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›› Chronique

A quoi sert le nationalisme ?

A ceux qui lisent régulièrement les articles publiés dans les forums de discussions de la presse chinoise, le contraste est frappant entre les opinions dominantes qui s’y expriment et celles du gouvernement de Pékin, notamment en matière de politique étrangère. Alors que les dirigeants du pays ne ratent aucune occasion d’affirmer leur volonté d’insérer la Chine dans la communauté internationale et d’y jouer un rôle constructif, des voix s’élèvent sans cesse en sens contraire dans les forums précités, où l’on peut lire qu’il faudrait contrecarrer la politique américaine en Asie centrale, prévenir l’expansion de l’influence japonaise dans les affaires internationales, voire lancer des missiles balistiques en direction de Taiwan pour réunifier la mère patrie. La presse chinoise est-elle frappée de schizophrénie ?

Il serait abusif d’accuser le gouvernement chinois de duplicité, en adoptant un langage conciliant dans ses déclarations publiques et en encourageant les sentiments nationalistes dans sa politique intérieure. Le pragmatisme demeure le principe directeur de la doctrine chinoise en matière de politique étrangère. Des faits tangibles, comme l’envoi d’inspecteurs de désarmement en Irak dans le cadre de l’ONU, ainsi que les négociations menées au sein de l’OMC en vue de résoudre des différends commerciaux, démontrent la volonté des Chinois de jouer le jeu de la concertation avec le reste du monde. En outre, les préparatifs concrets visant à inaugurer des vols directs entre Taiwan et Shanghai ne militent pas en faveur d’une attaque militaire surprise contre l’île nationaliste.

Il est tout aussi erroné d’attribuer le phénomène à une quelconque libéralisation de la presse. Dans des domaines plus sensibles, celui du pluralisme politique par exemple, la censure reste encore en vigueur. L’hypothèse la plus plausible est donc une tolérance de la part des autorités envers un nationalisme qui ne lui est pas nuisible, du moins dans l’immédiat. Mieux, ce nationalisme lui serait d’une certaine manière profitable. Pourquoi ? Essayons d’esquisser quelques pistes de réflexion.

Le déclin de l’idéologie communiste est sans doute la première cause d’une résurgence nationaliste. La révolution mondiale telle qu’elle est définie dans le marxisme-léninisme n’est plus l’objectif du PCC. Le patriotisme est alors érigé comme un substitut pour combler le vide ainsi créé. Ensuite, les expressions nationalistes émanent en partie des frustrés des réformes économiques et de l’ouverture du pays à la mondialisation, encore présents en nombre au sein du parti et de diverses instances gouvernementales. Il convient de ménager dans une certaine mesures leurs sentiments xénophobes dans le but de préserver la stabilité du régime politique. Enfin, brandir des menaces extérieures, même fictives, est un moyen efficace de masquer les problèmes sociaux existants et d’escamoter les vrais débats sur l’orientation politique du pays.

Reste que tout n’est pas bénéfique pour les autorités. Les plus radicaux des tenants des thèses nationalistes ont déjà commencé, certes encore timidement pour l’heure, à critiquer la ligne officielle du parti, à leurs yeux trop conciliante envers « l’impérialisme américain, le militarisme japonais et la tendance indépendantiste de Taiwan ». Faut-il y voir une épée de Damoclès au-dessus des dirigeants et en particulier de ceux de la nouvelle génération, mis en orbite depuis le 16e congrès du parti ? On ne saurait dissiper cette crainte sans un vrai débat sur le fond de problème.

 

 

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