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La huitième perle

Patience et longueur de temps.

L’affaire ne s’est pas faite du jour au lendemain. Pékin a en effet longtemps courtisé le gouvernement sri lankais, lui vendant des armes (en 1990, la Chine est devenue son premier fournisseur d’équipements militaires), et apportant sans faiblir son soutien à Colombo, paralysant ainsi toute action des Nations Unies visant à mettre le Sri Lanka à l’index pour ses brutalités dans le conflit tamoul.

En 2008, l’aide de Pékin à Colombo a atteint 1 milliard de dollars, surpassant massivement celle des Etats-Unis ou de la Grande Bretagne qui, à eux deux, n’ont accordé que 9 millions.

Il est vrai que la Chine n’est pas une nouvelle venue sur l’Ile, que les Chinois appellent Sinhalam. Il est même probable que l’amiral Zheng He, défendant les intérêts économiques et politiques de la dynastie Ming et venu plusieurs fois dans ces parages au XVe siècle, y a pratiqué une politique de pressions politiques, appuyées par sa puissante flotte, inventant la version ancestrale du« regime change » de Georges Bush.

Aujourd’hui la méthode a changé, remplacée par des aides massives et un soutien politique indéfectible à Colombo, en dépit des états d’âme occidentaux. Mais, comme il y a six siècles, la « 8e perle » est redevenue un élément essentiel de la stratégie chinoise sur la route du Golfe, même si le gouvernement chinois n’y voit pour l’instant qu’un port commercial. Selon un analyste indien, « la valeur stratégique de ce nouveau point d’appui surpasse de très loin celle des autres bases chinoises sur la route du Moyen Orient ».

Méfiances indiennes.

New-Delhi observe avec inquiétude ces développements qui comportent depuis plus de 15 ans, de lourdes coopérations militaires et des ventes d’équipements sophistiqués (armes anti-aériennes, radars de surveillance aérienne, chasseurs chinois F7 et formation de pilotes de chasse).

Il y a quelques jours seulement, un article du Times of India commençait ainsi : « La déclaration chinoise de soutien au gouvernement sri lankais, qui est aussi un pied de nez à la communauté internationale, crée chez les Indiens une méfiance mortelle à l’égard de leur plus grand et plus puissant voisin. Le soutien de la Chine au gouvernement de Colombo confirme les ambitions chinoises dans l’Océan indien ».

New-Delhi ne reste pas inerte et commence timidement à répondre aux avancées chinoises dans son environnement immédiat, encouragée par Washington qui, en 2007, lui a vendu un bateau de guerre de 17 000 tonnes et a entamé avec elle une coopération nucléaire civile, d’abord très controversée.

Celle-ci avait d’ailleurs immédiatement suscité une réaction de Pékin, qui exigea d’abord que New Delhi prolonge son moratoire sur ses essais nucléaires, avant de céder, au bout d’une année de négociations, à la pression internationale, ouvrant la porte à un accord de New Delhi avec les Etats membres du groupe des fournisseurs de combustible nucléaire.

Dans le même temps l’Inde a proposé son aide au Bengladesh pour construire une centrale électrique et a fourni à Dhaka une assistance humanitaire ; elle a installé des centres d’écoute au Mozambique, à Madagascar et une station d’observation spatiale en Mongolie, pays voisin de la Chine, avec qui elle a entamé une coopération militaire. En janvier 2009, elle a signé un accord de coopération nucléaire avec le Kazakhstan, 3e producteur mondial d’uranium et autre grand voisin de la Chine.


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