›› Editorial
Comme d’habitude, peut-on dire depuis cinq ans, Washington a immédiatement déclaré son opposition à une nouvelle version, russo-chinoise, d’interdiction des armes dans l’espace. A la conférence du désarmement de l’ONU à Genève le 12 février, les deux pays viennent en effet de présenter un nouveau projet de Traité prohibant le déploiement des armements au-dessus de nos têtes.
Russes et Chinois proposent un texte qui interdirait l’installation en république Tchèque et en Pologne du système américain de missiles anti-missiles, assez orienté vers l’est pour irriter Vladimir Poutine. Le projet américain de bouclier anti-missiles couvrant le Japon et Taiwan parait également visé.
Rien n’est dit, en revanche, contre les missiles anti-satellites basés à terre, tel le prototype essayé par les Chinois en 2007, ni contre l’utilisation (possible) de satellites normaux contre d’autres satellites. Sous l’administration Bush, les Etats-Unis se sont retirés en 2002 du Traité ABM (1972) et ont écarté en 2006 tout engagement gênant la mise au point d’armements dans l’espace. La diplomatie américaine écarte donc d’un geste la proposition russo-chinoise.
Ces choses là sont sérieuses et, en même temps on est dans un théatre diplomatico-virtuel sans graves conséquences à court terme, où chaque camp espère cacher ses arrière-pensées pourtant grosses comme des maisons. La conférence sur le désarmement n’approuvera sans doute pas Moscou-Pékin ; pas plus que la proposition américaine d’arrêt de toute production de matériaux fissiles à usage militaire (ce qui gênerait la Chine, l’Inde et le Pakistan). L’ennui, c’est que le premier risque de cet affrontement pourrait être pour l’ONU : l’enlisement durable de la conférence du désarmement elle-même.