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Querelles sino-vietnamiennes. Rivalités des frères ennemis et enjeu global

Pékin change de ton.

En apparence, la crise en cours a les mêmes racines que les précédentes - contestations des droits d’exploration et d’exploitation dans des eaux disputées, et harcèlement d’une mission vietnamienne de mesures sismiques par des gardes côtes chinois, accusés d’avoir coupés un câble de mesure, ce que Pékin dément. Mais bien qu’il n’y ait pas eu de victimes, l’incident semble cristalliser une longue série de griefs perçus par Hanoi comme un grignotage inacceptable de son espace maritime.

La tension est retombée d’un cran, après une série de crispations, accompagnées par le rappel des consignes de mobilisation diffusées par un journal militaire à Hanoi, et émaillées de manouvres à tir réel organisées le 13 juin par la marine vietnamienne au large de ses côtes, tandis qu’un exercice conjoint avec les Etats-Unis est prévu dans la même zone le mois prochain.

Mais le 14 juin, Pékin, soucieux de calmer le jeu, annonçait que « la Chine n’aurait pas recours à la force ou à la menace », et incitait toutes les parties à « s’impliquer plus pour préserver la paix et la stabilité dans la région ». Les pays riverains, à demi rassurés, observent les échauffourées entre les frères ennemis et multiplient les déclarations légitimant le rôle d’arbitre des Etats-Unis, que Pékin, excédé depuis longtemps par la présence trop visible des navires de guerre américains, rejette absolument.

Le 15 juin, le Quotidien du Peuple demandait « aux tierces parties, y compris les Etats-Unis, de se tenir à l’écart des différends entre la Chine et quelques uns de ses voisins, à propos du partage des ressources en Mer de Chine du Sud ». Le même jour un autre article analysait les tensions par le prisme de la rivalité stratégique entre Pékin et Washington, accusé d’attiser les tensions en prenant partie.

Tout en renforçant la présence de leur marine, les Etats-Unis rappellent régulièrement la convention des NU sur le droit de la mer et le principe liberté de navigation dans les eaux internationales, où transite un tiers du commerce mondial. Mais, soucieux d’éviter un affrontement direct avec Pékin, ils prennent soin d’inciter toutes les parties à la négociation sur le partage des eaux et des ressources.

Négociations ou pas, dans la région chacun voit bien que la cause profonde des tensions et de leurs possibles aggravations renvoie au projet d’appropriation par Pékin, contre toute logique historique ou territoriale, de la totalité de la Mer de Chine, en violation flagrante de la convention des NU sur le Droit de la mer. Cette position officielle, maintes fois réaffirmée par Pékin aux prix de fortes inquiétudes des pays riverains, n’est reconnue par personne, ni aux Nations Unies, ni dans la région. Elle soulève d’ailleurs des controverses en Chine même.

En juillet 2010, Da Wei, un chercheur reconnu de l’Institut d’études pour les relations internationales, contemporaines - 中国现代国际关系研究院 - dépendant du ministère des Affaires étrangères, écrivait dans le Global Times un article repris par le China Daily en Anglais le 2 août 2010 : « En traitant des questions territoriales - souvent assimilées à des intérêts vitaux - 核心利益 -, il n’est pas rare que des pays adoptent des positions de compromis. Parfois même des grandes puissances acceptent de renoncer à des territoires contestés. Cela ne signifie pas pour autant qu’elles sacrifient leurs intérêts vitaux ».

La question a été reprise récemment par Zhu Feng, professeur de relations internationales à l’Université de Pékin, qui laisse entendre que la détermination du Bureau Politique n’est pas inébranlable : « Ce n’est pas la politique du Parti de désigner la Mer de Chine comme faisant partie des « intérêts vitaux » de la Chine, mais le problème est qu’un démenti public serait considéré comme une reculade des dirigeants, qui enflammerait les sentiments nationalistes du peuple ».


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