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La réaction de la Chine à la mort de Ben Laden a, sans surprise, été moins démonstrative que celle des pays occidentaux. La raison en est d’abord que la mouvance Al Qaida n’a jamais vraiment ciblé la Chine, où on ne signale aucun attentat fomenté par l’organisation du Saoudien en rupture de ban, formé en Afghanistan, et engagé surtout dans une lutte à mort contre les Etats-Unis et l’Occident.
En octobre 2009, faisant suite à la brutale répression chinoise contre les Ouïghours musulmans du Xinjiang, accusés d’avoir initié les émeutes de juillet 2009, Abu Yahia Al-Libi, une des figures les plus radicales d’Al Qaida, idéologue du mouvement, avait bien appelé à la guerre sainte contre la Chine, mais aucun attentat n’avait été commis. En décembre 2009, le même Al Libi avait été éliminé par un drone américain.
En Chine, où le peuple et les dirigeants sont d’abord occupés à résoudre les contradictions et les bouleversements de leur développement économique et social au rythme et à l’ampleur inédits, l’émergence de la terreur islamique était initialement considérée comme une menace contre l’Occident, qui, selon beaucoup de Chinois nationalistes, payait le prix des injustices commises par le passé.
Lors du 11 septembre 2001, le net chinois avait été traversé de messages iconoclastes se réjouissant du coup porté à l’Amérique. Le pouvoir les avait rapidement censurés, avant de se déclarer solidaire de Washington, puis de faire de la lutte antiterroriste le prétexte de la répression contre l’irrédentisme Ouïghour et l’un des sujets de coopération avec les Etats-Unis et les pays de Organisation de Coopération de Shanghai (Russie et pays d’Asie Centrale).