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Corruptions, extraditions et exercice de la démocratie

Le 16 novembre Yang Xiuzhu la fugitive la plus recherchée par la Chine arrivait à l’aéroport de Pékin après 13 années d’expatriation aux Etats-Unis. Selon les autorités chinoises elle se serait livrée de son plein gré à la police.

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Le 15 septembre dernier, faisant suite au traité d’extradition signé entre Paris et Pékin entré en vigueur en juillet 2015, la France a, pour la première fois, extradé en Chine un ressortissant chinois arrêté par la police française le 28 octobre 2015. Recherché pour corruption au Zhejiang où il aurait détourné 2,7 millions d’€ de fonds publics, Chen Wenhua est le 3e Chinois extradé par un pays d’Europe occidentale après deux autres rapatriés en Chine par Madrid et Rome dans le cadre de la campagne anti-corruption de portée internationale baptisée liehu 猎 狐 (chasse au renard).

Liehu, 猎 狐, traque globale des « renards corrompus ».

L’opération vise une liste de plusieurs centaines de fugitifs, pour la plupart réfugiés aux États-Unis (selon les autorités chinoises la destination privilégiée de 150 corrompus en fuite), au Canada, en Nouvelle-Zélande et en Europe ayant quitté la Chine pour échapper à la campagne lancée en 2013 par la Commission de discipline du Parti contre les prévaricateurs.

La chasse s’appuie sur le réseau « Skynet » opérationnel en Chine depuis avril 2015. Coordonnant les actions de plusieurs ministères chinois, l’outil informatique connecté à Internet qui croise toutes les données disponibles sur le net, ambitionne de traquer les fuyards en collationnant leurs identités bancaires, y compris celles enregistrées dans les paradis fiscaux.

Les efforts de Pékin pour rallier la communauté internationale à sa cause de nettoyage éthique sont remarquables. A ce stade, la Chine a signé 89 accords internationaux, dont 44 accords d’extradition et 57 accords de coopération judiciaire.

Selon le China Daily, à la fin octobre 2016, plus de 600 Chinois corrompus, certains d’entre eux en fuite depuis 10 ans, ont été rapatriés de 67 pays différents.

Mais, l’extradition la plus spectaculaire a eu lieu le 16 novembre aux États-Unis avec l’expulsion vers la Chine de Yang Xiuzhu, ancienne directrice adjoint du bureau de construction de la municipalité de Wenzhou, première sur une liste de 100 corrompus signalés l’année dernière à Interpol par la Chine et convaincue d’avoir détourné 39 millions de $.

Séduire les cibles et rassurer les pays occidentaux.

A Pékin, les autorités chinoises insistent sur le fait que l’ancienne bureaucrate du Zhejiang réfugiée aux États-Unis depuis 13 ans s’est spontanément présentée à la police.

La remarque n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans une campagne de communication du gouvernement pour inciter les fugitifs à se constituer eux-mêmes prisonniers en leur promettant un traitement de justice équitable et des remises de peine. En mars 2015, la Commission de Discipline du Parti avait rendu publique la confession de Wang Guoqiang, ancien n°1 du parti à Fengcheng (Liaoning) en fuite aux États-Unis depuis 2012 et convaincu d’avoir détourné plus de 30 millions d’€.

Publiée sur le site de la Commission de discipline du Parti, la confession de Wang (56 ans) qui vivait aux États-Unis avec sa femme, fait ressortir l’inconfort de la vie d’un officiel traqué, dominée par l’angoisse et la peur d’être découvert. Elle insistait sur les crises de panique fréquentes de son épouse, leur maladies impossibles à soigner sans se mettre en danger et les symptômes de dépression guettant le couple.

Pour finir, le récit de Wang aboutissait à la conclusion que la meilleure solution matérielle, médicale, psychologique et morale était de se constituer prisonnier « J’avais le choix entre aller en prison en Chine, ou rester aux États-Unis comme un homme traqué. J’ai préféré revenir en Chine qui est mon vrai pays ».

Plus largement, la campagne de propagande promettant un traitement impartial et indulgent des corrompus venus spontanément à résipiscence a aussi pour but de contourner les réticences des pays occidentaux répugnant à renvoyer en Chine des prévenus dont les capitales occidentales soupçonnent qu’ils pourraient être maltraités par une justice politisée.

Ces préventions ont été exprimées par un éditorial du journal Le Monde publié le 24 septembre dernier. Ratifié en 2015 par l’Assemblée nationale française l’accord d’extradition dont la signature avait été retardée sous les présidences Chirac et Sarkozy, provoque, dit l’article, un malaise.


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