›› Editorial
Sans oublier les conséquences des catastrophes naturelles ni celles des difficultés économiques, arrêtons-nous un instant sur l’incendie de Weng’an. Plus qu’un incident isolé, il est symptomatique des maux dont souffre la société chinoise d’aujourd’hui. Quatre éléments doivent attirer l’attention de tout observateur de l’Empire du milieu :
1. Il existe dans la population un mécontentement diffus contre le pouvoir politique, né d’un sentiment de méfiance contre tout pouvoir officiel : administration, police, justice, media... soupçonnés, souvent à juste titre, de corruption sur une large échelle.
2. Tout conflit, aussi minime qu’il soit, entre les individus et le pouvoir risquerait de déboucher sur des troubles de masse et des confrontations violentes faute d’existence de canaux de dialogues et de médiation.
3. Le développement des technologies d’information et de télécommunication a brisé le monopole informatif du pouvoir public. La censure de la presse et des media ne suffit plus à empêcher la circulation et la diffusion d’informations de toute sorte à travers Internet.
4. Le gouvernement ne semble pas encore avoir trouvé de moyens efficaces pour prévenir ces troubles sociaux. La répression pure et simple reste toujours l’arme la plus employée. Or chacun sait que l’utilisation répétée de la force finit par fragiliser le pouvoir.
Sommes-nous à la veille d’un autre grand tournant ? Après-tout, la Chine s’approche à grands pas de la fin de ses Trente glorieuses. La marche forcée de la modernisation économique, certes couronnée de nombreux succès, commence à montrer au grand jour ses faiblesses congénitales : désastres écologiques, inégalités sociales, corruption et affairisme du pouvoir... la liste est loin d’être exhaustive. Le pays pourra t-il traverser tous ces écueils sans tomber dans une période de chaos ? Les risques, ou les signes avant coureurs, ne sont pas à négliger.