›› Editorial
Le constat est amer, mais, en même temps, il signale une prise de conscience du pouvoir qui reconnaît les débordements d’une équipe dont les agissements sans frein donnent une image détestable du Régime et créent des risques importants. Après ces alertes le Conseil des Affaires d’Etat a déjà décidé de ralentir le développement du TGV et de réduire la vitesse d’exploitation.
Les déboires traduisent un des plus graves talons d’Achille du système : un schéma de développement, dont le moteur est l’investissement public presque sans limites, à l’origine d’insondables gaspillages et dont les conséquences étaient jusqu’à présent en partie compensées par l’existence d’une main d’œuvre pléthorique et bon marché, tandis que la croissance et la fierté nationaliste liées aux exploits technologiques faisaient passer les coulages financiers au second plan.
Décidés dans le secret des strates supérieures, les projets sont développés par des équipes d’experts, mais leur mise en œuvre est noyée dans la complexité des administrations, dont la loyauté n’est pas toujours garantie. Sur le tas, la population de migrants aux salaires toujours insuffisants travaille au gros œuvre, dans un contexte où leur nombre en augmentation crée d’importants problèmes sociaux sous-jacents.
Les réquisitions de terres et les nombreuses sous-traitances techniques liées au développement sur le terrain donnent lieu à d’inextricables compromissions entre les responsables politiques, les hommes d’affaires, les industriels locaux et les investisseurs immobiliers.