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Les Etats-Unis et le « péril jaune »

Quant aux problèmes de sécurité alimentaire, dont la Chine reconnaît elle-même la gravité, et à propos desquels elle est en train de prendre des mesures drastiques, ils ne représentent qu’une faible proportion de ceux auxquels les Etats-Unis et les autres pays occidentaux sont régulièrement confrontés. Aux Etats-Unis la liste des produits alimentaires interdits ou rappelés au cours des derniers mois est impressionnante. Les fabricants ne sont pas tous Chinois loin de là. On y croise des sommités comme Bumble Bee Food (BBF), dont la sauce piquante a provoqué 7 cas de botulisme, United Food Group (rappel de 34 tonnes de produits carnés à base de bœuf, suspectés d’avoir été contaminés par une bactérie) ou encore Sara Lee Corp (rappel de pains complets dont on craignait qu’ils contiennent des morceaux de métal). Aucun de ces cas ne fait la une de l’actualité mondiale.

L’explication est peut-être ailleurs que dans les faits objectifs. Aux Etats-Unis la politique intérieure adore les boucs émissaires. Celui du péril jaune est tout trouvé et crédible. Pensez donc la Chine qui « pique » les emplois et paye sa main d’oeuvre au lance-pierre, ne peut pas produire aux mêmes standards de qualité que les sociétés américaines. Mais on oublie de dire que la plupart des ces opérations « d’outsourcing » sont menées par des JV contrôlées par des sociétés occidentales, dont beaucoup sont américaines. La vérité est que dans ces explications à l’emporte pièce, qui entonnent aussi l’antienne sur la nécessaire dévaluation de la monnaie chinoise, on trouve matière à alimenter les polémiques et surtout à dévier la rancoeur des laissés pour compte de la modernisation dans l’Amérique profonde.

Or à bien des égards ces cris d’orfraie qui commencent à fleurer la xénophobie, sont largement exagérés. Selon l’Institut Cato, une structure de recherche publique basée à Washington, les Etats-Unis profitent autant du commerce avec la Chine que les Chinois eux-mêmes : depuis l’entrée de la Chine dans l’OMC ses importations ont été multipliées par trois ; et la Chine n’est que pour 1% dans la perte des emplois aux Etats-unis, essentiellement provoqués par les restructions américaines et les gains de productivité. Les effets de la mondialisation se font d’ailleurs également sentir en Chine où 15% des emplois ont été perdus en 10 ans.

Mais rien n’y fait. La Chine est devenue une cible. Une société américaine a même appliqué sur ses produits le label « China Free ». Comment ne pas soupçonner que ces excès traduisent une profonde xénophobie, à laquelle la Chine finira par répliquer, excédée par les iniquités dont elle est victime. Rien n’empêchera alors que la relation sino-américaine s’installe durablement dans une guerre de tranchées, dont les Etats-Unis et les entreprises américaines délocalisées avec succès et profit en Chine, ne seraient pas les derniers à souffrir.


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Par fulup Le 22/08/2007 à 18h37

> Les Etats-Unis et le « péril jaune ».

excellente analyse ! merci !

Par Pierig Vezin Le 13/09/2007 à 11h51

> Les Etats-Unis et le « péril jaune ».

Bonjour,
On m’a redirigé vers votre article car je réagissais de façon fort similaire (bien que beaucoup moins bien documenté) à un article dénonçant les pratiques chinoises lors du dernier rappel de Mattel. Je signalais par ailleurs que les autorités chinoises avaient dès le mois d’aout rétorqué que si les produits n’étaient pas conforme, c’était un problème commercial entre un fournisseur et un acheteur, et que celui ci pouvait simplement regretter de ne pas avoir suffisamment contrôlé sa marchandise, mais que ce n’était pas le rôle de l’état chinois de contrôler les fabrications. Je signal par ailleurs que les conditions de travails dans les usines relève partiellement du même raisonnement. Ce n’est pas parce que vous n’êtes « que clients » que vous n’avez pas devoir de vous renseigner sur votre produit et ses conditions de fabrications.

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