Your browser does not support JavaScript!

Repérer l'essentiel de l'information • Chercher le sens de l'événement • Comprendre l'évolution de la Chine

›› Editorial

Quelles relations franco-chinoises ?

De deux choses l’une :

Soit nous persistons dans le dilettantisme, mâtiné d’illusions culturalistes, et la Chine continuera d’être cette sorte de rêve théorique mal connu, redouté ou magnifié, qu’on instrumentalise en jouant sur les sentiments pour rehausser son image, tantôt de manière négative pour en faire un bouc émissaire ou une menace ; tantôt de manière positive, souvent sur un mode dithyrambique, avec presque uniquement en tête les opportunités de son marché, qu’au demeurant nous exploitons très mal. Alors il faut craindre que cet immense pays restera toujours pour la France, qui prétend faire cavalier seul dans cette jungle complexe, un objet de fantasmes et d’illusions et, en Asie, le lieu principal de ses déceptions diplomatiques à venir.

Soit nous considérons que la Chine est bien ce monstre industriel, économique, financier et stratégique qu’on se plaît à décrire, à la fois puissant et fragile, vaguement inquiétant, capable de peser sur les affaires du monde par ses réseaux et sa stratégie d’influence, et dont les effets pervers du développement ajoutent encore aux déséquilibres écologiques, d’énergie et de matières premières. Alors il y faudrait bien plus de sérieux, plus de travail, plus d’expertise et pour tout dire plus de moyens, pour décrypter, comprendre, anticiper et, si nécessaire, infléchir les trajectoires chinoises. L’ampleur de la tâche impose bien sûr, quoiqu’il en coûte à notre ego, de renoncer au mythe des relations privilégiés et de se coordonner avec nos alliés européens.

Il s’agit, non pas de relancer la guerre froide contre Pékin, ou de raviver le mythe du péril jaune, mais au contraire, de préciser, voire de corriger notre connaissance encore très fantasmée de ce pays, en augmentant les capacités d’analyse de nos centres d’expertise, en coopérant plus assidûment que nous le faisons avec nos alliés occidentaux et d’abord européens, et enfin en multipliant - en dépit des difficultés - les contacts directs et indirects, officiels ou occultes, avec les élites chinoises.

L’objectif est clair : abandonner les faux-semblants, les discours boursouflés et les non-dits et s’appliquer à mieux connaître la Chine. A partir d’angles de vue divers, en s’appuyant non seulement sur des Français ou les Européens vivant depuis longtemps sur place, et ayant dépassé le stade des émerveillements culturels, mais également sur des universitaires Chinois émigrés en France et en Europe, analyser les raisons de la résurgence des crispations anti-occidentales, observées depuis le 10 mars 2008 et qui pourraient bien se reproduire sur d’autres questions.

Le but ultime est bien sûr d’éviter que les tensions nouvelles qui surgissent entre Pékin, l’Europe et les Etats-Unis soient de nature à compromettre la difficile intégration de la Chine dans le système international qui, à bien des égards, reste calibré aux normes occidentales.


• Commenter cet article

Modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Ce formulaire accepte les raccourcis SPIP [->url] {{gras}} {italique} <quote> <code> et le code HTML <q> <del> <ins>. Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

• À lire dans la même rubrique

Le révisionnisme sino-russe sur les traces de la révolution mondiale maoïste. Au Moyen-Orient, les risques avérés d’une escalade mortelle

A Hong-Kong, l’inflexible priorité à la sécurité nationale a remplacé la souplesse des « Deux systèmes. »

14e ANP : Une page se tourne

La stratégie chinoise de « sécurité globale » face aux réalités de la guerre

Que sera le « Dragon » ?