›› Editorial
Ce mois de mai 2007 marquera sûrement un tournant dans les relations financières entre la Chine et les Etats-Unis. La nouvelle Agence chinoise d’investissements internationaux -organisme d’Etat qui n’a pas encore de nom officiel- va entrer avec 3 milliards de dollars dans le Fonds d’investissement privé américain, The Blackstone Group, une participation juste au-dessous de 10%, sans droit de vote, qui ne devrait soulever ni appréhensions ni polémiques aux Etats-Unis.
Cette initiative intervient alors que Mme WU Yi est à Washinton pour la deuxième session du « Dialogue stratégique économique » sino-américain et que le Congrès US est travaillé par des tentations protectionnistes. Elle est à rapprocher de la décision chinoise (18/05) d’élargir la bande de négociation du RMB au jour le jour, ce qui devrait un peu accélérer la hausse de la monnaie chinoise par rapport au dollar.
L’entrée dans Blackstone n’est toutefois qu’un petit début, puisque Pékin a laissé entendre que sa nouvelle Agence d’Etat a pour vocation de diversifier, avec prudence, le placement de ses réserves en devises, les premières du monde : 1.200 milliards de dollars (en croissance rapide), actuellement à 70% environ en Bons du Trésor US. Dans le premier temps, il ne s’agit que d’améliorer le rendement de 200 milliards de dollars.
On peut faire confiance aux responsables chinois pour déplacer ces énormes masses de capitaux avec toutes les précautions voulues pour n’effrayer personne et pour mettre le temps de leur coté. Pour rassurer les uns et les autres, le ministre des Finances JIN Renqing dit qu’un de ses modèles est l’agence d’Etat bien connue de Singapour, Temasek Holdings, qui a investi sur un large éventail de participations financières et industrielles, localement et à l’étranger, y compris dans des Banques d’Etat chinoises. Les mastodontes doivent voir large et se déplacer lentement.