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›› Editorial

Au delà de la relance, le freinage de la croissance pourrait durer

La tentation de la relance par l’investissement.

Choqué par les mauvais chiffres économiques, le Quotidien du Peuple reconnaissait, dans un éditorial publié en première page le 23 août dernier, la nécessité d’une politique souple, capable à la fois d’affronter les menaces du court terme, tout en restant attentif à l’exigence de procéder aux restructurations qui permettraient à la Chine d’affronter les défis de l’avenir, dont les menaces sont déjà perceptibles. Sans entrer dans le détail, le journal indiquait qu’il « fallait se tenir prêt à réagir aux incertitudes du présent, mais rester focalisé sur les plus longues échéances ».

Par cette profession de foi, l’éditorial entérinait le début de relance engagée par le pouvoir à la suite des résultats alarmants du printemps et préparait l’annonce d’un stimulus plus important. Après les mauvais chiffres d’avril et mai (décélération brutale de la production industrielle, chute des investissements immobiliers et d’infrastructure, sérieux freinage de la croissance des échanges, réduite à seulement + 5% par rapport à 2011), les taux d’intérêt de la Banque Centrale ont en effet été abaissés à deux reprises, le 8 juin et le 6 juillet.

Décidée pour dynamiser la croissance, en appui de la reprise des investissements d’infrastructure comme ceux du réseau ferré, dont le budget a en partie été rétabli, après avoir été sérieusement réduit en 2009 et 2010, la relance par le crédit a aussitôt déclenché un de ces effets pervers que le pouvoir redoute le plus : la résurgence des pressions vers le haut sur les prix de l’immobilier. Le retour de la spéculation affaiblissait d’autant une des priorités cardinales du Premier Ministre de contrôler l’offre sociale du logement.

Pire encore, selon le Journal Chinois des valeurs boursières du 12 juin, 中国证券报 Zhongguo Zhengquan, cité par Barry Naughton dans la livraison de China Leadership Monitor n°38, le crédit plus facile, lié à la crainte d’une décélération trop forte avait même favorisé l’obsession du chiffre et la résurgence régressive de la vieille habitude de falsification des données par les autorités locales.

Les vieilles pratiques de maquillage qui ne favorisent pas la confiance, sont en complet décalage avec les idées des réformateurs les plus en pointe comme Wang Yang, le Secrétaire du Parti de Canton, qui prône la transparence des politiques publiques.

Enfin, s’il est vrai que la relance peut être un adjuvant pour une reprise vigoureuse capable de se prolonger pendant un an ou deux, elle fait le lit de la corruption et retarde d’autant les restructurations de fond, favorisant le gaspillage du capital et son détournement vers des projets moins prioritaires tels que l’immobilier de luxe ou certaines infrastructures de prestige comme les autoroutes, dont le taux de fréquentation reste indigent.

Les mesures du court terme rapidement exposées ci-dessus, décidées en réaction face à un risque de freinage brutal, hantise sociale et politique du régime, ne sauraient cependant être qu’un expédient dans un contexte général où nombre d’observateurs croient que la Chine aborde aujourd’hui une phase nouvelle de son développement. Celle-ci sera en effet durablement marquée par une plus faible croissance due à d’importantes mutations dans son marché du travail, en même temps qu’à une raréfaction du capital disponible.


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