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Les habits neufs de la diplomatie chinoise

NOTES (3)

La Chine et l’Arctique.

Pékin, qui n’est qu’observateur temporaire, a accentué ses efforts pour accéder au statut d’observateur permanent du Conseil Arctique, composé de 8 membres qui décident de la politique et des projets dans la zone (Russie, Suède, Norvège, Islande, Finlande, Etats-Unis, Danemark, Canada). Dans ce contexte, la mise en valeur de la région se planifie lentement sur fond de fortes contradictions entre l’urgence de préserver l’environnement et l’intérêt économique de la région.

Celui-ci se nourrit non seulement des riches ressources minières et énergétiques non exploitées (30% des réserves mondiales potentielles de gaz naturel, selon un étude de US Geological Survey, à quoi il faut ajouter les réserves de charbon, de terres rares, d’uranium ou de pétrole), mais également du fait que la région offre des routes maritimes entre l’Europe et l’Asie raccourcies de plus de 6000 km, permettant une économie moyenne de 300 000 $ par bateau et par voyage.

A la mi-mars le ministre des Affaires étrangères norvégien déclarait que son pays apporterait son soutien à la candidature chinoise. Ce qui montre à quel point l’audience chinoise dans la région a progressé depuis l’époque des crispations sino-norvégiennes autour du prix Nobel de la Paix attribué au dissident Liu Xiaobo, en 2010.

Une autre cible de Pékin est le Groenland, que l’ancien président Chinois avait visité en juin 2012, et où un projet d’investissement dans une mine de fer, dont le démarrage est envisagé à l’été 2013 est actuellement en cours d’examen par le parlement autonome. La production potentielle annuelle de 16 millions de tonnes représenterait 2% des importations de la Chine et supposerait l’installation d’une colonie de plusieurs milliers de Chinois.

Washington, qui a des intérêts stratégiques dans la zone observe les évolutions avec attention. Rappelons en effet que le Pentagone a installé depuis 1951 à Thulé une gigantesque batterie des radars, épine dorsale de sa défense antimissiles face au Moyen Orient.

Les investisseurs chinois ont également jeté leur dévolu sur l’Islande – visitée par Wen Jiabao en avril 2012 – mais où le projet touristique d’un milliardaire chinois a déjà été rejeté. Toutefois plusieurs sources indiquent que les véritables intentions chinoises dans la zone ne sont pas touristiques, mais logistiques, sur la route raccourcie du pôle entre l’Asie et l’Europe du Nord. L’idée, qui ne verra peut-être jamais le jour, serait d’installer dans un des fjords islandais, un pôle logistique pouvant assurer le transbordement et le stockage des cargaisons sur la route du commerce Chine – Europe.

Les Chinois en tous cas y croient. Pour Yang Huigen, président de l’Institut de recherche polaire de Shanghai, qui a découvert la route du pôle l’année dernière en août à bord du Xuelong, les calculs sont simples. Avec 90% du commerce chinois empruntant des routes maritimes, et une valeur totale envisagée à 7600 Mds de $ en 2020, si seulement 10% des cargos utilisaient l’une ou l’autre de ces routes, la valeur totale des marchandises qui y transiteraient serait voisine de 700 Mds de $.

Le nombre de cargos qui empruntent la route de l’Arctique est encore faible. Mais il augmente chaque année. Ils étaient 4 en 2010, 34 en 2011 et 45 en 2012. Un ou plusieurs cargos chinois pourraient faire leur premier voyage cet été (Lire notre article Le « Grand Jeu » très encombré de l’Arctique. La difficulté des stratégies chinoises).

Mise à jour le 22/04/2013 : Le 15 avril, à l’occasion de la visite en Chine de Mme Johanna Sigurdardottir, premier ministre Islandais, Pékin a signé le premier accord de libre échange avec un pays européen. Par cette initiative avec un petit pays de la zone arctique, qui fait suite aux efforts chinois au Groenland et en Norvège, la Chine augmente son influence en vue d’obtenir un siège au Conseil arctique, ou, à défaut, pour participer à un groupe concurrent.

Le jour même de la signature du traité de Libre échange avec la Chine, Olafur Grimsson, président de l’Islande annonçait la création d’un groupe plus large dénommé le « Cercle arctique », qui accueillera des pays n’ayant pas un accès direct à l’Arctique, mais intéressés par ses ressources et cherchant un transit par les routes du pôle. La première réunion de ce cercle se tiendra en octobre 2013 à Reykjavík.


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