›› Chronique

Photo Sunday Times. Dans le quartier de Mongkok des manifestants protestent contre le mouvement Occupy Central le 3 et 13 octobre. Une partie de ces protestations sont attisées par des représentants des Triades. (J.P. Cabestan, CNRS). Après la promesse d’un dialogue, le mouvement a perdu de sa force. Il a repris le 9 dans la soirée quand le gouvernement a annulé la rencontre avec les étudiants prévue le 10.
Enraciné dans la promesse de la rétrocession d’introduire le suffrage universel pour l’élection du Conseil Législatif (Legco) et du gouverneur, le dilemme du Régime à Hong Kong envoie des remous de part et d’autre du détroit de Taïwan et affaiblit les perspectives chinoises de réunification. Face à la détermination des étudiants, Pékin est tiraillé entre d’une part sa phobie d’un vrai système démocratique dont l’extension en Chine pourrait menacer le magistère du Parti et d’autre part les risques politiques portés par une répression trop dure des manifestations par la police.
Un alourdissement trop voyant de la main de Pékin mettrait brutalement fin à la subtilité inédite dans l’histoire politique moderne de la formule « un pays deux systèmes », dont le concept est ancré dans une approche culturelle de la nationalité. A la face du monde, il replacerait la Chine dans le commun des dictatures répressives sur fond de références à Tian An Men, dévastatrices pour son image de puissance douce.
Surtout, elle mettrait à mal son discours anti-américain en Asie stigmatisant les intrusions militaristes de Washington, porteuses de chaos et signerait l’arrêt de mort de la patiente stratégie de contournement des méfiances taïwanaises. Dans ce contexte marqué par des exigences contradictoires obligeant le régime à peser ses décisions au millimètre, la marge de manœuvre de Pékin est étroite. Après l’annulation le 9 octobre au soir par le gouvernement de Hong Kong de la négociation prévue le 10 avec les étudiants, les manifestations qui avaient reflué à partir du 6, ont repris de plus belle, bloquant Harcourt Road et le centre des affaires de la RAS.