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›› Editorial

Chine – États-Unis. Le choc des entêtements, stigmate de la rivalité stratégique globale

Voilà plus de 400 jours que la guerre des taxes fait rage, infligeant des dommages à la Chine et aux États-Unis. Menée par Washington qui répond désormais avec acharnement au raidissement chinois, elle menace de faire dérailler l’économie mondiale par les contraintes en cascade qu’elle impose aux flux commerciaux et aux chaînes d’approvisionnement.

En haussant l’analyse d’un étage on voit bien que ce choc des entêtements commerciaux n’est qu’un symptôme de la rivalité stratégique globale dans laquelle sont engagés Pékin et Washington.

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Le 21 août, la querelle a pris un tour burlesque par une série de « Tweet » de D. Trump qui visaient à la fois les entreprises américaines délocalisées en Chine, le président de réserve fédérale Jerome Powell, rendu responsable des déboires de l’économie et, plus généralement, les relations sino-américaines elles-mêmes.

Les trois « Tweet » les plus toxiques, ciblant clairement sa base électorale, furent celui où il s’interrogeait sur « le plus grand ennemi des États-Unis » : « Le président Xi Jinping ou Powell ? » ;

Celui où il niait l’interdépendance sino-américaine, tout de même à l’œuvre avec des hauts et des bas depuis plus de 30 ans : « Franchement nous n’avons pas besoin de la Chine et nous portons beaucoup mieux sans elle » ;

Et enfin, l’injonction hors-sol adressée aux investisseurs américains de quitter la Chine : « Nous ordonnons à nos grandes sociétés américaines de chercher sans délais une alternative à la Chine, notamment en rapatriant leurs production aux États-Unis ».

L’audace de TESLA défie le protectionnisme de Trump.

On mesure le caractère extravagant et décalé de la sommation dans une économie libérale, si on se souvient que le groupe Tesla, domicilié à Palo Alto dans la Silicon Valley dont le PDG est l’ingénieur et entrepreneur d’origine sud-africaine Elon Musk, lié par ses affaires à la NASA via SpaceX, est en train de créer à Shanghai une usine géante de voitures électriques.

Avec un objectif de production de 250 000 voitures par an en 2020, le projet, partie d’un plan global de « Gigafactories » – fabriques de voitures électriques et/ou de batteries installées au Nevada, dans l’État de New-York et en Europe (Allemagne ou Pays Bas) sort de terre dans la banlieue de Shanghai, à Lingang au sud de Pudong, face à la baie de Hangzhou sur un terrain de près de 9 hectares.

La structure du financement encore hésitante compte tenu des problèmes de cash du groupe et de l’ampleur des sommes en jeu reposerait, selon Elon Musk lui-même, sur 2,5 Mds des prêts accordés de prêts accordés par les banques chinoises. En réalité, signe que Tesla prend risques en pariant sur les banques chinoises et le marché de la voiture électrique en Chine, les prêts accordées, nettement moins importants, ne s’élèvent qu’à 3,5 Mds de Yuan (521 millions de $) (Source CNBC)

Néanmoins, il est impossible d’imaginer un contraste plus flagrant entre l’internationalisation entrepreneuriale et financière en cours du groupe américain Tesla qui s’engage en Chine avec les Chinois et le projet de repliement territorial de la Maison Blanche.

Contraste aussi entre l’improbable lubie de déconnexion avec la Chine exprimée par Trump et l’imbrication industrielle et financière sino-américaine qui voit le jour à Shanghai.

Pour faire bonne mesure, le Président iconoclaste engagé dans une bataille de mots et de représailles du tac-au-tac qui désarçonne à la fois Pékin et les diplomates chevronnés habitués à plus de discrétion, « ordonnait » aux champions américains de la vente en ligne et de la livraison rapide Fed Ex, Amazon et UPS de cesser toute livraison de Fentanyl en Chine.

La mesure punitive ciblait une promesse apparemment non tenue de la direction chinoise qui, en décembre dernier, avait par la voix du MAE, Wang Yi, promis de déclarer illégal et de mieux contrôler ce puissant opioïde appartenant à la famille de l’héroïne. En vente libre en Chine et détourné illégalement, il est responsable de nombreux décès par surdose aux États-Unis où il est consommé comme drogue ou comme antidouleurs.

En décembre dernier François Danjou avait évoqué cette controverse dans un article plus général qui prévoyait un dérapage hystérique de la querelle. Nous y sommes. Lire : Au G.20, Washington concède à Pékin un armistice de 90 jours.

La pondération feutrée des diplomates qui dans la forme laisse une marge de manœuvre au compromis, a laissé la place à une féroce bataille d’égos et de nationalismes où sont appelés à la rescousse les réseaux sociaux chinois prompts à l’insulte et au radicalisme vengeur.

Aux États-Unis, alors que l’inconditionnelle base électorale de Trump considère sans aucune nuance la Chine, ayant à ce jour bénéficié de trop de largesses, comme le bouc émissaire de tous les déboires américains, c’est aujourd’hui la presque totalité de la classe politique qui exprime une défiance à l’égard de Pékin, en dépit d’une récente mise au point de la mouvance des sinologues. Lire : Polémiques à Washington à propos de la politique chinoise de Trump.


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