Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Chine - monde

Complexités thailandaises et aléas de la démocratie

Deux visions de la politique et du pouvoir.

L’affaire tourne au face à face entre deux camps, qui en dépit des apaisements actuels, restent arc-boutés sur leurs positions : d’une part les ennemis de Thaksin, considérés de manière bienveillante par l’armée et soutenus par les partisans du Roi, lui-même ulcéré par les méthodes à l’emporte pièce, corruptrices et clientélistes de Thaksin.

Au nom de la transparence et de l’éthique démocratiques, ces derniers en sont même venus à réclamer la refonte de la loi électorale. Les élections - disent-ils - permettent de manipuler le peuple sous informé. C’est pourquoi ils envisagent de les remplacer par un système sans base démocratique - et dont on voit mal comment il pourrait être mis en œuvre -, où seulement 30% des députés seraient élus, tandis que les 70% restant seraient nommés par un collège ad hoc. Pour eux le principe « un homme une voix », perverti par le « système Thaksin », reconduirait indéfiniment au pouvoir la même mouvance populiste et corrompue.

En face d’eux, les partisans de l’ancien premier ministre, auxquels commencent à se joindre certains hommes d’affaires et la classe moyenne excédés par les dérapages du PAD qui rejette le suffrage universel et n’hésite pas plonger le pays dans le chaos. Dans le fief de Thaksin, au Nord-Est du pays, les paysans ont même exprimé leur rancœur à l’égard de la monarchie qui soutient les manifestants anti-Thaksin. Tout ce mouvement prend aujourd’hui fait et cause pour le « Front Uni pour la Démocratie contre la Dictature », dont les activistes, revêtus de chemise rouges, s’opposent aux partisans du PAD, vêtus de jaune (couleur royale). Jusqu’à ce jour, la patience dont ont fait preuve les « chemises rouges » contraste avec les provocations du PAD, dont les actions illégales se sont multipliées, sous l’œil placide des autorités, paralysées par la caution royale accordée aux protestataires.

Evidemment les deux visions politiques qui s’affrontent en Thaïlande se réclament toutes deux de la démocratie : l’une, élitiste et idéaliste, qui, au nom de la lutte contre le clientélisme, va jusqu’à remettre en cause le principe « un homme une voix », est appuyée par la monarchie et, dans une certaine mesure, par l’armée. Mais voilà, leur idéalisme et leur désir de tourner le dos aux pratiques corrompues les poussent aux extrêmes, allant jusqu’à nier la pertinence des élections. Une position excessive et passionnée qu’ils auront du mal à défendre dans un univers où la règle démocratique s’impose progressivement comme le critère universellement reconnu de « bonne gouvernance ».

L’autre vision, populiste et affairiste qui se réclame du principe majoritaire, est soutenue par une partie importante du peuple, peu regardant sur les principes qui agitent la population de Bangkok, où les intellectuels, la classe moyenne, les étudiants, dénoncent le népotisme, les prébendes, la corruption, l’achat des votes, les trafics d’influence. Les partisans de Thaksin, nombreux dans le Nord-Est, prêts à supporter les immoralités et injustices de la corruption généralisée, sont sensibles au style démagogique et populiste, comme aux réalisations concrètes et spectaculaires, combien même celles-ci ne seraient pas toujours viables à long terme, faute de financement et de l’appui de tous les acteurs de la société civile.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Munich : Misère de l’Europe-puissance et stratégie sino-russe du chaos

Au Myanmar le pragmatisme de Pékin aux prises avec le chaos d’une guerre civile

Nouvelles routes de la soie. Fragilités et ajustements

Chine-UE. Misère de l’Europe puissance, rapports de forces et faux-semblants

A la croisée des chemins, Pékin fait le choix de « la rue arabe » contre l’Occident