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Les affres de la relation franco-chinoise

Une approche française rigide et jacobine.

« Ce qu’il y a de bien dans une visite présidentielle, c’est que l’on ne nous demande pas notre avis, explique Montalte. Le PR (prononcez comme Saint-Péère mais sans le Saint devant) ne reçoit que des avis autorisés. Vous êtes autorisé ? Non ? Bon, alors circulez !...

« … Sont autorisés, en premier lieu et pour 98% de l’image que recevra le PR de la Chine, les fonctionnaires patentés. Que ces dits fonctionnaires ne restent que 3 ou 4 ans sur place, qu’ils n’aient jamais fait la moindre affaire de leur vie, qu’ils n’aient jamais dirigé la moindre entreprise, n’a pas la moindre importance ; leurs avis autorisés, ultimement retouchés par des QI de premiers de classe façonnés par l’ENA, feront référence...

« … On y ajoutera, pour faire bonne mesure, une petite dose d’experts autorisés pro chinois, épicée d’un ou deux experts plus critiques et le tour sera joué. Il est vrai qu’avec nos phrases mal formulées, notre vocabulaire de tous les jours et nos impressions tirées d’un vécu terre à terre, nous, les résidents sur place, nous manquons de grâce et de hauteur… Nous sommes pire que l’albatros sur le pont des navires…

« … D’ailleurs, en 48 heures de parcours, divisé en 18 séquences toutes chronométrées à la seconde, il n’y aura pas la place pour des hésitations ou des négociations. Tout cela paraît déjà plié d’avance. La messe est dite, rajouterait le Saint-Péère. Alors que pourrait-on dire à un PR qui n’aura de toute façon ni la latitude ni la possibilité de penser à autre chose que ce qui lui aura été préparé ?

« … On ne nous demande pas notre avis. Mais peut-être pourrait-on lui rappeler les réflexions de Pierre Gentelle citées plus haut.

« … Les chinois ne sont pas gentils. Ils ne sont pas méchants non plus. Ni difficiles, ni faciles, ni honnêtes, ou malhonnêtes. Non, les chinois sont tout à la fois gentils, méchants, faciles, difficiles, honnêtes, malhonnêtes etc. En fonction des interlocuteurs et de la situation. Parce qu’ils ne sont pas là pour se battre : ils sont simplement là pour gagner. Tous les coups sont bons et on se trompe en pensant qu’il y a des règles au jeu »

Enfin si la visite présidentielle d’avril, déjà engluée dans les querelles franco-françaises du nucléaire et les affres du déficit commercial, voulait tout de même aborder la relation par son versant politique ou stratégique, il serait nécessaire de garder en mémoire quelques évidences également rappelées par Pierre Gentelle dans son article.

S’il est vrai que la Chine est aujourd’hui traversée par d’importantes contestations politiques internes, il reste que, dans les relations internationales, c’est le nationalisme qui structure le comportement de presque tous les Chinois.

Même si Pékin se conforme encore parfois à l’exigence de modestie prônée par Deng Xiaoping, son ambition hégémonique en Asie va aujourd’hui jusqu’à heurter les stratégies de la Pax Americana appuyées sur le projet économique commercial du « Trans Pacific Parntership » et un déploiement militaire qui monte en puissance depuis 2012. Dans ce contexte, qui alterne affirmation de puissance et signes d’apaisement, le régime et ses administrés qui le critiquent pourtant, supportent de plus en plus mal les admonestations publiques.

« Lorsquʼun pays focalise les regards du monde entier à un moment de lʼhistoire, comme la Chine aujourdʼhui, deux attitudes sont possibles : lʼaffichage de la modestie ou lʼétalage de lʼorgueil. Mais trop de modestie nuit et trop dʼorgueil agace. Il faut donc trouver le juste milieu, par des réequilibrages successifs en fonction des processus en cours et des objectifs poursuivis… »

« … Sʼil est nécessaire à tel moment de faire profil bas, il peut lʼêtre à dʼautres de faire paraître un peu de cette honra qui caractérisait jadis les nobles espagnols. Il faut même moduler ces postures face à des partenaires - adversaires de nature différente, de manière à obtenir de tous le respect. Éviter de faire peur inutilement, mais surtout éviter la jactance, qui fait que lʼon nʼest pas cru.

« … La Chine manie ces deux postures en les synthétisant dans des formules. Il en est deux pour la modestie : Tao Guang Yang Hui « restez discrets et cachez vos talents » et Bu Chu Tou « ne laissez pas dépasser la tête ». Pour la jactance, il nʼen est pas qui soit recommandée. La plus fréquente jaillit lorsquʼun quidam se permet une critique : « on ne donne pas dʼordre à la Chine ». Le reste se passe dans lʼaction, en silence. »

Pierre GENTELLE, « La Chine : interrogations sur un avenir », Cybergeo : European Journal of Geography, Comment penser la Chine ?.


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• Vos commentaires

Par Caligula Le 1er/04/2013 à 09h55

Les affres de la relation franco-chinoise.

Excellente analyse. Merci.

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