›› Editorial

Il y a loin de la coupe aux lèvres. Les prébendes industrielles qui structurent le fonctionnement de la machine étatique tout en redistribuant des subsides appréciables à l’oligarchie ne sont pas encore éradiquées. Loin s’en faut.
Même le mouvement qui s’amorce avec le démantèlement en cours du ministère du rail, État dans l’État aux ramifications de puissance presque infinies, ne viendra pas aisément à bout des positions retranchées où s’abritent les intérêts des clans, assez souvent noyés dans la frontière floue entre le public et le privé.
Il n’empêche qu’une dynamique est lancée qui par endroits a déjà réussi à contourner la Commission Nationale pour la Réforme et Développement, bastion s’il en est de la conception étatique de l’économie et de l’industrie, et, par la force des choses, protectrice des prébendes.
La réforme en cours avait déjà annoncé ses objectifs. Il s’agit de rationaliser le monstre industriel pour réduire les gaspillages et les projets peu rentables, limiter les doublons et les surplus, augmenter la qualité et, in fine, améliorer la productivité, dans un contexte où la disponibilité du capital et de la main d’œuvre est bien moins assurée que par le passé.
C’est ainsi qu’a eu lieu en avril 2013 une évolution majeure dans le secteur de l’acier puisque 15 sidérurgistes privés ont été admis au sein du concert industriel officiel, par le ministère de l’industrie et des technologies de l’information, dans un paysage habituellement dominé presque sans partage par les grands groupes publics. Pour ces groupes privés, la nouvelle est d’importance puisqu’elle les fait sortir de l’inconfortable zone grise d’où elles opéraient jusqu’alors.