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La diplomatie socialiste de marché

Peut-on résumer en quelques lignes la politique extérieure de Jiang Zemin ? L’exercice n’est pas aisé, car durant les 13 dernières années où il a régné pratiquement sans partage à la tête de l’Etat, du Parti et de l’Armée, rien n’indique qu’il avait établi une ligne de conduite en la matière. Tout se passe comme si les décisions, y compris les plus importantes d’entre elles, avaient été prises au coup par coup, au gré des circonstances du moment et avec une vision plutôt à court terme.

On peut longuement méditer sur les relations entre Pékin et Washington. Après une période de refroidissement à la suite des événements de 1989 (la répression du mouvement de Tiananmen), le parcours est caractérisé par des zigzags incessants durant les deux mandats successifs de Bill Clinton. La chute du Mur de Berlin annonce la fin d’une quasi-alliance entre les deux pays contre les visées hégémoniques de Moscou et les critiques des Américains en matière des droits de l’homme se font plus insistantes. Mais parallèlement, la Chine continue d’être un terrain de prédilection pour les investisseurs américains et les montants de commerce bilatéral augmentent régulièrement. En 1999, le bombardement de l’Ambassade de Chine à Belgrade par des missiles américains avait failli amener la rupture des relations bilatérales, mais un an plus tard, des liens qualifiés de « partenariat stratégique » étaient scellés à Pékin, lors de la visite officielle du Président Clinton. L’arrivée à la Maison blanche de George W. Bush n’a pas dissipé le flou des relations sino-américaines. Après l’incident de l’avion espion EP-3, dont 24 membres d’équipage avaient été « gardés à vue » sur l’île de Hainan pendant une dizaine de jours à la suite d’une collision de leur appareil avec un chasseur chinois au-dessus de la mer de Chine méridionale (pourtant hors des eaux territoriales chinoise), les tensions entre les deux pays ont connu un moment de paroxysme. Puis, à la faveur des luttes antiterroristes, la Chine est redevenue l’un des alliés les plus importants de Washington.

En contraste, la politique vis-à-vis de l’Asie centrale paraît beaucoup plus lisible. Dès 1996, la création du Club de Shanghai (devenu en 2001 l’Organisation de coopérations de Shanghai, OCS) réunissant la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan (l’Ouzbékistan l’a rejoint depuis 2001) a pour objectif de mener une lutte commune contre « le séparatisme, l’extrémisme religieux et le terrorisme ». Outre les bénéfices que la Chine en tire pour la sécurité de ses frontières à l’ouest du pays, certains observateurs y voient une ébauche de rapprochement russo-chinois dans l’objectif d’assurer l’approvisionnement énergétique de la Chine et d’empêcher une trop forte présence américaine dans la région. Seulement, l’attentat du 11 septembre 2001 a complètement bouleversé la donne avec l’entrée officielle et non contestée des forces américaines en Afghanistan et dans les pays voisins. L’avenir de l’OCS est de ce fait plus que jamais incertain.

A l’instar de la politique économique, la diplomatie chinoise s’est, elle aussi, éloignée de plus en plus des principes fondés sur une base idéologique. Nous sommes encore dans une phase de transition où aucune doctrine n’a été véritablement arrêtée. Pour décrire cet état de choses, il semble judicieux d’employer le terme (certes avec un brin d’ironie) de diplomatie socialiste de marché.


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