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›› Editorial

L’année du Serpent et le défi de la productivité

Réformer le Hukou et s’ajuster à la nouvelle main d’œuvre

La masse qui s’est mise en mouvement il y a un peu plus de 10 jours et dont une part importante est composée de travailleurs migrants renvoie à deux thèmes de plus en plus souvent évoqués dans les instances dirigeantes du pouvoir : la réforme du Hukou et les modifications structurelles de la main d’œuvre qui s’ajoutent aux défis de l’urbanisation. Tous deux ont une incidence sur l’avenir économique de la Chine et imposeront de drastiques remises en question, rendues difficiles par la rémanence des intérêts acquis.

Question Chine a déjà traité des obstacles qui retardent la suppression du passeport intérieur. Ils sont d’abord de nature politique, le Parti hésitant à bousculer l’équilibre précaire qui privilégie les urbains aux migrants, véritables soutiers, laissés pour compte du miracle chinois.

Mais les freins résident aussi dans les capacités foncières et immobilières des provinces et dans leurs disponibilités financières. De toute évidence celles-ci auront quelques difficultés à faire face au vaste problème de l’intégration urbaine des travailleurs sans Hukou.

Selon l’Académie des Sciences Sociales, en effet, l’insertion en ville d’un seul migrant coûterait 7000 €. Ce qui obligera à dégager un budget de 250 Mds d’€ pour intégrer la « population flottante » de la seule province de Canton. (Voir notre article Les embarras de la réforme du Hukou).

Quant aux modifications en cours de la structure de la main d’œuvre, elles ont déjà des incidences mécaniques sur les salaires et les coûts de production, donc sur les revenus des entreprises. Si ces dernières veulent survivre elles devront consentir des efforts soutenus pour améliorer à la fois leur productivité et la qualité de leur production.

Contraction du marché du travail.


Hausse des coûts de production.

Le 18 janvier le Bureau National des Statistiques (BNS) a, pour la première fois dans l’histoire de la République Populaire, annoncé que la population en âge de travailler avait diminué en 2012. S’il est vrai que la statistique se réfère aux âges moyens actuels des actifs en Chine – 15 à 59 ans –, tandis que le nombre de Chinois dont l’âge est compris entre 15 et 64 ans - références utilisées par les Nations Unies - continuera encore d’augmenter jusqu’en 2015, il n’empêche que l’annonce sonne comme une mise en garde.

Depuis le début du miracle économique chinois, en effet, la croissance rapide s’alimentait en partie de la pléthore de main d’œuvre bon marché. Cette ère tire à sa fin. C’est en tous cas ce que pense Ma Jiantang du BNS, qui, le 18 janvier, critiquant au passage la survivance dangereuse de la politique de l’enfant unique, expliquait que le temps de la croissance à deux chiffres alimentée par les dividendes démographiques, était révolu.

En 2012 - précise le BNS - le nombre des actifs entre 15 et 59 ans a diminué de 3,45 millions et la tendance se poursuivra jusqu’en 2030. A ce déclin quantitatif de la ressource s’ajoute une série facteurs sociaux qui compliqueront encore la gestion d’une ressource humaine moins abondante et de plus en plus rétive.

Aujourd’hui la population jeune, autrefois la plus malléable, rechigne aux emplois pénibles, aux horaires et à la discipline militaires, aux bas salaires, tandis que les migrants se détournent peu à peu d’un mode de vie qui les privait de leur famille, sur les chantiers de la côte Est, où beaucoup vivaient en marge de la légalité.

Mécaniquement le rétrécissement de l’offre a engendré des hausses de salaires qui, dans certains secteurs commencent à avoir une incidence sur les coûts. S’il est vrai que dans l’industrie manufacturière, la part des salaires dans les coûts de production stagne encore à 5%, elle est de plus de 50 % dans l’agriculture, de 16%, en moyenne, dans les services et de plus de 30% dans la banque et l’assurance.

Partout, à la hausse du coût des matières premières et des services, s’est ajouté le doublement des salaires depuis 2007. Dans la plupart des cas, cette hausse a largement dépassé celle des autres composants du coût de production, dont l’augmentation a varié entre 51% pour les biens de consommation importés et 77% pour l’énergie.

La tendance ne cessera pas. Elle sera même accélérée par l’inflation des prix immobiliers, le coût des filets sociaux et les pressions du gouvernement pour rehausser le salaire minimum. Tous ces facteurs, à quoi s’ajoutent la crise mondiale et la baisse de la demande des marchés européens et américains, commencent à sérieusement handicaper les profits des entreprises.


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