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›› Politique intérieure

L’ANP 2012, testament politique de Wen Jiabao

L’urgence d’ajuster le schéma de développement.

Comme chaque année, l’ANP a donné lieu à la présentation des rapports de travail du Premier Ministre, du Président de la Commission pour la Réforme et Développement et du ministre des finances, traditionnels inventaires de la situation socio-économique du pays, avec leurs listes de problèmes et de défis, assortis des mesures prises ou à prendre pour l’année et le plan quinquennal à venir. Les longues énumérations étaient dans la ligne exacte des analyses effectuées par les experts, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Chine, qui, depuis plusieurs années, traitent de la situation du pays.

On y retrouve la nécessité de modifier le schéma de développement par la maîtrise de l’investissement public, le contrôle des prix, l’assainissement des institutions financières, une meilleure maîtrise des budgets des provinces, la réforme fiscale et de la propriété – notamment pour renforcer la capacité des municipalités dans le cadre du considérable défi de l’urbanisation accélérée du pays -, et l’augmentation de la demande interne. A quoi s’ajoutent le soutien aux agriculteurs, la restructuration industrielle appuyée par la montée en gamme technologique, l’efficacité énergétique, les économies d’énergie, la lutte contre la pollution, la réforme de l’éducation et l’appui à innovation.

Les rapports portent aussi une forte marque sociale, avec d’indéniables efforts pour mettre en place un service de santé publique performant, créer un système de retraites, construire des logements accessibles pour le plus grand nombre, dans un contexte où, cependant, les efforts pour redistribuer plus équitablement la richesse se heurtent aux freins structurels liés à l’existence de prébendes directement connectés à l’oligarchie.

Cette année, le rapport de travail du gouvernement a coïncidé avec la publication, le 27 février 2012, par la Banque Mondiale, d’un travail de recherche intitulé « Chine 2030. Construire une société moderne à hauts revenus, harmonieuse et créative ». Fait assez remarquable, constituant en soi un geste significatif d’ouverture politique capable de faire pression sur la mouvance conservatrice opposée aux réformes, le rapport de la Banque Mondiale est signé conjointement par le Président Robert Zoellick et par le Directeur du Centre de Recherche du Conseil des Affaires Etat, Li Wei, nommé en avril 2011.

L’idée d’un rapport conjoint avait été avancée en septembre 2010 par Robert Zoellick et Li Keqiang, probable futur premier ministre, lors du 30e anniversaire des relations de la Chine avec la Banque Mondiale. La cosignature du Conseil des Affaires d’Etat constitue un signal fort de l’implication de Li Keqiang en faveur de la réforme.

Comme le rapport du Premier Ministre, les six directions d’effort préconisées par le rapport qui énumère les grands défis de la Chine ont toutes un lien avec le réajustement du schéma de développement : 1) Poursuivre et compléter la transition vers une économie de marché ; 2) Augmenter les efforts d’innovation ; 3) Privilégier les énergies vertes pour transformer le stress environnemental en opportunité de croissance et de développement ; 4) Elargir à tous l’accès à la santé publique à l’éducation et au travail ; 5) Moderniser et consolider le système fiscal ; 6) Intégrer les réformes structurelles aux modifications de l’économie globale afin de développer des relations positives avec le monde.

Il n’est pas anodin de signaler que tout un paragraphe du travail de la Banque Mondiale et du gouvernement chinois traite, en une dizaine de pages, des obstacles à la réforme et de la manière de les surmonter (p.65).

On peut notamment y lire l’analyse suivante qui pointe sans ambiguïté les responsabilités de l’oligarchie politique et affairiste : « le groupe qui résistera le plus aux réformes sera, sans conteste, celui des intérêts corporatistes, tels que les entreprises en situation de monopole sur leur marché, les groupes, institutions ou personnes qui bénéficient de privilèges particuliers ou de traitements préférentiels rendus possibles par l’actuel fonctionnement du pouvoir et des institutions (…) »

« Ces groupes, qui profitent de rentes de situations découlant de leurs relations privilégiées avec les décideurs politiques, protègeront résolument leurs intérêts grâce à leur pouvoir, leurs ressources et leurs connexions. Pour surmonter ces obstacles, le gouvernement devra, à son plus haut niveau, faire preuve de courage, de détermination, de clarté dans l’exposé de ses objectifs et d’un grand charisme politique ».


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