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›› Editorial

Feu sur les néo-maoïstes. Premières escarmouches politiques

Coups de projecteur

• Le pouvoir cible les médias et les réseaux sociaux.

Après la pause de l’été, une première vague de mesures de restriction de la liberté d’expression est en cours.

Liu Qi, maire de Pékin s’est en effet récemment rendu dans les bureaux de Sina.com, pour insister sur la nécessaire « santé » d’internet 健康网络 – Jiankang Wangluo -, allusion directe fréquemment utilisée par le pouvoir pour désigner les réseaux et sites internet qui prennent soin d’éviter les attaques contre le magistère du Parti ou se gardent de ridiculiser en ligne les dignitaires du régime.

La ligne dure, choquée par l’avalanche de critiques contre la bureaucratie après l’accident de TGV de Wenzhou, s’est récemment exprimée sur un site du Quotidien du Peuple soulignant que les « blogs » ne devaient pas être un moyen de contrôler le Parti, mais être mis à profit par le Parti pour faire connaître « la vérité ».

La visite de Liu faisait suite à une série d’admonestations adressées aux médias pour les inciter à cesser leurs critiques de la bureaucratie.

• Wang Yang, SG du Guangdong prône la démocratie « à la chinoise ».

Connu pour ses vues sociales, Wang Yang, 53 ans, a lors d’une récente réunion politique, prôné la « démocratie aux caractéristiques chinoises », appelant à la participation des experts et du public pour améliorer la « gouvernance » de la province. Pour lui l’adoption de cette voie ne présentait pas de risques politiques et aurait rapidement des effets bénéfiques.

Membre du Bureau Politique depuis 2007, Wang Yang s’est signalé par son ouverture d’esprit et son modernisme, notamment par ses prises de position sur la nécessaire « libération des esprits ». Au cours d’une réunion à Canton avec ses cadres, le 25 décembre 2007, il mettait, entre autres, l’accent sur les déséquilibres d’un développement encore marqué par la quantité plutôt que la qualité, un retard dans l’innovation et l’éducation, et de graves fractures sociales entre villes et campagnes.

• Ai Wei Wei dénonce à nouveau les injustices.

S’exprimant pour la première fois après sa libération, l’artiste contestataire Ai Weiwei, qui fut un des concepteurs du stade olympique (54 ans), privé de parole publique, interdit de voyage hors de Chine et d’interview à la presse étrangère (le n° de Newsweek distribué en Chine, publiant son interview, a été expurgé par la censure) a utilisé un réseau social pour reprendre, en des termes très durs, ses attaques contre les injustices.

« Les buildings modernes de Pékin masquent la réalité de l’oppression et les dénis de justice. A Pékin on ferme les écoles pour enfants de migrants et on retire les perfusions des bras des malades sans ressources. Le pire est que le système judiciaire n’inspire pas confiance. Sans confiance la société est comme dans une tempête de sable. Les repères disparaissent. »

Il critique notamment la survivance d’un « système d’esclavage », dont sont victimes les migrants sans Hukou, dépouillés de leurs droits à la santé et à la scolarisation des enfants, travaillant en toute illégalité, une situation, cependant tolérée, parfois encouragée par la bureaucratie, confrontée à la quadrature du cercle de l’exode rural massif.

Relayé par la presse occidentale aux Etats-Unis et en Europe, Ai Weiwi risque une nouvelle mise au secret s’il attaque la légitimité du Parti. Dans une interview au Wall Street Journal, le 11 août dernier, Ai Weiwei expliquait qu’il faisait « ce qui lui semblait nécessaire et qu’il était prêt à en supporter les conséquences ».

L’accumulation des situations injustes difficiles à gérer par leur ampleur, dans le contexte d’une urbanisation massive et accélérée du pays, est un des plus graves problèmes que le Parti ait à résoudre. Il est particulièrement sévère dans la province de Canton. (Voir notre article)

• Le Ministère du rail, victime collatérale de l’accident de TGV.

Véritable état dans l’état, qui, sous Li Zhijun, le précédent ministre déchu, avait contracté plus de 300 Mds de $ d’emprunts (5% du PIB), le ministère du rail est aujourd’hui la cible du pouvoir.

On lui reproche de profiter de sa position de « juge et partie » dans les appels d’offre, contrôlant une myriade de fournisseurs et de sous-traitants, dans un vaste réseau d’allégeance ouvrant la porte à d’insondables corruptions.

Un premier dégraissage avait déjà eu lieu, coupant le cordon ombilical du ministère avec une longue suite d’écoles et d’hôpitaux privés qu’il contrôlait. Les deux groupes de construction de matériel ferroviaire (China Railway Group Ltd. et China Railway Construction Corp), n°1 et n°2 mondiaux, ont également été placés sous le contrôle de la Commission de contrôle des actifs de l’état.

• Scandale d’espionnage.

En révélant ou rappelant, dans un cours sur la sécurité et l’honnêteté des cadres du Parti, une longue liste de responsables de haut niveau s’étant rendus coupables d’espionnage – mais dont les affaires avaient été tenues secrètes pour ne pas écorner l’image idyllique d’un Parti irréprochable, ne rassemblant que des fidèles vertueux – le général Jin Yinan, responsable des études stratégiques de l’Université de la Défense Nationale, n’imaginait pas qu’il allait se retrouver filmé sur YouTube et sa causerie dévoilée au monde entier.

La liste citée, à titre de contre exemples de ce que devraient être des cadres vertueux, comporte 8 noms de personnalités ayant tenu dans l’histoire des postes de responsabilité en Chine ou à l’étranger. Dans cette galerie de portraits inconnue ou oubliée du grand public, passant en revue quelques maîtres déchus de la trahison, on se retrouve tout de même en compagnie du Général Gong Chu, l’un des trois plus hauts responsables de l’Armée Populaire, après Mao et Zhu De ; de Zhang Guotao, secrétaire général du 1er Congrès du Parti et de He Zhihua, épouse de Luo Yinong, un des fondateurs du Parti.

Plus près de nous, on découvre Kang Rixin (58 ans), ancien président de la China National Nuclear Corporation, membre du gratin politique du pays, condamné à la prison à vie en 2010 pour corruption et dont le cas, tenu secret, avait poussé le Bureau Politique à augmenter ses contrôles et enquêtes des membres éminents du Parti.

A peine moins sensible, mais encore plus mystérieux, est Li Bin, ambassadeur en Corée du sud, convaincu d’espionnage en 2007, mais condamné pour corruption à seulement 7 années de prison, une clémence inhabituelle qui cacherait des ramifications et des protections au sein du Parti.

Un autre cas était celui de Lu Jianhua, (50 ans, sociologue) - mais l’affaire avait été rendue publique par la BBC en 2006 – brillant chercheur à l’Académies des Sciences Sociales, condamné à 20 ans de prison pour avoir vendu des secrets au plus offrant, ou encore, ces trois Colonels de l’APL, payés par la CIA ou le Japon.


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