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›› Chronique

Le Tibet brûle t-il ?

Une religieuse tibétaine Qiu Xiang, âgée de 35 ans, s’est immolée par le feu le 3 novembre au Sichuan, à l’emplacement d’un croisement de route dans le district de Dawu, situé à 500 km à l’ouest de Chengdu

C’est le 11e incident de ce type survenu dans la région depuis le mois de mars et le deuxième en 8 jours. 6 religieux sont déjà décédés des suites de leurs brûlures. Durant le seul mois d’octobre, 3 immolations ont eut lieu. Les deux premières, le 7 octobre, de deux anciens moines âgés de 18 et 19 ans, dans le district d’Aba au Sichuan ; le troisième, le 25 octobre, au cours d’une cérémonie rituelle dans le monastère de Karze à l’est du Tibet.

La plupart des habitants de la région, qui fut le théâtre de la majorité des immolations sont des résidents au Sichuan, qui considèrent cependant leur région comme appartenant au « Grand Tibet ». Ce dernier comprend la région autonome du Tibet, la province du Qinghai, et une partie des provinces du Gansu, du Sichuan et du Yunnan. Au total, l’ensemble couvre 25 % du territoire chinois.

Les régions du district d’Aba et du monastère de Kitri au Sichuan, où ont eut lieu 8 des 11 immolations, sont placées sous un sévère contrôle policier entraînant en retour des protestations des moines qui durent depuis 3 ans.

Selon plusieurs organisations internationales de droits de l’homme, 300 moines du monastère de Kitri, dont on est sans nouvelles, ont été emprisonnés. La zone a également été interdite aux journalistes étrangers et, depuis 2007, les Tibétains n’ont plus le droit de servir de guide aux touristes étrangers.

Pékin développe la région et réprime durement. Dharamsala y voit la cause des troubles.

Les activistes des droits de l’homme et Lobsang Sangay, le nouveau leader tibétain en exil estiment que cette vague de suicides par le feu exprime l’exaspération contre le bouclage policier de la zone et, plus largement, le désespoir face à la situation dans laquelle se trouve le Tibet : « c’est pourquoi il est extrêmement urgent de s’attaquer d’abord aux racines du ressentiment qu’éprouvent les Tibétains (…) »

Le gouvernement du Tibet à Dharamsala ajoute : « Nous sommes solidaires du peuple tibétain placé sous la férule des autorités chinoises, dont les politiques à courte vue poussent les Tibétains à s’immoler par le feu. Au lieu de pointer du doigt les vrais problèmes qui conduisent à cette situation, l’agence officielle Xinhua accuse les Tibétains en exil d’être à l’origine de ces actes de désespoir » (…). « La solution résiderait dans le respect de la liberté religieuse et du droit d’expression ».

Le 8 novembre, lors d’une conférence de presse à Tokyo le Dalai Lama, régulièrement soupçonné par le pouvoir chinois de fomenter les troubles depuis son exil, a une nouvelle fois accusé Pékin de « génocide culturel », rejetant clairement la responsabilité des incidents sur la politique de répression brutale et sans nuances conduite par les autorités chinoises.

Pékin refuse fermement ces accusations soulignant que son action au Tibet a déjà notablement relevé le niveau de vie du peuple tibétain et rappelle qu’en 1951, l’actuel Dalai Lama a officiellement reconnu la souveraineté de la Chine sur le Tibet. Quant à ce dernier, il nie régulièrement les accusations d’indépendantisme exprimées par Pékin, à qui il demande de respecter sa promesse d’autonomie également signée en 1951.

En mars 2008, 5 mois avant les JO de Pékin, les Tibétains s’étaient révoltés au Tibet, dans les provinces du Gansu, du Qinghai et du Sichuan. Les émeutes s’étaient traduites, principalement à Lhassa, par le lynchage sauvage des résidents Han et Hui, suivi par le pillage de leurs propriétés, dont le bilan humain fut de 18 tués – dont une dizaine ont péri dans des incendies criminels allumés par les pillards – et plusieurs dizaines de blessés.

Depuis cette époque, le Tibet et les régions limitrophes habitées en majorité par des Tibétains font l’objet des attentions particulières du pouvoir central qui a à la fois augmenté son aide économique et mis en place un quadrillage policier très serré. Selon le Dalai Lama et les organisations internationales de droit de l’homme, au moins 400 Tibétains furent tués dans la répression et plus de 2000 autres arrêtés immédiatement après les émeutes. Ce très pesant dispositif répressif est toujours en vigueur dans les régions considérées comme sensibles par le pouvoir.


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