›› Editorial
Une ressource financière plus rare.
A la pression démographique sur la réserve de main d’œuvre disponible, s’ajoute celle sur le capital. En rupture avec la situation antérieure, celui-ci se fait plus cher et plus rare à mesure qu’augmentent les charges sociales de l’Etat, corollaires de l’urbanisation et de la modernisation du pays, tandis que persistent les problèmes budgétaires des provinces.
Dans une étude publiée le 19 mars 2012, Arthur R. Kroeber, expert financier au Centre Brookings – Qinghua à Pékin, expliquait que, pour une grande part, la croissance rapide des dix dernières années avait reposé sur une amélioration accélérée de la productivité du travail, elle-même résultat d’un taux d’investissement extrêmement élevé.
Mais ce dernier, situé à 49% du PIB, soit 10 points de pourcentage au-dessus des taux maximum jamais atteints par le Japon et la Corée du sud, est arrivé à son apogée en 2011 et déclinera à l’avenir, restreint par la masse croissante des dépenses sociales non honorées, dans un contexte où, selon un récent article publié par Caixin, la baisse des revenus des provinces est générale, aggravée par la faiblesse des systèmes de recouvrement de l’impôt. Une conjoncture qui menace les programmes sociaux et même les projets d’infrastructure.
Le corollaire évident de cette situation est que la capacité de la Chine à maintenir une croissance élevée par la mobilisation massive de capital ne pourra que faiblir.
Il en résulte que, dans une situation marquée par des ressources humaines moins abondantes et plus chères, la seule marge de manœuvre pour préserver la croissance restera une meilleure rentabilité du capital, aujourd’hui très faible. Cette occurrence incontournable plaide également pour une réforme rapide du schéma de développement du pays et l’abandon des habitudes de gaspillage qui ont accompagné les 30 glorieuses chinoises.
Quoi qu’il en soit, les tensions de long terme sur les ressources et le capital sont, en dépit des politiques de relance aux effets limités dans le temps, de nature à freiner la croissance et à attiser les débats politiques internes. Tôt ou tard elles conduiront à un approfondissement de la réforme.
Mais le retour à la relance par l’investissement annoncé le 26 août suggère que la mise à plat n’aura peut-être pas lieu au 18e Congrès.