›› Editorial

Après une semaine d’un Congrès placé sous le signe de la prudence politique, dans un palais du peuple quadrillé par la police, dont certains agents étaient munis d’extincteurs pour étouffer les tentatives d’immolation par le feu de Tibétains ayant échappé aux contrôles, le nouveau Comité Permanent du Parti, dont la composition a été dévoilée le 15 novembre, donne le sentiment que l’appareil, fortement secoué par les scandales et une série de révoltes populaires, hésite devant la perspective des réformes politiques.
Echaudé par l’affaire Bo Xilai, confronté à une longue suite de problèmes économiques, sociaux et politiques, le régime, qui est revenu à un Comité Permanent à 7 membres comme en 2002, a, pour les 5 ans qui viennent, manifestement désigné des hommes dont la loyauté au Parti est incontestable et qui s’abstiendront de le mettre en difficultés par des initiatives politiques dangereuses pour son magistère.
Si les règles de départ à la retraite entre 68 et 70 ans sont maintenues, aucun des nouveaux n’est suffisamment jeune pour accomplir deux mandats. A part Xi Jinping et Li Keqiang, qui sont de très loin les plus jeunes de l’équipe – moyenne d’âge 58 ans, contre 65 ans pour les 5 autres -, les derniers arrivés devront tous quitter la scène en 2017.
Dans ces conditions, où ce sont les conservateurs qui dominent la structure de décision suprême du régime, on voit mal comment Li Keqiang pourrait entamer les réformes du schéma de développement, dont il avait fait tracer la perspective en cautionnant le rapport de la Banque Mondiale sur la Chine, publié le 27 février 2012, signé conjointement par le Président Robert Zoellick et le Directeur du Centre de Recherche du Conseil des Affaires Etat, Li Wei. (Lire notre article « L’ANP 2012, testament politique de Wen Jiabao ».
Le texte du rapport pointait du doigt les intérêts corporatistes, les monopoles industriels et les groupes, institutions ou personnes qui bénéficient de privilèges particuliers ou de traitements préférentiels rendus possibles par l’actuel fonctionnement du pouvoir et des institutions. Autant d’obstacles aux réformes, que le nouveau Comité Permanent tel qu’il est aujourd’hui n’a probablement pas l’intention, ni les moyens politiques de bousculer.