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›› Editorial

La politique étrangère de Pékin : un « soft power aux caractéristiques chinoises »

Pourquoi cette évolution ?

Ces changements dans la politique étrangère de la Chine s’expliquent par divers facteurs qui les ont rendus d’une part nécessaires et d’autre part possibles.
Ces évolutions devenaient inévitables compte tenu de la puissance de la Chine qu niveau mondial et les nouveaux defis auxquels elle devait faire face après 2000. Rester dans une stratégie consistant exclusivement à garder un profil bas ne convenait plus à une RPC dont les aspirations imposent une implication plus importante sur la scène internationale. Par ailleurs, la défense de ses intérêts nationaux et les impératifs liés à son développement économique, notamment les besoins en ressources, ont obligé la Chine à s’investir de manière accrue à l’étranger. Cette politique de défense des intérêts nationaux, terme apparu pour la première fois dans les textes officiels dès 1982, est bel et bien aujourd’hui une nouvauté.

Ces évolutions ont aussi été rendues possibles grâce aux réformes et à l’ouverture qui ont renforcé la confiance de la Chine dans ses capacités. De même, les programmes de formation de diplomates et autres experts en relations internationales lancés par Deng Xiaoping ont fourni à la RPC une génération de bureaucrates expérimentés qui a permis la mise en œuvre d’une politique étrangère plus ambitieuse tant à l’étranger dans son réseau d’ambassades qu’à Pekin au sein des groupes interministeriels d’experts qui favorisent l’élaboration d’une politique étrangère en cohérence avec le monde actuel.

Enfin, la confiance chinoise se fonde sur un sentiment relativement nouveau de relative sécurité. Comme l’explique Wu Jianmin, ancien ambassadeur de la RPC en France, pour la première fois de son histoire, la Chine ne perçoit aucune menace dans les 4 « sphères » traditionnelles de sa diplomatie [6] et elle est de ce fait davantage encline à s’ouvrir sur le monde.

Nouveaux defis, notamment dans le secteur de la défense et la sécurité.

Ces nouvelles orientations impliquent de nouveaux défis dont certains non négligeables pour la politique de défense et l’Armée Populaire de Libération - APL. Ces défis bousculent quelque peu les agendas et les priorités initiales dans le processus de modernisation de la défense chinoise.

La Chine comprend peu à peu qu’il n’est pas de puissance mondiale sans partenariats de défense forts. En effet, une Chine plus visible sur la scène internationale ne peut faire l’économie d’une coopération militaire et d’une ouverture accrues en contrefeux aux appréhensions et aux suspicions de la communauté internationale.
Par ailleurs, en interne, l’APL devra aussi progressivement sortir de sa « coquille » et s’imposer davantage dans une coopération active avec le Waijiaobu, ministère des affaires étrangères tant les questions de sécurité et défense font desormais partie des dossiers majeurs de la politique extérieure des Etats au même titre que les affaires economiques.

La Chine devra aussi développer et diversifier ses capacités en termes d’opérations de maintien de la paix et d’intervention à l’extérieur de ses frontieres [7] pour agir conformement au rang de grande puissance, qu’en dépit des discours officiels, elle estime être le sien. Le récent engagement de la marine chinoise dans le golfe d’Aden, qui s’est imposé à Pekin plus qu’il n’a été librement consenti, reflète cette nécessité.

La défense des intérêts nationaux impose aussi aux armées chinoises d’urgentes priorités telles que la securité des lignes de communication maritimes, elles aussi au coeur de l’implication de la marine chinoise au large de la Somalie, mais aussi les capacités d’évacuation de ressortissants chinois à l’étranger dont le nombre croît chaque année y compris, voire essentiellement, dans les zones de crises potentielles (80 000 Chinois environ vivent en Afrique).

Ces nouveaux défis pour les armées chinoises dans un contexte budgétaire somme toute contraint risque de forcer la Commission Militaire Centrale du Parti à modifier certains choix dans le processus de modernisation. Pour ne citer qu’un exemple, la mécanisation des forces terrestres non immédiatement concernées par le théatre de Taiwan pourrait être reportée au profit de la marine qui utilise à plein son engagement actuel dans le golfe d’Aden pour faire avancer ses dossiers, notamment celui du porte-avions. [8]

Note(s) :

[6Relations avec les grandes puissances, avec sa périphérie, avec les PVD et les organisations multinationales.

[7La Chine se targue d’être le 1er ou second contributeur du CSNU aux OMP de l’ONU mais elle déploie quasi exclusivement des unités de soutien (sanitaires ou de reconstruction). Elle devra tôt ou tard déployer aussi des unités de combat comme elle fait au Liban.

[8Dans une interview qui sonnait comme une déclaration, le général Qian Lihua, directeur du bureau des affaires extérieures du ministère de la défense, déclarait au Financial Time il y a quelques semaines que nul ne devrait être étonné de voir la Chine se doter d’un porte-avions dans un proche avenir.


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