes ? 我们会继续只是惰性的旁观者吗 ? » ; et cette pensée qui court au sein de la jeunesse rebelle « Nous avons honte de nous-mêmes et nous ne méritons pas son courage 我们为自己感到羞耻, 我们不值得他的勇气 »

 

 

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