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Crise de liquidités et bataille financière entre Hong Kong et Londres sur fond de conflit politique systémique avec l’Occident

Risques économiques systémiques.

Ren Shuli, analyste chez Bloomberg expliquait récemment que, dans un contexte de gonflement des déficits du budget de l’État et de son compte courant, les nouvelles mesures révélaient clairement que le pays avait un besoin urgent de liquidités et qu’il cherchait à les attirer par tous les moyens, y compris par de mesures d’ouverture auxquelles jusqu’à présent, il répugnait politiquement.

En arrière-plan flotte la perception par la Direction chinoise d’un risque inflationniste et d’accident économique généré par les dangers de l’usage excessif de la « planche à billets » principale source des investissements internes.

L’été dernier plusieurs rapports cités le 7 septembre dernier par Andrew Moran dans « Zero hedge » ont jeté un éclairage édifiant sur la fragilité financière chinoise.

Fitch Rating, entre autres, soulignait que la banque de Chine pourrait se trouver à court de liquidités dans le cas d’un freinage brutal de la croissance.

Dans le même temps au moment où la banque de Chine absorbait plusieurs banques commerciales locales (comme celle de Baotou - Baoshang 包商 - en Mongolie intérieure à la fin mai) déclarées en cessation de paiement, près d’une douzaine d’institutions financières et groupes industriels cessèrent de publier leurs comptes. Lire : L’armistice Chine - Etats-Unis ne rassure pas les acteurs.

Ce soudain retour de l’opacité augmenta d’un cran les inquiétudes pesant sur l’économie chinoise.

Bataille financière et rivalités politiques.

C’est dans ce contexte et avec cet éclairage qu’il convient d’examiner la récente proposition – non sollicitée - de la bourse de Hong-Kong de prendre le contrôle de la bourse de Londres unanimement et fermement rejetée par le Conseil d’administration de la place financière britannique le 13 septembre.

Les intentions réelles de l’OPA lancée par la place de Hong Kong sur celle de Londres – au chiffre record de 37 Mds de $ - restent floues. Certains y voient la volonté de la R.A.S de tenir à distance les ingérences de Pékin. D’autres, au contraire, la considèrent comme une tentative de Pékin en mal de capitaux de créer un nouveau canal d’investissements à partir de la place de Londres.

Quoi qu’il en soit, la proximité politique entre Pékin et les milieux d’affaires de la R.A.S est connue. Le gouvernement de HK qui ne détient que 6% de la bourse nomme pourtant 6 des 13 membres de son conseil d’administration, tandis que c’est le gouverneur, lui aussi sous influence de Pékin, qui désigne l’autorité responsable de son fonctionnement. Cette structure dessine un niveau de contrôle politique inhabituel pour une place financière moderne et ouverte.

Bloomberg estime qu’une prise de contrôle de Hong Kong sur la Bourse de Londres l’aurait directement placée sous l’influence d’un réseau de forces politiques et d’acteurs économiques connectés à la Chine dont le mélange des genres porte le risque toxique de la multiplication des délits d’initiés.

Ce n’est pas fini. Le 13 septembre dans Financial news, Samuel Agini qui citait des sources proches de la place de Londres, évoquait la perspective d’une OPA hostile.

Vers une OPA hostile ?

Pour l’heure les couteaux ne sont pas tirés. Au refus de la bourse de Londres également motivé par la crise des relations entre la Chine et les démocraties dont la dernière évolution en date est la préparation par le Congrès des États-Unis d’un décret controversé en faveur de la démocratie et des droits à Hong Kong, le conseil d’administration de la bourse de la R.A.S n’a fait qu’exprimer sa déception.

En même temps il a indiqué qu’il croyait fermement aux avantages de sa proposition d’OPA dans l’intérêt dit-il « des actionnaires, des clients et des marchés financiers mondiaux dans leur ensemble. »

C’est bien cette persévérance qui inquiète la bourse de Londres où l’on anticipe un durcissement hostile.

Enfin, à Pékin dont la main est peut-être derrière cette manœuvre, certains et non des moindres rêvent du symbole historique à forte valeur nationaliste que représenterait la prise de contrôle hostile par la bourse de Hong Kong de la place de Londres le 1er octobre prochain, à l’occasion du 70e anniversaire du Parti Communiste chinois au pouvoir à Pékin.


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