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Au-delà des indices, les grands soucis économiques du régime

Au-delà des indices conjoncturels un des plus grands soucis est l’accumulation de plus de 300 Mds d’€ de dettes au-dessus de la tête des banques et des groupes publics dont certains continuent d’emprunter pour investir en bourse.


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Étudiant les commentaires sur l’économie chinoise on est frappé par les contradictions, les analyses sectorielles à court terme, les hyperboles à propos des variations d’indices minimes et les gloses sur la valeur de la monnaie chinoise comme si elle fluctuait librement.

A la fin août, faisant suite aux analyses positives d’une expansion plus importante que prévue au premier semestre (+6,9%), nombre d’articles signalent le ralentissement en juillet de la croissance de la production industrielle (+6,4% au lieu des 7,2% espérés), de la consommation des ménages (hausse du commerce de détail de +10,4% au lieu des +11% escomptés), des investissements d’infrastructures (+8,3% au lieu de +8,6%) et des importations. En même temps les indicateurs montrent un frein du crédit, suite à une légère augmentation des taux d’intérêt à 5,67% (+0,14%) pour, dit la Banque de Chine, tenir à distance les risques financiers.

A y regarder de plus près, les seules variations significatives sont celles des importations (+11% en juillet au lieu de +17,2 % en juin), qui laisse tout de même une balance commerciale mensuelle positive de 40 Mds d’€, et celles des investissements immobiliers privés (+4,8% au lieu +7,9%), effet positif des sérieuses mesures de contrôle de la spéculation et des loyers en hausse de 32,6% sur une année et dont l’envolée porte un risque politique.

Un autre indicateur méritant attention qui signale une accélération de l’industrie lourde, est celui de la production d’acier en hausse de 10,3% sur une année, avec 74,02 millions de tonnes d’acier produits en juillet, ce qui place la production à 491 millions de tonnes pour les 7 premiers mois de l’année, soit 30% de la production mondiale en 2016.

Les chiffres laissent envisager une production totale en 2017 de plus de 840 millions de tonnes (+5% par rapport à 2016), en contradiction avec les promesses internationales de la Chine de réduire sa production.

Prévisions et embarras.

Le tableau (WSJ) présente les différentiels de taxes aux entreprises des premières économies mondiales en PIB total. On y constate que les entreprises chinoises payent moins s’impôts sur les bénéfices, mais qu’une fois réglées toutes les taxes commerciales, le poids fiscal qu’elles supportent est exorbitant puisqu’il compte pour 68% de leurs profits.


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Globalement le FMI et les agences de notation continuent à croire à la stabilité de l’économie chinoise anticipant une croissance de 6,7% pour 2017. Pour l’OCDE, l’élan sera notamment préservé grâce aux projets extérieurs des routes de la soie et celui intérieur de Xiongan. Sur ces deux projets, lire :

- 一带 一路,le projet pharaonique des routes de la soie à 1700 milliards de $.
- Xiongan la sœur jumelle de Pékin, nouveau grand défi de l’urbanisme chinois. Un enjeu socio-économique et politique pour Xi Jinping.

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Ce qui ne signifie pas que le pouvoir est complètement serein. Mais ses préoccupations dépassent de loin les indicateurs conjoncturels. A l’approche du 19e Congrès dont l’ouverture est prévue le 18 octobre, les embarras du sérail politique sont liés aux délires financiers projetés à l’étranger par des sociétés déjà très endettées donnant une image d’une Chine financièrement agressive et brouillonne.

A l’intérieur, la vulnérabilité est d’autant plus sensible que presque tous les membres du Politburo à Pékin ont, par le truchement de la bourse, des connexions directes ou indirectes avec la furie d’investissements extérieurs aujourd’hui entrés dans le radar des régulateurs.

L’autre inquiétude du pouvoir est à la croisée de la finance et de l’industrie, directement alimentée par l’endettement des groupes publics ou privés qui empruntent pour investir en bourse. La situation que le pouvoir a entrepris de corriger, sans cependant trop perturber la bourse et le marché des obligation - ce qui rend l’assainissement très compliqué -, a produit un empilement de créances accumulées sur la tête de la nébuleuse des banques et des groupes publics ayant atteint 3000 Mds de Yuan (382 milliards d’€).

Sur ce sujet, le malaise de la direction du pays augmente à mesure que monte le risque d’une guerre commerciale et tarifaire avec les États-Unis aujourd’hui engagés sur deux fronts contre Pékin :

1) la dénonciation par l’administration Trump du « viol du droit de propriété intellectuelle » obligeant les sociétés étrangères investies en Chine à livrer leurs secrets industriels pour avoir accès au marché ;

2) la baisse aux États-Unis des taxes aux entreprises (aujourd’hui 35% aux États-Unis, contre 33% en France, 29,7 % en Allemagne, 19% au Royaume Uni) qui augmenterait la difficulté de la compétition pour les entreprises chinoises dont les impôts sur les profits sont moins importants (25%), mais dont le poids fiscal réel, une fois payées toutes les taxes, atteint 68%.

Pour réagir à cette menace, le pouvoir n’est pas resté inerte. En mars dernier, lors de la réunion annuelle de l’ANP, Li Keqiang avait déjà présenté un plan global de réforme de la TVA et de réduction des taxes pour les PME aux bénéfices annuels avant impôt inférieurs à 70 000 €, à quoi s’ajoute l’exonération de taxes appliquée à 75% des dépenses de R&D.


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