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Effet pervers d’Internet, la mode virale des systèmes « Ponzi »

Charles Ponzi fait des émules en Chine et produit des secousses sociales chez les investisseurs déçus quand le montage s’effondre ou que l’État sanctionne les escrocs.

Vieille arnaque toujours aussi attractive, le système d’emprunt pyramidal verse, grâce à l’argent de nouveaux entrants, des intérêts exorbitants à des investisseurs ravis. Mais le système qui consiste à payer une dette en en contractant de nouvelles, ne fonctionne que si on emprunte plus vite qu’on ne rembourse.

Dès que la mécanique de cette course se grippe, les intérêts diminuent, cessent d’être versés, les investisseurs quittent le navire et le système s’effondre. Les perdants dont l’argent s’est évaporé, fulminent. Il arrive que leur colère ne se tourne pas contre les escrocs, mais contre ceux ayant sifflé la fin de l’escroquerie.

Frustrations et colère contre la police.

C’est ce qui s’est produit le 24 juillet dernier à Pékin quand des milliers de manifestants protestèrent près de Yongdingmen à deux pas du Temple du Ciel contre la fermeture de Shanxinhui, 善心汇. Fondée en 2013 à Shenzhen et en 2016 à Hainan par Zhang Tianming aujourd’hui sous les verrous, la société attirait les donations au nom de la lutte contre la pauvreté, ce qui lui conférait une respectabilité, tout en promettant de substantielles redistributions, ce qui faisait son attrait.

Les protestations sociales sont monnaie courante en Chine. Mais à Pékin, elles sont rares, la police ayant tôt fait de les mettre sous le boisseau. Récemment le Centre d’Etudes Français sur la Chine contemporaine (CEFCC) basé à Hong Kong faisait état d’informations évaluant la foule des frustrés à 60 000 – probablement très exagéré -, considérant qu’il s’agissait de la plus grosse manifestation depuis celle des adeptes de Falungong le 25 avril 1999 devant Zhongnanhai, le siège du pouvoir.

A l’époque, l’incident qui regroupait des mécontents de tous bords et de toutes origines sociales protestant contre le harcèlement des adeptes de Falungong, avait été considéré comme une menace politique grave. Il avait déclenché une des plus sévère et plus large répression politique de l’histoire de la Chine moderne qui dure encore.

Inquiétude politique et répression contre les victimes.

L’histoire dira si, cette fois, la sévérité de la répression s’explique par les réminiscences inquiètes du 25 avril pour une question pourtant sans aucun rapport apparent avec la mystique chinoise de méditation et de contrôle de soi par le qigong.

Les points communs cependant, au-delà de la fureur prosaïque des grugés qui furent beaucoup plus vindicatifs que les pacifiques adeptes de Falungong, sont le rassemblement au cœur de Pékin et la diversité sociale des manifestants. L’affaire s’était même propagée à Hong Kong. Selon le journal Apple Daily du 25 juillet, des manifestants de la R.A.S s’étaient rassemblés accusant Pékin de mettre fin à une œuvre de charité.

La police ne s’est pas contentée de mettre en prison le fondateur de Shanxinhui, elle prolonge sa vindicte dans toute la Chine au Hubei, au Henan, dans la province de Canton et à Hainan. 230 membres de l’association ont été arrêtés à Canton s’ajoutant aux 63 autres mis sous les verrous et interrogés à Pékin.

Coup de balai dans les collectes en ligne.

A côté des risques politiques potentiels nés de la contagion virale des mécontents qui s’épanchent sur les réseaux sociaux, la répression réagit aux dérapages de la finance en ligne dont les effets toxiques potentiels avaient été documentés par un récent rapport de l’Académie des Sciences Sociales.

Pointant du doigt les facilités offertes par internet, l’analyse signalait le développement exponentiel des collectes de fonds illégales grâce aux réseaux sociaux. Il n’est pas impossible que la tradition chinoise des « tontines » qui ne sont pas une arnaque, à quoi s’ajoute celle des jeux d’argent ait accéléré le phénomène.

Selon le ministère de la sécurité publique, dans la seule année 2016, la police a enquêté sur près de 3000 organisations d’emprunt et d’investissements pyramidaux, en hausse de 19% par rapport à 2015. Entre 2005 et 2015, près de 22 000 d’entre elles ont été démantelées représentant 140 millions de $.

La plus connue qui avait déjà soulevé des protestations des victimes après la mise en examen de 21 escrocs est Ezubo e租宝, officiellement un site en ligne mettant en contact emprunteurs et prêteurs, dont les retours allant de 9 à 14% étaient infiniment plus attractifs que ceux des banques publiques. Au début 2016, il s’avéra que le montage était une arnaque pyramidale à la « Ponzi », autour de projets factices ayant escroqué 900 000 personnes.


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