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›› Editorial

Les clés politiques de la réforme financière

Depuis l’accession au pouvoir de la nouvelle équipe consciente que le pays est arrivé à une période cruciale de son développement humain et matériel, l’un des mots à nouveau les plus employés du vocabulaire politique chinois est celui de « réforme ». C’est aussi toujours le plus ambigu.

Le vocable apparaît en effet dans une collection de discours traitant non seulement de réajustements techniques administratifs, industriels et financiers mis en œuvre par l’équipe du Premier ministre, mais évoquant également un hypothétique « aggiornamento » politique touchant au pouvoir des assemblées, à la force normative de la constitution placée en théorie – mais en théorie seulement - au-dessus de la toute puissance du Parti ou encore, sujet tabou entre tous, à l’indépendance de la justice.

Mais l’opacité des délibérations à l’intérieur de Zhongnanhai, d’où rien ne filtre n’offre aucune visibilité sur les intentions réelles du régime. D’autant que, sur les réformes politiques, les messages distillés par le Président lui-même sont contradictoires.

Sans qu’on sache vraiment ce qui se cache derrière ses discours, qui ne sont peut-être que tactiques, le Secrétaire Général répétait le 5 décembre 2012, lors d’une cérémonie célébrant le 30e anniversaire de la constitution que « personne n’avait le pouvoir de se placer au-dessus de la Loi fondamentale ».

En même temps il incitait le gouvernement à renforcer les institutions qui permettraient de « contrôler le pouvoir politique », suggérant des prérogatives élargies données aux assemblées locales et nationales. Mais le sujet de l’indépendance de la justice était éludé, laissant supposer que l’actuelle génération ne mettrait pas en cause l’emprise du Parti sur l’appareil législatif et judiciaire.

De fait les allusions aux socialisme ou à la démocratie « aux caractéristiques chinoises » permettant à la Chine de rejeter les prétentions universelles de la démocratie à l’occidentale articulée autour de la séparation des pouvoirs, n’ont jamais cessé. Parfois surgit même l’impression néfaste d’une régression au temps des campagnes d’encadrement moral et politique des masses comme substitut au dialogue avec la société civile.

Pourtant s’il est vrai que le contour des réformes politiques reste ambigu, il est un secteur où le pouvoir paraît s’engager résolument, c’est celui de la réforme du système financier , dont l’urgence retient toute l’attention de Li Keqiang.

Le Premier ministre sait bien que les anciens errements dans l’attribution des budgets d’investissement ont conduit à l’accumulation massive d’actifs sans valeur économique réelle qui fragilise l’économie et affaiblit considérablement la rentabilité de la masse monétaire, très mal utilisée. C’est pourquoi lui et son équipe ont décidé de sacrifier la hausse du PNB pour se consacrer à la modernisation des banques et du système financier.

Mais compte tenu des habitudes ancrées dans l’administration centrale et dans celles des provinces, la tâche est immense et touche à quelques tabous politiques comme la décentralisation des budgets locaux sous la responsabilité des administrations provinciales qui oblige à insuffler dans le système une dose de fédéralisme, ou encore la création d’une culture de contrôle au sein des assemblées

A quoi s’ajoute, avec pour objectif essentiel une meilleure rentabilité du capital, le défi de la maîtrise des finances grises et des dettes toxiques des provinces, caractéristiques enkystées de l’ancien schéma de développement, devenu un obstacle aux réformes, mais dont se nourrit encore la fortune d’une partie de l’oligarchie.


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