›› Chronique
NOTE de CONTEXTE.
Chine – Japon. Histoire récente des tensions.

Les garde-côtes chinois et japonais se défient dans les parages des Senkaku.
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Le 7 mai 2008, le président Hu Jintao en visite officielle au Japon et le premier ministre Yasuo Fukuda signèrent une déclaration commune sur la promotion de « relations bilatérales basées sur des intérêts stratégiques partagés », reconnaissant que la relation Chine – Japon était pour chacun d’eux l’une des plus importantes de leur diplomatie, de même qu’elle était primordiale pour la stabilité et le développement de l’Asie Pacifique.
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La visite qui venait un an après celle de Wen Jiabao, renversait une tendance néfaste de tensions bilatérales à l’œuvre depuis la fin des années 90 avec une apogée en 2005. La montée des acrimonies fut ponctuée par plusieurs visites au temple Yashukuni du premier ministre Koizumi (2001 – 2006) et le glissement progressif du positionnement stratégique et militaire japonais dont les forces d’auto-défense sont désormais autorisées à s’engager hors de la proximité de l’archipel éventuellement aux côtés des États-Unis.
En arrière plan flotte toujours la crainte chinoise que le Japon sorte de son rôle de première puissance économique asiatique pour défier la prééminence stratégique de la Chine en Asie Pacifique. En même temps, le Japon observe la montée en puissance économique de la Chine comme une remise en cause directe de sa nouvelle prévalence dans le secteur économique et industriel.
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Seulement 7 mois après la visite de Hu Jintao, deux garde-côtes chinois stationnèrent 6 heures durant dans les eaux territoriales japonaises près des Senkaku. A Tokyo, l’incursion fut interprétée comme la volonté chinoise de modifier le statu-quo de l’archipel par la force.
Le 7 septembre 2010 eut lieu l’incident qui enflamma la situation. Un chalutier chinois percuta deux garde-côtes japonais et son capitaine Zhan Qixiong fut retenu 17 jours au Japon. A partir de juillet 2012 les incursions chinoises dans les eaux que Tokyo considère comme les eaux territoriales japonaises autour des Senkaku, augmentèrent considérablement.
Le 11 septembre 2012, après que le gouvernement japonais ait racheté l’archipel des Senkaku pour faire obstacle aux projets provocateurs du gouverneur de Tokyo Shintarō Ishihara, les tensions montèrent d’un cran ponctuées par des manifestations anti-japonaises dans plus de 80 villes chinoises, ainsi qu’à Hong Kong et aux États-Unis, souvent marquées en Chine par des violences et des pillages contre des intérêts commerciaux japonais.
Tandis que sur la base de Naha (Okinawa) à moins de 30 minutes de vol des Senkaku, les 20 chasseurs F.15 et les avions radar japonais sont en alerte renforcée, le 29 janvier 2013, Shinzo Abe revenu au pouvoir annonçait la création sur l’île d’Ishigaki, à 175 km de l’archipel d’une force spéciale de 12 navires de 1 000 tonnes et des deux porte-hélicoptères pour surveiller et protéger les îles Senkaku.
Enfin, le 23 novembre 2013, Pékin annonçait la création au-dessus de la mer de chine orientale d’une zone de défense et d’identification aérienne qui couvrait les Senkaku. L’événement, prélude aux actuelles craintes que la Chine fasse de même au-dessus de la mer de Chine du sud, était vu par le Japon comme une affirmation de souveraineté inacceptable de la Chine sur les Senkaku.
Plus largement, il était un défi à l’alliance entre Tokyo et Washington réglant l’ordre stratégique de la région, vue à Pékin comme un obstacle à la montée en puissance de la Chine.
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