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›› Chronique

Un Parlement au Parti

Décidément, les communistes chinois s’embourgeoisent à grands pas. Si depuis quelques années, les chefs d’entreprises privées sont désormais admis dans leurs rangs, la nouvelle direction du Parti a décidé d’introduire, à l’occasion du 3e plénum du Comité central qui sera convoqué début octobre, un mécanisme parlementaire dans l’institution : le Bureau politique, instance suprême de l’appareil, est invité à rendre compte de ses activité au Comité central, du jamais vu dans l’histoire.

Un certain nombre d’observateurs n’y voient qu’une mesure tactique prise par Hu Jintao qui, faute d’avoir la majorité au sein du Politburo, chercherait un soutien plus large au niveau des « députés du parti ». Au contraire, cette réforme institutionnelle est appelée à demeurer dans le temps, comme l’ont annoncé ses initiateurs, afin de placer la direction du parti sous le contrôle d’un « Parlement » jadis considéré comme l’instrument par excellence d’un Etat bourgeois.

Il paraît d’ailleurs quelque peu hâtif d’attribuer la paternité de cette réforme au seul Hu Jintao. Il est tout aussi plausible que l’idée soit venue de Zeng Qinghong : un article, paru cet été dans la revue de l’Ecole centrale du Parti dont il est le président, déplore la concentration excessive du pouvoir politique au sein du parti et préconise un partage des rôles entre les différents organes, tout en gardant la prééminence du Parti sur les instances gouvernementales. En tout cas, l’idée d’une déconcentration du pouvoir et d’un renforcement du contrôle des exécutifs a gagné un soutien consensuel. Personne ne souhaite pour l’instant rompre l’équilibre existant au sommet dans les rapports de forces entre le couple Hu-Wen et le « groupe de Shanghai ».

A plus long terme, on peut espérer que les membres du Comité central useront de leur droit d’arbitrage et participeront plus activement aux mécanismes de décision politique, ce qui constituerait un pas important vers la transparence des débats et la démocratie interne du parti. Il est important de souligner que le terme « démocratie » n’est plus tabou dans le débat public.

Reste à savoir si une telle réforme ouvre la voie à d’autres, comme par exemple l’élection libre des « députés du parti » par les adhérents de base ou encore la formation de « courants » au sein du parti. Le risque n’est-il pas d’ouvrir ainsi la boîte de Pandore et de voir un retour des « démocrates » dans le style 1989 ?

Même avec l’instauration d’un « parlement » à pouvoir élargi, le principe de monopartisme n’est pas encore remis en cause. Les relations entre le parti au pouvoir et les instances gouvernementales demeurent ambiguës. La légitimité d’un parti de gouvernement auto-justifié et constitutionnellement indéboulonnable reste l’obstacle le plus sérieux pour les réformes politiques à venir.

 

 

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